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Ukraine : « Je ne voulais plus entendre les bruits de la guerre »
Dans la grande salle de la préfecture, nombre de partenaires ont écouté le bilan concernant les réfugiés ukrainiens en Haute-Loire après un an de conflit. Entre les chiffres et les données, le témoignage poignant de Vira Dashevska, ici, loin de son pays en charpie.
Lundi 13 mars, une trentaine de personne sont là, chacune représentant une collectivité, une municipalité, une association ou une institution active dans le département. Tous écoutent avec attention les informations partagées principalement par le préfet Eric Etienne et son directeur de cabinet des services Aurélien Duvergey.
Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne et la fuite de millions d’ukrainiens vers l’ouest de l’Europe, 634 personnes ont transité par la Haute-Loire d’après les données de la préfecture. « 179 ont fait le choix d’en partir, lit Aurélien Duvergey. Ce sont alors 455 ukrainiens qui sont présents aujourd’hui en Haute-Loire, soit précisément 211 femmes, 76 hommes et 168 mineurs ».
Il continue : « 207 sont installés sur l’arrondissement du Puy-en-Velay, 200 à Yssingeaux et 48 à Brioude ». Toujours selon le document mis à la connaissance de tous, 141 enfants sont scolarisés et 76 adultes ont un emploi majoritairement dans les collectivités , les secteurs de l’agroalimentaire ou encore le service à la personne.
« Tous les enfants en âge scolaire ont été intégrés à un établissement, ce qui représente une sacrée prouesse ». Le préfet Eric Etienne
Aurec-sur-Loire, première porte d’entrée en Haute-Loire
Entre autres informations, le SAS de premier accueil a été mentionné. Il s’agit d’un lieu de répit qui permet aux personnes de bénéficier d’un hébergement le temps que leur situation administrative soit instruite. La Haute-Loire n’en possède qu’un, situé à Aurec-sur-Loire.
« Sa capacité d’accueil est passée de 40 à 20 places au 1er mars 2023, indique Aurélien Duvergey. 210 personnes ont transité par le SAS. La durée moyenne de séjour est de 21 jours. Sur les 210 personnes, seulement 10 y sont encore. Pour les autres, 48 sont parties volontairement, 143 ont été orientées vers des logements en Haute-Loire et 9 personnes ont choisi une autre solution d’hébergement dans le département ».
La protection temporaire octroyée par l’État aux réfugiés ukrainiens a été prolongée jusqu’en mars 2024. « Leur pays est en guerre. Donc pas de soucis pour la légalité administrative de leurs papiers. Ce ne sont pas des migrants entrés dans le pays de façon illégale ». Le préfet Eric Etienne
« Certains logements confiés par les bailleurs sociaux sont insalubres, humides et parsemés de champignons »
Le président d’Habitat et Humanisme Haute-Loire lance tout de même une pierre sur ce tableau lisse, provoquant ainsi quelques remous à sa surface. « Certains logements confiés par les bailleurs sociaux sont insalubres, humides et parsemés de champignons, décrit-il. Il est indigne de proposer ce genre d’espace à une famille dans ces conditions ».
Il soulève aussi : « Les implantations des familles ukrainiennes à travers le département peuvent poser problème car certaines sont faites loin des moyens de mobilité comme les gares ferroviaires et routières. Beaucoup ne peuvent ainsi se déplacer ».
En réponse, le préfet fait remarquer « qu’il connaît bien les bailleurs sociaux et que cela l’étonnerait que les travaux ne soient pas effectués correctement ». Concernant le problème de mobilité : « Ce sont les emmerdes du quotidien ! Il ne suffit pas d’être ukrainiens pour y être confrontés. Tout le monde y est confronté ».
« On se disait : il faut attendre quelques semaines et la guerre va finir. Et puis, j’ai décidé de partir de mon pays. De fuir mon chez moi ». Vira Dashevska
Caché dans le sous-sol
Au milieu de tous les chapitres abordés sur le sujet, le témoignage de Vira Dashevska, réfugiée ukrainienne, a permis d’envelopper toutes ces données, ratios et chiffres d’une aura d’humanité.
Derrière son regard bleu clair, ses souvenirs s’accrochent dans la salle silencieuse de la préfecture. « On était caché dans le sous-sol pendant 10 ou 12 jours, je ne sais plus. On espérait tellement que tout se termine. On se disait : il faut attendre quelques semaines et la guerre va finir ». Tout était si stressant, si angoissant ». Elle souffle alors : « Et puis, j’ai décidé de partir de mon pays. De fuir mon chez moi ».
« Je suis si reconnaissante pour toute cette gentillesse en Haute-Loire »
Comme des dizaines de milliers de ressortissants ukrainiens, Vira Dashevska rejoint le pays voisin. La Pologne. « Mais il y avait bien trop de monde réfugiés ici, partage-t-elle. Et je voulais être loin des conflits et des bombes. Je ne voulais plus entendre les bruits de la guerre ».
Elle continue son récit beau et dramatique : « Sur place, une personne que je connaissais m’a parlé de la France. Qu’une personne avait été accueillie en Haute-Loire, dans un village qui s’appelait le Mazet-Saint-Voy. J’ai ainsi quitté la Pologne ».
Elle termine avec ces mots prononcés dans une langue française presque parfaite: « Quand je suis arrivée chez vous, une famille d’accueil m’a logé pendant six mois. Elle m’a aidé à faire les papiers à la préfecture, m’a appris plein de choses sur la culture française, m’a orienté vers les associations comme les Restos du coeur et beaucoup d’autres encore. Je suis si reconnaissante pour tous ces gens, si reconnaissante pour toute cette gentillesse en Haute-Loire ».
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3 commentaires
Que la Haute-Loire poursuive sur cette voie. Même si le département n'est pas le plus riche de France, une nouvelle fois, il fait preuve de son accueil légendaire. Ces réfugiés sont là pour témoigner.
c'est tellement chouette d'entendre quelqu'un dire merci et pourtant une revenante de l'enfer. Article très intéressant et que ceux qui se plaignent de notre pays prennent connaissance de cet article
Très bel article bien mené : on a les chiffres, le bilan, fort intéressant mais avec une très belle touche d'humanité. C'est bien écrit. Super. Merci à zoom.