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La folie des brasseries artisanales en Haute-Loire
En 2015, elles étaient 7 à se partager la Haute-Loire. Aujourd’hui, elles sont près d’une vingtaine. Ivres de succès, les brasseries locales, petites ou grandes, ne cessent de proposer des saveurs tant personnelles qu’uniques.
-L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération-
Binouze, binch’, mousse, chope...la bière n’est plus la roteuse des années passées. L’image du pack de « Kro », omniprésent encore au début du deuxième millénaire sur toutes les tables des anniversaires, est désormais à proscrire de plus en plus. À présent, à l’instar des bouteilles de vin blanc, rouge et rosé, celles des bières investissent les lieux, drapant les nappes de leurs teintes brunes, blondes ou ambrées et émoustillant de milles saveurs les papilles des convives.
La Haute-Loire, championne de la lentille, commence à grappiller les marches sur le podium des brasseries. Au total, sans compter celles qui ne sont référencées nulle part, ce sont 19 structures recensées dans le département à l’heure où ces mots sont écrits en dégustant une BBBF (une Bonne Bière Bien Fraîche).
La première région en nombre de sites de production, avec près de 368 brasseries, est l’Auvergne Rhône Alpes
« Déguster une bière a surpassé le simple fait de boire une bière »
Petites ou grandes, les brasseries artisanales de la Haute-Loire ont toutes un point commun : celle de proposer un produit d’exception. Exception dans le sens où chacune livre un goût, un titrage d’alcool et des couleurs personnalisés. « La bière a franchi un cap depuis quelques années, explique Alexandre Bouchet, patron de la brasserie l’Happycall. Elle n’est plus une boisson au rabais. À présent, elle se consomme comme un vin. Les saveurs diffèrent tellement de brasserie en brasserie qu’il est facile de se faire surprendre. Maintenant, déguster une bière a surpassé le simple fait de boire une bière ».
Problème de math
Sachant qu’Alexandre Bouchet mesure 190 centimètres et qu’il pèse 110 kilos, que la palette de bouteille à côté de lui possède une largeur de 100 cm et une profondeur de 120 cm. Combien de bouteilles sont entreposées au total sur une palette ? Le gagnant recevra un cadeau des mains même du brasseur. Pour jouer, contactez l’Happycall via son site internet.
Une moyenne de 33 litres de bières par an pour chaque français
Basé à Saint-Vidal, Alexandre Bouchet a ouvert sa brasserie en décembre 2020, faisant de lui le benjamin de la famille des brasseurs altiligériens. L’ancien chimiste diplômé en galvanoplastie a délaissé les industries du département pour tenter l’aventure.
Et à peine née, l’Happycall croule déjà sous les commandes. « Au niveau des douanes, j’ai déclaré une production entre 50 et 100 hectolitres de bières à l’année, confie-t-il. Cela représente un maximum de 20 000 bouteilles d’un demi-litre. Si cela paraît énorme, c’est en fait très peu pour une brasserie. » Il mentionne un chiffre déroutant. « D’après le site des Brasseurs de France, les français consomment en moyenne 33 litres de bière par an chacun ! ».
« Le public que je cible est par exemple un couple qui va s’ouvrir une de mes bouteilles et la partager tous les deux. Cette vision me plaît beaucoup ». Alexandre Bouchet
Qu'entend-je ? Une fête de la bière ?
Elle se passe à Freycenet-la-Tour à la brasserie Ourobouros le 31 juillet. L'après-midi dès 14h, au moins 5 brasseurs locales seront sur place pour vous faire découvrir leurs bulles. Le soir, les Washing Machine Club distilleront leur musique un brin déjantée lors d'un concert à ne surement pas manquer.
« Les gens ont pris le temps de s’intéresser aux producteurs locaux dont les brasseurs de la Haute-Loire »
Malgré le fait que le nombre de brasserie ait été multiplié presque par 3 en six ans en Haute-Loire, Florent Gillot de la brasserie La Motueka va dans le même sens qu’Alexandre Bouchet sur le sujet. Ce brasseur débute sa production en juin 2018 et détient depuis décembre 2019 un local dans la cité brivoise où ses cuves, son stock et une terrasse pour les clients sont mis en place.
