« Trois jours pour qu’une loi sur la liberté de la presse ne devienne pas son tombeau »

, Mise à jour le 14/12/2023 à 17:00

Telle est la dernière phrase d’un article du média Disclose à propos d’un projet de loi européen qui risque de broyer littéralement la profession de journaliste. En porte oriflamme de ce saccage annoncé ? La France.

Le très dense « papier » du média d’investigation Disclose, en ligne depuis le 12 décembre, est le fruit d’une longue enquête de 15 mois en partenariat avec le collectif de journalistes Investigate Europe et le média Follow the Money. Et dès ses premières lignes, il annonce la couleur sombre d’un avenir plus terne encore sur le devenir de la profession journalistique.

« La France, l’Italie, la Finlande, la Grèce, Chypre, Malte et la Suède veulent torpiller la première loi européenne visant à protéger la liberté et l’indépendance des médias dans l’UE en militant activement pour autoriser la surveillance des journalistes, au nom de la sécurité nationale. » Le texte en question passera le 15 décembre devant le parlement européen.

« Nous ne deviendrons alors que des agents de communication, bâillonnés et dirigés par "ceux qui décident tout en haut" ». Un journaliste de la Haute-Loire

Sur X, Laurent Richard, cofondateur de Cash Investigation, dénonce l'implication de la France et de la Ministre de la Culture Rima Abdul Malak.

Des mouchards dans les téléphones

L’enquête démontre « les visées liberticides du gouvernement français contre la presse, activement soutenues par le gouvernement d’extrême droite italien et les autorités finlandaises, chypriotes, grecques, maltaises et suédoises ». Sous couvert de la sécurité nationale, « l’Axe des sept » estime légal de briser la protection des sources journalistiques et d’apposer des mouchards sur leurs outils numériques pour intercepter leurs informations.

D’après Disclose, les logiciels espions pourront en effet être déployés dans le cadre d’enquêtes liées à une liste de 22 délits. Un journaliste effectuant des recherches sur du sabotage, de la contrefaçon ou encore de la corruption au sein d’une institution par exemple pourraient faire l’objet d’une surveillance policière.

« La protection des sources fait partie de l’ADN de notre métier et il est juste hors de question que nous révélions quoi que ce soit en ce sens ! » Un journaliste de Haute-Loire

« Ici aussi, les pressions existent sur les journalistes altiligériens »

« Si cette menace semble réservée qu’aux journalistes des médias nationaux, il n’en est point, partage un journaliste d’un média local de Haute-Loire. Investiguer sur une institution publique, une collectivité territoriale ou une émanation du gouvernement comme la préfecture par exemple met le « petit » reporter de campagne au même rang que leurs confrères parisiens et autres ».

Avant de conclure : « Personne n’est dupe. Ici aussi, dans ce bel écrin ruro-citadin où tout semble beau et joli, les pressions existent sur les journalistes altiligériens. Des menaces, des intimidations, du chantage...Si, en plus, ce projet de loi aboutit, quel sera alors le sens de notre métier ? Comment pourrons-nous faire correctement notre profession si nos outils sont biaisés, nos investigations surveillées, auscultées, effacées ? Nous ne deviendrons alors que des agents de communication, bâillonnés et dirigés par ceux qui décident tout en haut" ».

« Sans protection des sources, pas de démocratie. »

La Fédération Européenne des Journalistes, représentant plus de 300 000 journalistes en Europe, demande d'ailleurs expressément à Emmanuel Marcon et à la ministre Rima Abdul Malak, « de renoncer à leur projet illibéral et liberticide. Sans protection des sources, pas de démocratie. »

Bien sûr, les syndicats français dénoncent eux aussi ce projet : 

 

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Vos commentaires

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3 commentaires

ven 15/12/2023 - 09:19

Inversion Orwellienne, ou quand tous les pouvoirs installés agitent constamment le chiffon rouge du risque totalitaire, alors qu' ils sont ce risque . Sortir d'une urne ne devrait pas être un blanc-seing .

jeu 14/12/2023 - 20:18

C'est sur que lorsqu'on perçoit la personnalité de nombreux politiques en particulier dans les executifs locaux, il y a de quoi s'inquiéter.

jeu 14/12/2023 - 18:16

Soutien, bien sûr, à 100 % , respect des sources, une évidence, mais comment ?

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