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Stéphane Tourreau, vice-champion du monde : "L'apnée, un sport démocratique et accessible"
Zoomd’ici : Cela fait plus de 20 ans que vous pratiquez l’apnée. Comment avez-vous découvert cette discipline ?
Stéphane Tourreau : J’avais dix ans la première fois que j’ai fait de l’apnée avec des palmes, un masque et un tubas. C’était en Corse, avec mes parents. Il y avait 20 mètres de visibilité, on voyait le fond, et je n’avais qu’une envie, c’est de découvrir ce qu’il y avait en dessous. Ça me permettait de m’évader et de trouver une forme de récréation en dehors du monde scolaire avec lequel j’avais beaucoup de mal.
Quel parcours avez-vous entrepris pour devenir le sportif de haut-niveau que vous êtes aujourd’hui ?
Je suis né à Thonon-les-Bains, à côté du lac Léman, et à l’époque il n’y avait pas de structures, pas de club d’apnée. Jusqu’à l’adolescence, j’ai tout appris en autodidacte : un peu dans le lac, un peu avec des amis. Jusqu’à ce que je rencontre en 2011 un préparateur sportif qui m’a permis de passer les sélections du championnat du monde. Que ce soit de la préparation mentale, à celle physique et nutritionnelle, tout s’est fait par petites étapes. A Annecy, j’ai mis mis en place progressivement des outils qui m’ont permis de vivre de mon sport. Au fil des années, j’ai appris de mes erreurs et cela a été la meilleur école !
Stéphane Tourreau, 31 ans, vice-champion du monde en 2016 et parrain du club vellave de plongée était sur place pour initier les Altiligériens à sa discipline favorite. Crédit : Julia Beurq
A quel moment avez-vous réalisé que c’était votre rêve de devenir apnéiste professionnel ?
Ça a toujours été dans un coin de ma tête. Il y a eu des périodes de ma vie où ça a été très compliqué de tout mener de front : les entraînements, la recherche de sponsors, l’aspect communicationnel et les boulots alimentaires. C’est pourquoi en 2015, j’ai décidé de ne vivre que de mon sport. Heureusement, mes parents m’ont soutenu pendant cette période de transition.
Que ressentez-vous quand vous êtes sous l’eau ?
J’ai des sensations d’introspection, d’apesanteur, de lâcher-prise, d’ivresse aussi. Car quand on est sous l’eau, il y a un phénomène de narcose qui change les perceptions, comme si on avait avalé plusieurs verres d’alcool. Nos pensées vont à la vitesse d’un TGV et il faut réussir à les canaliser. Chaque plongée est grisante !
Stéphane Tourreau, 31 ans, vice-champion du monde en 2016 et parrain du club vellave de plongée était sur place pour initier les Altiligériens à sa discipline favorite. Crédit : Julia Beurq
Suite à une proposition d’Eric Corrompt, le président du Club vellave de plongée, vous êtes devenu le parrain de cette association. En quoi cela consiste-t-il et qu’est-ce cela vous apporte ?
L’objectif est de partager ma passion avec les membres du club et de créer un engouement à travers les valeurs de l’apnée. Pour le moment, je ne viens qu’une fois par an, à l’occasion du championnat mais j’aime vraiment être là. J’ai un peu une vie d’ermite, du coup, c’est des moments merveilleux de se retrouver autour des bassins. D’autant plus, qu’il y a une super énergie au Puy-en-Velay, les gens sont exceptionnels. Par exemple, lorsque j’anime ici des séances d’initiation à l’apnée, je n’ai jamais vu un tel relâchement dans l’eau de la part des participants. Et c’est une chose assez rare car d’habitude les gens sont plutôt tendus.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui aurait envie de se mettre à l’apnée ?
Déjà, de ne jamais pratiquer seul ! Mais plutôt de s’initier auprès d’écoles ou de clubs. Il faut savoir que même s’il y a de plus en plus de structures, les places sont chères, car ce sport bénéfice d’un très fort engouement. Ces dernières années, grâce aux outils visuels, comme la vidéo, ce sport s’est démocratisé. Et d’autre part, nous les sportifs avons contribué à ce que le grand public prenne conscience que l’apnée n’est pas élitiste, et qu’au contraire, il est accessible pour tout le monde.
Propos recueillis par Julia Beurq
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