La Haute-Loire : une terre de déserts médicaux

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 09/11/2022 à 06:00

L’association UFC Que-Choisir vient de partager une longue enquête sur la répartition des médecins généralistes et spécialistes dans le département, commune par commune. Le constat ? Alarmant.

Des chiffres et des couleurs. Des chiffres qui démontrent la part incroyable d’altiligériens confrontés à des difficultés d’accès aux soins. Des couleurs qui peinturlurent en rouge (désert médical) la quasi-totalité du territoire concernant les ophtalmologues, les gynécologues et surtout les pédiatres. Après deux premières alertes en 2012 et 2016 sur le sujet dans le département, l’UFC–Que Choisir de Haute-Loire a réalisé une nouvelle étude pour établir un état des lieux actualisé sur la situation. Le bilan apparaît catastrophique.

Distance et prix de la consultation

Pour constituer les cartes dont la visualisation est gratuite, UFC Que-Choisir a combiné l’accès géographique et l’accès financier (la pratique ou non des dépassements d’honoraires par les médecins). « Pour les 4 spécialités, et pour toutes les communes du département, nous avons calculé l’offre de soins disponible, en retenant un temps de trajet maximal entre le domicile et le cabinet du médecin de 30 minutes pour les généralistes, et de 45 minutes pour les spécialistes », indiquent les enquêteurs.

Pour l’aspect financier, « Nous avons relevé sur une base de données provenant de l’Assurance Maladie les tarifs pratiqués par les médecins de juillet 2021 à juin 2022 », précisent-ils encore.

Une classification de l’offre de soins en cinq catégories

Afin d’établir une échelle de couleurs selon les données récoltées, UFC Que Choisir a classé en bleu foncé (Accès très supérieur) les communes ayant une densité médicale d’au moins 30 % supérieur à la moyenne nationale, en bleu clair (Accès supérieur) entre la moyenne nationale et 30 % au-dessus, en bleu très pâle (Accès inférieur) entre la moyenne nationale et 30 % en-dessous, en rose (Accès difficile) entre 30 et 60 % en-dessous de la moyenne nationale, et en rouge (Désert médical) au moins 60 % en-dessous de la moyenne nationale.

Pédiatrie : « Dans les villes de plus de 5 000 habitants, c’est à Monistrol, Yssingeaux ou Brioude que la situation est la plus critique pour se soigner au tarif de la sécurité sociale ». UFC Que Choisir 43

Côté gynécologie, c'est guère mieux que la pédiatrie.
Côté gynécologue, c'est guère mieux que la pédiatrie. Photo par UFC Que Choisir 43

Gynéco, ophtalmo et pédiatre...un bon rouge qui tâche

Dans notre département et selon cette enquête, l’accès à la médecine de ville est très compliqué pour les spécialistes. En prenant en compte l’offre médicale accessible à moins de 45 minutes de route, l’analyse démontre que 88,5 % des enfants du département vivent dans un désert médical pour l’accès à un pédiatre.

60,5 % des femmes résidant en Haute-Loire sont dans un désert médical pour l’accès à un gynécologue. Et ce chiffre augmente de près de 9 points (69%) pour l’accès à un spécialiste ne pratiquant pas de dépassement d’honoraire. D’après l’association, ce sont dans les villes de Bonneval, de Malvières ou encore de Saugues que trouver un gynécologue s’avère le plus problématique.

Enfin, mieux vaut ne pas avoir froid aux yeux pour rencontrer un ophtalmologue en terre vellave. 59,7 % des altiligériens sont à ce sujet dans un désert médical. Mais en réalité ce sont 72,4 % des habitants dans cette situation si on prend en compte les seuls médecins respectant le tarif de base de la sécurité sociale.

« Pour pouvoir accéder à un ophtalmologue ne pratiquant pas de dépassements d’honoraires à moins de 45 minutes de son domicile, il faut éviter d’habiter à Boisset, Félines ou Vergezac ». UFC Que-Choisir 43

Le département très mal loti concernant l'implantation des ophtalmologues.
Le département très mal loti concernant l'implantation des ophtalmologues. Photo par UFC Que Choisir 43

Altiligériens cherchent généralistes

Du côté des généralistes, la carte du 43ème département de France est, certes, moins vermillon mais fait quand-même un peu piquer les yeux. Un quart des habitants (25,1%) sont tout de rose vêtus (Accès difficile) et 5,5 % nagent en plein désert. « Parmi les villes de plus de 1 500 habitants, on constate les plus mauvais accès aux généralistes sans dépassement d’honoraire dans les communes d’Aurec-sur-Loire, de Retournac ou encore de Lapte », livrent les membres de l’association.

« Compte tenu de l’inquiétante proportion de déserts médicaux s’expliquant aussi bien par une mauvaise répartition géographique des médecins que par l’aggravation des dépassements d’honoraires, notre association presse les parlementaires de porter des mesures ambitieuses pour permettre un égal accès aux soins ». UFC Que Choisir Haute-Loire

Surtout le sud et l'ouest du département en manque de généralistes d'après la carte.
Surtout le sud et l'ouest du département en manque de généralistes d'après la carte. Photo par UFC Que Choisir 43

Quatre directions à tenir pour que des oasis apparaissent en Haute-Loire

Un constat, c’est bien. Des solutions, c’est mieux. Pour cela, UFC Que-Choisir Haute-Loire liste quatre importantes étapes à franchir. La première serait la mise en place d’une règle territoriale ne permettant plus aux médecins de s’installer en zone surdotée à l’exception du secteur 1 (tarif de la sécurité sociale). La deuxième est la fermeture de l’accès au secteur 2 (honoraires fixes) « à l’origine du développement incontrôlé des dépassements d’honoraires », insiste l’association.

