Un SOS très visuel à Aiguilhe

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 09/03/2024 à 04:00

Aux portes du Puy et de sa voisine Aiguilhe, le patron d’un garage automobile et de vente de véhicules d’occasion exprime une détresse sans équivoque. À 7 mètres de hauteur, un faux pendu se balance au dessus du boulevard de Bonneville. La raison est un combat de 4 ans entre lui et la mairie d’Aiguilhe pour obtenir un permis de construction afin de rénover ses garages vétustes menaçant de s’écrouler.

Il se voit de loin. Certains automobilistes ralentissent même parfois un peu pour regarder l’apparition qui se balance à quelques mètres au-dessus d’eux. La silhouette d’un homme drapé de bleu se meut et se meure au grès du vent, son cou attaché à une corde et la corde reliée à une nacelle perchée.

Une vision dérangeante pour déranger la mairie d'Aiguilhe.
Une vision dérangeante pour déranger la mairie d'Aiguilhe. Photo par Nicolas Defay

À proximité, un panneau est placardé contre la palissade de l’espace Auto 43. Dessus, tracé avec de larges lettres rouges : « SOS, je veux juste travailler ». Arman Karapetian, le patron du commerce en question, nous explique le pourquoi de cette action, action qui devrait apparaître comme le début d’une longue série « si la situation ne se débloque pas ».

L'avis de la Mairie d'Aiguilhe

Zoomdici a contacté le maire Daniel Joubert. "Moi et mon adjointe à l'urbanisme lui avons rappelé que, depuis le PLU de 2017, son commerce est dans une zone résidentielle. Cela veut dire qu'il ne peut que continuer l'activité de vente d'occasion qui existait avant 2017 sans possibilité de faire autres choses comme activité".

Il ajoute : "Il veut installer une aire de lavage. Pourquoi pas ? Mais il ne nous fournit pas les études complémentaires comme l'évacuation et le traitements des eaux usées. Sans ces documents, impossible d'avancer. Nous traitons Mr Karapetian comme tout citoyen en lui rappelant simplement la loi". 

« Ce n’est qu’avec le service de la mairie que ça coince »

Arman Karapetian souhaiterait rénover entièrement ses quatre garages afin qu’ils redeviennent opérationnels. Les infiltrations d’eau ont fragilisé les murs et les plafonds, ainsi que détérioré des outils indispensables à sa profession.

« Mes garages sont pourris !, assure-t-il. Ils sont très fragiles. Je veux simplement les raser pour les reconstruire sur de bonnes bases, avec des matériaux sains et en adéquation esthétique avec l’environnement ».

Il lance : « Je suis dans une véritable détresse aujourd’hui, affirme-t-il. Depuis 2020, j’ai déposé un dossier de permis de construction et il est sans cesse refusé par la mairie d’Aiguilhe ».

L’entrepreneur est propriétaire du terrain où sont installés les quatre garages. « Quand je vais à la mairie, la dame qui s’occupe de mon dossier me rabâche toujours la même chose. Qu’il faut que je vende mon terrain et que je parte d’ici. Pourquoi ? Je n’ai aucun problème avec les Bâtiments de France. Ce n’est qu’avec le service de la mairie que ça coince ».

« II faut qu’ils le sachent une bonne fois pour toute : mon terrain n’est pas à vendre ! »

Il poursuit : « L’employée se cache derrière son ordinateur. Elle m’envoie des mails pour dire qu’il manque ci, qu’il manque ça. Même mon architecte ne comprend pas et assure qu’elle me demande des choses qu'elle n’a pas le droit de réclamer ! »

Avant de continuer : « Quand je leur montre des photos, ils s’en foutent. Quand je leur montre tel ou tel document, ils s’en foutent ! Mais il faut qu’ils le sachent une bonne fois pour toute : mon terrain n’est pas à vendre ! »

Arman Karapetian devant ses quatre garages devenus en partie inutilisables.
Arman Karapetian devant ses quatre garages devenus en partie inutilisables. Photo par Nicolas Defay

« Avant, j’avais trois apprentis et 4 ouvriers. Maintenant, nous ne sommes que trois »

Le patron, partagé entre la colère, l’amertume et la résignation, partage les dents serrées : « Pendant quatre ans, j’ai essayé d’être le plus gentil possible, le plus arrangeant, le plus patient. Et puis, j’ai contacté des gens influents de la Région pour leur faire part de ma situation. Malgré tout ça, le service de la mairie s’obstine à tout bloquer ».

Il déplore aussi : « Avant, j’avais trois apprentis et 4 ouvriers. Maintenant, nous ne sommes que trois, moi y compris, à cause de l’impossibilité d’utiliser les garages en question ».

« Si l’histoire se termine ainsi, il y aura de fortes conséquences »

En montrant l’état manifestement abîmé des structures et les fissures apparentes, Arman Karapetian souffle : « Je ne suis vraiment pas quelqu’un qui chouine à tout va. Si j’en arrive là, à montrer ouvertement au public ma détresse, c’est que je suis à bout. Je suis arrivé à un stade où l’idée de tout abandonner me traverse ».

Mais il prévient : « Si l’histoire se termine ainsi, il y aura de fortes conséquences. Et je ferai en sorte qu’elles soient à la mesure de mon ras-le-bol et de l’irrespect que ce service de la mairie d’Aiguilhe témoigne à mon égard depuis si longtemps ».

 

 

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5 commentaires

sam 09/03/2024 - 10:28

Eh oui il y a des lois et des règles. Le maire d'Aiguilhe les applique et c'est normal. Et fort heureusement ce n'est pas le maire ou les élus y compris le président de région qui peuvent passer outre les lois, sinon ce serait "à la tête du client".
Pour la station de lavage, c'est la même chose on ne peut pas rejeter les eaux n'importe où, ce n'est que du bon sens.

 

ven 08/03/2024 - 20:40

Il est regrettable de voir un entrepreneur tel Mr Karapetian confronté à des obstacles administratifs de la part de la mairie d’Aiguille. Son dévouement envers son garageet ses efforts pour moderniser ses installations devraient être soutenus. La réussite de Mr Karapetian,malgré les difficultés persistantes, témoigne de son sérieux et de sa détermination. Le soutien à un professionnel local, un garagiste honnête, qui cherche simplement à améliorer ses services devrait être une priorité.                                                        Le symbole du mannequin pendu souligne l'urgencede prendre au sérieux cette situation qui impacte non seulement son entreprise maisaussi son bien-être. De+ celui ci n’a jms voulu d’unestation delavage

ven 08/03/2024 - 18:51

La forme est discutable, mais le fond mériterait d'être examiné de plus prêt.

On constate en effet une désertification des centres ville, et rien n'est fait pour conserver de l'activité!

La zone d'activité de Blavozy St Germain est pleine, alors on ira jusqu'ou? St Hostien? Le Pertuis?

Continuons de raser des friches artisanales ou commerciales pour construire des résidences haut de gamme dont les habitants prendront leur gros SUV pour aller faire leurs courses à St Hostien!

ven 08/03/2024 - 18:38

Mais quelle loi ? Autour, il y a déjà une station service, un autre garage, ils viennent de construire des batîments pour le médical, donc pourquoi ce monsieur n'aurait pas les mêmes droits que les autres ? On aimerait avoir le point de vue de la mairie.

ven 08/03/2024 - 18:31

la loi s'applique à tous et le pendu est d'un sordide sans nom. La mairie ne doit pas céder à ce chantage.

Je renseigne ma commune de préférence :

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