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Un projet de microcentrale hydroélectrique sur l'Auze vivement contesté
Riverains et associations opposés au projet
Un couple d'habitants du Rochain, lieu-dit de Saint-Jeures, Françoise et Rémi Quintin, recevait vendredi 25 janvier riverains et représentants d'associations de nature et de pêche pour évoquer un projet de microcentrale hydroélectrique sur l'Auze voulu par la société GEFA, représentée par Joseph Guibert, ancien forestier en retraite. Cette centrale produirait 700 000 Kw, soit la consommation moyenne annuelle de 185 habitants et serait revendue par le particulier au réseau national. Les membres des associations et les riverains pointent un manque de clarté, des incohérences et des zones d'ombres dans l'étude d'impact. Ils dénoncent également une production d'électricité dérisoire au regard des impacts non négligeables pour le milieu naturel et les riverains, la réalisation de ce projet servant selon eux uniquement des intérêts privés financiers. En bref, un non-sens autant économique qu'écologique.
Une construction en zone PLU
Pour Martin Arnould, membre du Chant des rivières, "on est dans une imposture quand le pétitionnaire affirme que le projet est dans le cadre de la transition énergétique. Et puis, on aurait aimé qu'une concertation autour de ce projet ait eu lieu", regrette t-il. Située sur la commune d'Yssingeaux, la centrale serait construite en zone PLU, c'est à dire en zone naturelle, qui interdirait toute construction. Le maire d'Yssingeaux Bernard Gallot, a d'ailleurs donné un avis défavorable au projet, même si celui-ci a été validé par le préfet de Haute-Loire.
Des riverains inquiets
Le couple de riverains déplorent un inventaire incomplet de la flore et de la faune pouvant être impactées, réalisé en septembre où elles sont moins actives. Certaines espèces n'auraient pas été suffisamment étudiées. Le couple est également inquiet en tant que parents. L'Auze coule à côté de leur jardin. "Qu'est ce qui va se passer en cas de crue ou si la retenue lâche ? On nous a dit : y'a pas de contrainte, c'est solide ; ça fera juste une vague. Nous, on voudrait une étude précise, savoir si des aménagements vont être prévus." Autre fait dérangeant pointé par Simon Burner, directeur de SOS Loire Vivante ERN (European Rivers Networks) qui remarque : "des travaux de terrassement sont en cours alors que l'enquête publique court encore." Pour Nicole, une des riveraines, "les données se contredisent dans les dossiers, les estimations restent floues ; ça doit être fait exprès pour décourager les gens de le lire et noyer le poisson." Un autre membre avance : "Il faut savoir que ce projet n'est pas vraiment viable en cas de sécheresse de l'Auze comme c'est arrivé ces dernières années. Les turbines ne pourront pas fonctionner."
Un projet découvert par hasard
Les habitants du hameau auraient découvert ce projet par hasard. C'est Françoise et Rémi Quintin qui en auraient eu connaissance en observant des géomètres effectuer des relevés près de chez eux. "De plus, le permis de construire n'était même pas affiché au début", regrettent-ils en précisant qu'ils ont déposé une plainte au tribunal administratif pour cette raison contre le promoteur. Le couple s'est également aperçu que leur habitation ne figurait pas sur le tracé du projet fourni au préfet, une information volontairement omise ? Les travaux du canal ouvert et de la conduite forcée seraient réalisés au niveau du chemin communal accédant à leur maison.
Une passe à poissons pour préserver la reproduction des truites
Ils pointent également le débit réservé de 80 litres/seconde sur plus d'un kilomètre, ce qui entraînerait selon eux une diminution de l'eau pour les poissons, les invertébrés, les arbres. L'Auze étant qualifiée de ruisseau "nurserie", vingt-deux frayères ont été recensées. Les craintes des représentants des associations telles que Sos Loire vivante et des fédérations de pêche ciblent les effets sur la reproduction des truites Fario, même si l'étude d'impact a jugé ces derniers faibles et que le promoteur envisage d'installer une passe à poissons.
Les réponses du porteur de projet
"Leurs craintes sont injustifiées. Les personnes qui s'opposent à mon projet n'ont pas forcément les connaissances techniques. On va juste faire une dérivation de l'eau avec un petit mur de 1,20 mètres. En cas de crue, la turbine s'arrêtera, il y aura une sécurité, donc pas de formation de vague", assure t-il. "Quant au débit d'eau réservé de 80 l/s, on laisse en fait le double par rapport à une période plus sèche, c'est à dire 40 l/s. De plus, on ne produira que six à huit mois par an, et on laissera la rivière tranquille tout l'été. La conduite forcée, elle, passera sous le chemin communal. Elle sera enterrée donc pas visible du tout et ne gênera pas la circulation des riverains. Le seul souci d'impact sera pendant les travaux", poursuit l'ancien forestier.
La pêche no kill pour les enfants
"Pour ce qui est des soi-disant travaux de terrassement observés, j'applique le plan de gestion de mes forêts. En novembre, beaucoup d'arbres ont été cassés avec la neige, j'ai juste ouvert une piste pour les exploiter. On pourra prolonger celle-ci de 200 mètres par la suite si le permis est accordé et permettre aussi aux pompiers d'accéder au site en cas de besoin", justifie l'homme. "Enfin, dans un but pédagogique, les enfants pourront pratiquer la pêche no kill à la prochaine saison", conclut celui qui est également propriétaire du moulin de Breysse.
Une pétition et une ouverture possible
Bien que déterminé, le porteur de projet se dit prêt à rencontrer les opposants pour entamer une discussion et éclaicir certains points. Actuellement, une pétition circule et a déjà recueilli lus de 1 000 signatures. Les membres du collectif ont adressé un courrier au commissaire enquêteur de la ville d'Yssingeaux pour prévenir de l'impact négatif de ce projet. Enfin, l'enquête publique prendra fin le 5 février prochain. A l'issue, le préfet aura deux mois pour rendre sa décision.
M-A.B.
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