La troisième et radicale solution ferait assurément grincer des dents les personnes ciblées. Il s’agit de la suppression des aides publiques aux médecins ne respectant pas le tarif de la sécurité sociale, hors OPTAM (Option pratique tarifaire maîtrisée). Enfin, la dernière porterait sur l’organisation d’un système qui permettrait à chaque usager qui en fait la demande d'avoir un médecin traitant.

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10 commentaires

ven 11/11/2022 - 10:34

beaucoup voudrait que l'on oblige les médecins à s'installer à la campagne. Pourtant, les mêmes seraient choqués si on disait que suite à une formation technique, parfois financée par Pôle emploi, le bénéficiaire est obligé de pratiquer ce métier au moins quelques années et à l'endroit qu'on lui désigne. 

je déplore que l'on ouvre pas les études de médecine à tous ceux qui veulent les faire, la sélection se faisant ensuite selon la réussite, plutôt que de filtrer par un concours d'entrée.

Et je rappelle que ceux à qui la situation ne convient pas, qui trouvent  que les médecins, comme les enseignants, ont trop d'avantages, devraient être obligés...,qu'ils ont le droit de reprendre des études, de passer les concours et de rester travailler chez nous

jeu 10/11/2022 - 09:58

critiquer les médecins qui hésitent à aller se perdre dans les campagnes, c'est facile , mais on oublie de citer les médecins qui se reconvertissent en hommes politiques, journalistes et conseils en tous genres ou aussi industriels de la pharmacie . Comment peut-on justifier de leur compétence ?

mer 09/11/2022 - 18:20

Qui aura le courage de mettre des licences pour les médecins et spécialistes? C'est le seul moyen de repartir l'accès au soin sur tout le territoire.

mer 09/11/2022 - 16:30

Je rajoute : Bar le Duc,  préfecture de la Meuse 17milles H, plus pauvre que notre département n'a PUS de maternité !!!!! DANGER - Comme bon nombre de petites retraites complètes ne dépassent à peine 850€ par mois SCANDALEUX  REVOLTANT !!!!!!!!

mer 09/11/2022 - 08:47

La Haute Loire est un petit département peut attractif pour les médecins !!!!

mer 09/11/2022 - 08:42

La pénurie de médecins n'est qu'un exemple de la pénurie de "gens qui travaillent". On en parle davantage parce qu'elle se voit, nous inquiète et pourrait causer des morts si on ne la résout pas. Mais on voit bien que où que l'on aille, à la boulangerie, à la poste, à l'école, au restaurant ou chez un artisan du bâtiment, on cherche des bras partout ... Les volontés manquent car le sens de l'effort se perd et que la différence entre mérite de travail et mérite de paresse n'est pas assez marquée. Dans la médecine, tout ça est accentué par l'alibi "ruralité" que se donnent les docteurs ... Bref, le médecin est tellement exigeant en terme de loisirs que même les abords de nos grandes agglos ne suffisent pas à les rassasier et deviennent des déserts médicaux.

mer 09/11/2022 - 08:40

oui mais un medecin c'est pas bac +5 mais bac + 10 et il faut sacrifier un peut de sa jeunesse

mer 09/11/2022 - 08:22

Voila la réalité du système Français ! Tous les BAC+5 et plus partent ailleurs ou pour une autre carrière.... Médecins, profs, ingénieurs etc... Tant que le gouvernement ne fera rien pour valoriser les grands diplômés il en sera ainsi... Quelle triste réalité.

mer 09/11/2022 - 07:50

Même si les maisons médicales peuvent faciliter l’installation d’un médecin, elles ne fabriquent pas les médecins !!! c’est la compétition entre les communes pour attirer des soignants. Doit on continuer à investir dans des locaux médicaux aux frais du contribuable et faire payer les familles pour investir dans des Ehpad? Ne doit on pas plutôt aider, soutenir, encourager les jeunes de nos territoires en désert médicaux à faire des études médicales plutôt que des prestigieuses écoles d’ingénieurs et de commerce qui de plus en plus conduisent nos jeunes dans des impasses  !!!Combien de jeunes bac + 5 , en perte de sens, font des reconversions sur des métiers manuels L’orientation et le système de parcoursup est complètement à repenser pour redonner du sens

mer 09/11/2022 - 06:25

Tant que l'état n'obligera pas les médecins à s'installer là où il y a des manques, rien ne s'arrangera mais Macron préfère permettre à ceux qui sont en retraite de continuer à travailler pour s'enrichir un peu plus... SCANDALEUX ! Après tout, un médecin a été formé par l'état,  est rémunéré par de l'argent public. Mais rien ne se passe, on préfère donner des sous à des gens qui gagnent très bien leur vie, leur offrir des locaux flambant neufs et même ça, ça ne marche pas.. Stop à l'incitation, oui à l'obligation !!!

Je renseigne ma commune de préférence :

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