Actuellement, il réalise 400 hectolitres. À terme, il souhaite atteindre entre 1 000 et 1 200 hectolitres de bières et former une équipe de 3 ou 4 personnes. « Si le Covid nous a tous plombés, il faut tout de même retenir quelque chose de positif, livre-t-il. C’est le fait que les gens ont pris le temps de s’intéresser aux producteurs locaux dont les brasseurs de la Haute-Loire ». Et comme son confrère de Saint-Vidal, il est submergé par les commandes.
La France, pays des brasseries
Selon Les Brasseurs de France et ses données 2020, l’Hexagone est
-Le 1er pays européen en nombre de brasserie (2 300 dans ses départements français de métropole et d’Outre-mer)
-Le 8ème pays producteur de bières en Europe.
-70% des bières consommées en France sont produites en France.
- 10 000 références de bières différentes.
- La première région en nombre de sites de production, près de 368 brasseries, est...l’Auvergne Rhône Alpes
Entre Lager et Ale, il faut choisir
Une blonde à 4° (Petit Mousse), une brune à 5,8° (Captaine Glouglou) et une ambrée à 7,2° (Captain Habbock) pour l’Happycall.
« La couleur, la saveur et le degré d’alcool dépend de plusieurs facteurs, partage Alexandre Bouchet. Déjà du malt introduit dans la recette, de la température de cuisson et de celle de la fermentation. Pour ma part, j’ai la chance d’avoir ma cuve et mon lieu de stockage dans une pièce qui reste constamment entre 11 et 13 degrés. Je fais ce qu’on appelle alors de la « lager », c’est à dire une fermentation basse. La majorité font plutôt de la « ale », ou fermentation haute comprise entre 16 et 25 degrés».
Comment savoir si la recette est parfaite ? « Il faut qu’elle me plaise à moi, lance Alexandre Bouchet. Après, tous mes clients me disent qu’elle est bonne. Concernant le récipient, j’ai opté pour une bouteille à 50 cl afin de me démarquer des confrères mais aussi pour son côté partage. » Il s’explique : « Le public que je cible est par exemple un couple qui va s’ouvrir une de mes bouteilles et la partager tous les deux. Cette vision me plaît beaucoup ».
Témoignage d'Ambrine Rouabah, responsable de la cave Le Bebock à Brives-Charensac
"Depuis quelques années le milieu de la bière a explosé et s’est extrêmement développé ! La bière est maintenant un produit qui se déguste et que les gens veulent découvrir. Ce n'est pas seulement un moyen de s’alcooliser. Il y en a vraiment pour tous les goûts et c’est toujours intéressant de pouvoir découvrir de nouveaux produits".
"Il y aussi ce phénomène de « Eh j’ai goûté une bière comme ça un jour elle était extraordinaire » parce que il y avait tel ou tel houblon ou telle ou telle spécificité. D'ailleurs, nous avons une clientèle autant jeune que plus âgée et c’est vrai que 90% des gens viennent maintenant pour découvrir de nouvelles bières et élargir leurs connaissances dans ce milieu la".
"On propose une gamme tellement variée de produits que chaque personne peut y trouver son compte, les gens toujours ravis de pouvoir choisir eux mêmes leurs bières".
"Découvrir et de voir ce qu’on est capables de faire en Haute-Loire"
"Par rapport aux bières locales, les gens sont toujours contents de les découvrir et de voir ce qu’on est capables de faire en Haute-Loire. C’est toujours plaisant de pouvoir déguster un produit du coin, qui plus est n’existe pas depuis très longtemps. Les gens ont cette envie de découverte et de jouer sur le local en même temps. Autant au bar qu’en cave, il est rare que des gens ne prennent pas des bières locales dans leur sélection".
Des noms qui rappellent les spécificités du département
"95% des locations de futs concernent la Vellavia qu’on brasse nous-même à Saint-Germain-Laprade ! Nous travaillons un produit local avec beaucoup d’attention. Outre les fûts, nos bières en bouteilles sont à présent très ancrées dans les habitudes des gens et le choix des touristes. La Vellavia mais aussi la Green du Velay, la Modestine (nom de l'âne de Robert Louis Stevenson, Ndlr), la Stevenson et la Jaquaire (clin d'œil au Chemin de Saint-Jacques) font aussi partie des premiers choix des clients".
Nom de Diou, quo petafina !
