Des chiffres et des couleurs. Des chiffres qui démontrent la part incroyable d’altiligériens confrontés à des difficultés d’accès aux soins. Des couleurs qui peinturlurent en rouge (désert médical) la quasi-totalité du territoire concernant les ophtalmologues, les gynécologues et surtout les pédiatres. Après deux premières alertes en 2012 et 2016 sur le sujet dans le département, l’UFC–Que Choisir de Haute-Loire a réalisé une nouvelle étude pour établir un état des lieux actualisé sur la situation. Le bilan apparaît catastrophique.
Distance et prix de la consultation
Pour constituer les cartes dont la visualisation est gratuite, UFC Que-Choisir a combiné l’accès géographique et l’accès financier (la pratique ou non des dépassements d’honoraires par les médecins). « Pour les 4 spécialités, et pour toutes les communes du département, nous avons calculé l’offre de soins disponible, en retenant un temps de trajet maximal entre le domicile et le cabinet du médecin de 30 minutes pour les généralistes, et de 45 minutes pour les spécialistes », indiquent les enquêteurs.
Pour l’aspect financier, « Nous avons relevé sur une base de données provenant de l’Assurance Maladie les tarifs pratiqués par les médecins de juillet 2021 à juin 2022 », précisent-ils encore.
Une classification de l’offre de soins en cinq catégories
Afin d’établir une échelle de couleurs selon les données récoltées, UFC Que Choisir a classé en bleu foncé (Accès très supérieur) les communes ayant une densité médicale d’au moins 30 % supérieur à la moyenne nationale, en bleu clair (Accès supérieur) entre la moyenne nationale et 30 % au-dessus, en bleu très pâle (Accès inférieur) entre la moyenne nationale et 30 % en-dessous, en rose (Accès difficile) entre 30 et 60 % en-dessous de la moyenne nationale, et en rouge (Désert médical) au moins 60 % en-dessous de la moyenne nationale.
Pédiatrie : « Dans les villes de plus de 5 000 habitants, c’est à Monistrol, Yssingeaux ou Brioude que la situation est la plus critique pour se soigner au tarif de la sécurité sociale ». UFC Que Choisir 43
Gynéco, ophtalmo et pédiatre...un bon rouge qui tâche
Dans notre département et selon cette enquête, l’accès à la médecine de ville est très compliqué pour les spécialistes. En prenant en compte l’offre médicale accessible à moins de 45 minutes de route, l’analyse démontre que 88,5 % des enfants du département vivent dans un désert médical pour l’accès à un pédiatre.
60,5 % des femmes résidant en Haute-Loire sont dans un désert médical pour l’accès à un gynécologue. Et ce chiffre augmente de près de 9 points (69%) pour l’accès à un spécialiste ne pratiquant pas de dépassement d’honoraire. D’après l’association, ce sont dans les villes de Bonneval, de Malvières ou encore de Saugues que trouver un gynécologue s’avère le plus problématique.
Enfin, mieux vaut ne pas avoir froid aux yeux pour rencontrer un ophtalmologue en terre vellave. 59,7 % des altiligériens sont à ce sujet dans un désert médical. Mais en réalité ce sont 72,4 % des habitants dans cette situation si on prend en compte les seuls médecins respectant le tarif de base de la sécurité sociale.
« Pour pouvoir accéder à un ophtalmologue ne pratiquant pas de dépassements d’honoraires à moins de 45 minutes de son domicile, il faut éviter d’habiter à Boisset, Félines ou Vergezac ». UFC Que-Choisir 43
Altiligériens cherchent généralistes
Du côté des généralistes, la carte du 43ème département de France est, certes, moins vermillon mais fait quand-même un peu piquer les yeux. Un quart des habitants (25,1%) sont tout de rose vêtus (Accès difficile) et 5,5 % nagent en plein désert. « Parmi les villes de plus de 1 500 habitants, on constate les plus mauvais accès aux généralistes sans dépassement d’honoraire dans les communes d’Aurec-sur-Loire, de Retournac ou encore de Lapte », livrent les membres de l’association.
« Compte tenu de l’inquiétante proportion de déserts médicaux s’expliquant aussi bien par une mauvaise répartition géographique des médecins que par l’aggravation des dépassements d’honoraires, notre association presse les parlementaires de porter des mesures ambitieuses pour permettre un égal accès aux soins ». UFC Que Choisir Haute-Loire
Quatre directions à tenir pour que des oasis apparaissent en Haute-Loire
Un constat, c’est bien. Des solutions, c’est mieux. Pour cela, UFC Que-Choisir Haute-Loire liste quatre importantes étapes à franchir. La première serait la mise en place d’une règle territoriale ne permettant plus aux médecins de s’installer en zone surdotée à l’exception du secteur 1 (tarif de la sécurité sociale). La deuxième est la fermeture de l’accès au secteur 2 (honoraires fixes) « à l’origine du développement incontrôlé des dépassements d’honoraires », insiste l’association.
La troisième et radicale solution ferait assurément grincer des dents les personnes ciblées. Il s’agit de la suppression des aides publiques aux médecins ne respectant pas le tarif de la sécurité sociale, hors OPTAM (Option pratique tarifaire maîtrisée). Enfin, la dernière porterait sur l’organisation d’un système qui permettrait à chaque usager qui en fait la demande d'avoir un médecin traitant.