Une épidémie foudroyante déstabilise l’élevage ovin en Haute-Loire

, Mise à jour le 23/09/2024 à 12:00

La Haute-Loire est en proie à une grave crise liée à la fièvre catarrhale ovine sérotype 8 (FCO), affectant presque la totalité des 600 éleveurs ovins du département. Cette maladie, transmise par un moucheron, entraîne une mort rapide des animaux. Le syndicat de la Confédération paysanne de Haute-Loire dénonce le manque d'anticipation de l'État et demande des mesures de soutien face aux répercussions du changement climatique sur le secteur de l'élevage.

Le secteur de l'élevage a été frappé par une série de crises liées à la fièvre catarrhale ovine (FCO) depuis 2007. Depuis la mi-août 2024, la maladie connaît une recrudescence significative en Auvergne-Rhône-Alpes, provoquant un grand désarroi parmi les éleveurs, en particulier en Haute-Loire.

« Au-delà de la question financière, ces pertes portent un coup au moral », Anthony Fayolle secrétaire général de la FDSEA.

Depuis un mois, la maladie est très présente dans le département, avec une intensité variable selon les secteurs et les productions. La filière ovine est particulièrement touchée, avec de nombreuses pertes et d’autres en cours. La filière bovine est également concernée par la maladie : « Ce qui est difficile à évaluer, ce sont toutes les pertes indirectes. Que ce soit en ovins ou en bovins, il y a des risques de perte de production, que ce soit en termes de lait ou d'avortements provoqués. Ces derniers entraînent une baisse de la production de viande », assure Anthony Fayolle, secrétaire général de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles).

« Cette crise pose même la question de la continuité de certains élevages. »

En filière ovine, les pertes sont inédites. Certains éleveurs se trouvent dans des situations assez difficiles. Certains plus que d’autres, car il y a des cheptels qui ont davantage subi la maladie, avec des pertes plus importantes :

« Sur la totalité des éleveurs ovins du département, hormis ceux qui ont été vaccinés (et ils sont très peu nombreux), la quasi-totalité des éleveurs est touchée. Certains subissent des pertes de 5 %, mais pour d’autres, elles atteignent jusqu’à 30 % du cheptel. Pour ceux qui avaient des troupeaux de 250 à 300 brebis, cela représente environ 80 brebis perdues. Cette crise pose même la question de la continuité de certains élevages », continue Anthony Fayolle.

Des problèmes, mais pour le moment, peu de solutions…

Depuis début août, quatre cellules de crise se sont tenues en préfecture de la Haute-Loire pour tenter de trouver une solution. Il s'agit de réunions régulières avec les services de l’État et les services des filières pour analyser la meilleure solution d’accompagnement des éleveurs. Plusieurs questions sont sur la table : Quand arriveront les vaccins ? Pour quel type de FCO (car il y a plusieurs variants) ? Quel accompagnement technique sera offert aux éleveurs pour qu’ils puissent continuer à produire (c’est-à-dire avoir des animaux qui mettent bas et donnent naissance à des agneaux) ? Quelle réponse financière sera apportée ?

« On attend beaucoup de l'État. On interroge régulièrement le préfet pour savoir comment accompagner les éleveurs. Il y a bien sûr la prise en charge d’une partie de la vaccination, mais aujourd’hui, ce que nous demandons, c’est une prise en charge des pertes. Là-dessus, nous n’avons pas de réponse du ministère, car il n’y a pas de ministre en ce moment, ce qui complique la prise de décisions », a lancé le secrétaire général de la FDSEA pour Zoomdici.

« Les éleveurs vont rapidement faire les comptes et s'appercervoir que ces pertes pourraient poser des problèmes économiques à moyen terme. »

« Jusqu’à maintenant, les éleveurs étaient dans le vif du sujet, concentrés sur leurs animaux et sur la protection de leurs troupeaux, mais ils attendent maintenant des réponses concrètes concernant l’indemnisation. Ils vont rapidement faire les comptes et s'appercevoir que ces pertes pourraient poser des problèmes économiques à moyen terme, qui pourraient être assez importants », termine Anthony Fayolle.

Le cri d’alarme de la confédération paysanne

Le syndicat de la Confédération paysanne de Haute-Loire se mobilise sur cette question. « Nous dénonçons le manque d'anticipation de l'État face à la gestion de cette crise et demandons à rencontrer le préfet de la Haute-Loire afin d'exposer notre point de vue et nos revendications. » Dans un communiqué à notre rédaction, la confédération paysanne exige notamment :

  • Des mesures d'accompagnement pour tous les élevages : l'accès et la prise en charge à 100% des vaccins pour tous les éleveurs qui souhaitent vacciner, quel que soit le sérotype. Il devra en être de même pour les indemnisations futures.
  • Une information et une simplification des démarches pour accéder à l'aide au répit, à l'exonération des cotisations MSA (2ᵉ et 3ᵉ appel), aux règles de chargement animal pour les dossiers PAC 2025.
  • Des mesures d'anticipation par un vrai travail sur la maladie : suivi des sérotypes et de leur mutation, recherche sur l'immunité des animaux et la résistance des races, connaissance des vecteurs, action sur les causes du dérèglement climatique, prise en compte des impacts néfastes pour les apiculteur·rices de la politique de désinsectisation systématique lors des épisodes FCO.

« Avec l’explosion des maladies virales (MHE, IA, FCO...), l’élevage français est en danger. La réponse aux crises par le vaccin ne suffit pas. L’éradication des moucherons vecteurs ou des virus est une vue de l’esprit. Il faut une approche globale des conséquences du changement climatique sur les vecteurs par une politique de long terme. Chaque étable ou bergerie qui se vide impacte pour plusieurs années un paysan déjà dans le désarroi et la peur de l'avenir », conclut la confédération paysanne.

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