Pour la Motueka, la liste est plus longue où deux gammes sont présentées. Une internationale confectionnée avec du houblon issus du monde entier. La blonde Ale Tester (4,5°), la blanche Aoraki titrée à 3,5°, la rousse Pample à 6,5° et la noire Maori où 7° détentent les papilles. Et une très locale dont les ingrédients proviennent en grande majorité des terres vellaves.
« Une partie de l’orge vient de mon oncle installé à Vissac Auteyrac et l’autre partie est fabriquée en Auvergne, détaille Florent Gillot. Le houblon vient de Arlanc et de Loudes. » La bien nommée l’Altiligérienne est une blonde passe partout à 4,3°. La Pouzzolane est une ambrée à 5,8° aux saveurs de biscuits. Et puis, on a la...Nom de Diou, quo petafina. « C’est traduit du patois local qui veut dire Nom de dieu, ça cogne !, nous éclaire le brasseur. C’est une triple à 8°. C’est un clin d’œil à mon oncle qui me fait l’orge ».
Les 19 brasseries référencées en Haute-Loire
Brasserie de l’Happycall
Saint-Vidal
Brasserie Motueka
Brives-Charensac
Brasserie Vellavia
Saint-Germain-Laprade
Brasserie la Vertueuse
Yssingeaux
Brasserie la Brivadoise
Vers Brioude
Brasserie de l’Emblavez
Saint Vincent
Brasserie Margaric
Villeneuve 43170 vers Saugues
Brasserie Alagnon
Rue de la Bonale 43450 Vers Blesle
Brasserie Barbaroux
Lhermet à Chassagnes
Brasserie Rohner
Mazet Saint-Voy
Brasserie du Mont d’Alambre
Moudeyres
Ourobouros
Freycenet-la-Tour
Brasserie la Strol
Monistrol-sur-Loire
Brasserie Manev’ale
Vers le Mazet-saint-Voy
Brasserie Volcane
Cohade
Brasserie l’Agrivoise
Saint-Agrève
Brasserie La Féline
Félines
Brasserie de Nicolas Bret
Goudet
Brasserie Robin Stowell
Lapte
Un marché pour tous, tous pour un marché
Devant une offre de plus en plus conséquente en Haute-Loire, la concurrence ne semble pourtant pas faire peur aux deux brasseurs. « Il y a un marché pour tout le monde, assure Alexandre Bouchet. Le volume que je travaille n’est pas énorme par rapport aux autres implantés dans le département. Je ne fais d’incidence à personne. Chacun a sa personnalité. »
Même son de cloche côté Motueka. Florent Guillot pousse même à affirmer une certaine solidarité entre les professionnels pour que leurs petites entreprises survolent la crise et que tout le monde s’y retrouve.
« C’est un marché en pleine expansion, et il y a encore de la place »
D’autre part, chacune des brasseries implantées dans le département se distingue non seulement pour le produit en lui-même avec sa propre patte, mais aussi par son mode de fonctionnement. « J’ai choisi de consigner mes bouteilles pour réduire au maximum le gaspillage de verre. Cela représente une charge de travail plus grande mais les gens jouent le jeu et trouvent ça bien. »
D’après lui, cet aspect écoresponsable apporte une touche particulière qui fait pleinement partie de l’identité de sa brasserie. Pour Florent Gillot, les brasseries sont également différentes concernant le public recherché et les objectifs à atteindre.
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4 commentaires
super article ! sacré boulot de recherches ! Et c'est vrai que cela devient un patrimoine de plus en plus ancré dans notre département. la haute-loire championne de la lentille. Peut être deviendra t elle celle de biere artisanale ? Merci zoom43 pour vos articles très approfondis!
C'est ça que j'apprécie dans ce journal numérique qu'est zoom: des articles profonds, investis, presque des enquêtes qui nous font en apprendre un peu plus chaque jour! Merci pour cette qualité de recherche et de professionnalisme!
Pour ceux qui sont du côté de Saugues ... La Gabale, une bière bio , brassée à la ferme du Margaric .
https://www.strada-dici.com/brasserie-la-ferme-de-margaric/
Excellent article, merci beaucoup de mettre la lumière sur un plaisir encore trop mésestimé en France. La bière est désormais une boisson qui se déguste (avec modération), et est encore plus savoureuse quand elle est locale. Félicitations à toutes ces petites brasseries qui se montent. Un article à compléter avec l'écoute de l'excellent podcast Binouze USA.