SOS Loire Vivante : « 30 ans d'histoire et de victoires, ça se fête »

Par Clara Serrano , Mise à jour le 04/01/2024 à 17:00

En ce 3 décembre 2024, veille des 30 ans de leur première victoire, les membres de SOS Loire Vivante réunissaient la presse pour dresser le bilan et célébrer leurs nombreuses années de combat et de réussites pour la conservation du fleuve. 

L'histoire commence en 1971, lorsque le site est annoncé comme susceptible d'être aménagé par l'EPALA, et que les barrages de Naussac et du Veurdre, de Villerest et de Chambonchard vont être construits. 

Puis elle se poursuit en 1980, lorsqu'une dramatique inondation surprend les Brivois et fait 8 morts et de nombreux blessés. 

En 1986, alors que les quatre projets de barrage sur la Loire et ses affluents débutent, le Comité Loire Vivante se crée. Commence alors un bras de fer, entre administration et associations de protection de la nature. Parmi celles-ci, SOS Loire Vivante compte bien faire avorter ce projet du barrage de Serre de la Fare, qui serait selon elle "destructeur" pour le fleuve. 

« La crue de Brives-Charensac a fait basculer l'opinion publique », Roberto Epple, président de SOS Loire Vivante.

« Pour faire passer la pilule, ils disaient que le barrage de Serre de la Fare allait nous protéger des grandes crues. Ils se servaient de la peur des gens, alors que ça n'allait protéger personne en réalité. Mais ça a fonctionné. Cette crue a fait basculer l'opinion publique », dénonce Roberto Epple, président de l'association SOS Loire Vivante. Puis, il explique que « Les barrages ne peuvent empêcher les très grandes crues. Ça peut en effet lisser le flux de l'eau, mais ça ne peut pas contenir un tel volume. Au contraire, cela peut même devenir dangereux, si la crue a mal été anticipée.  »

Modélisation du projet (1989). Photo par SOS Loire Vivante (capture d'écran d'un film militant)

Les autres arguments avancés par l'EPALA étaient le soutien aux étiages de l'aval (baisse périodique des eaux), et le développement du tourisme. Roberto Epple fait cependant remarquer leur inexactitude, puisqu'il souligne : « C'est impossible de tout faire en même temps, de soutenir à la fois les étiages pour l'agriculture et le refroidissement des centrales nucléaires, et de continuer à développer le tourisme estival. Le soutien d'étiage, ça veut dire vider l'eau du barrage pour la donner à ceux qui en manquent. On voit donc bien que c'est incompatible avec des activités comme ça a été vendu à la population. »

Mais les militants n'étaient pas simplement opposés au projet de barrage. Ils proposaient des solutions, pour effectivement répondre aux besoins humains, qu'ils soient sécuritaires ou économiques, tout en conservant le "dernier grand fleuve sauvage d'Europe".

« Des solutions plus naturelles, moins couteûses et plus efficaces. »

Plutôt que de s'opposer purement et simplement à ce projet de barrage, SOS Loire Vivante menait une campagne active sur tous les fronts : politique, citoyen et scientifique. L'association a donc proposé de nombreuses solutions pour un développement plus raisonné des rives du fleuve, en favorisant une gestion du fleuve sans barrage.

Ainsi, parmi les pistes abordées à l'époque, l'élargissement des rives « pour laisser passer l'eau » et la réintroduction de zones inondables ainsi que l'interdiction d'y construire ou encore la mise en place d'une meilleure anticipation des crues.

Une occupation jours et nuits

Le site, occupé pendant cinq ans. Photo par SOS Loire Vivante - Michelle Soupet

En 1989, SOS Loire Vivante se crée pour s'opposer au projet du barrage de Serre de la Fare. Alors que c'est au début un « petit comité d'action locale », le groupe se structure et s'agrandit. En février, c'est le début de l'occupation non-violente du site. Elle durera cinq et fera l'objet d'une mobilisation sans faille des militants, qui resteront mobilisés nuits et jours. 

Deux ans plus tard, la mobilisation commence à porter ses fruits puisque la déclaration d'utilité publique du projet est annulée par le tribunal. Et le gouvernement de gauche annule le projet. 

Et la même année, SOS Loire Vivante est récompensée de toute autre manière, par le Prix Goldman et quelque 60 000 dollars. Un prix considéré comme le Prix Nobel pour l'Environnement, et qui apporte à l'association encore un peu plus de crédit. 

« La démocratie a parlé. » 

Célébration de la victoire en 1994 Photo par Michelle Soupet

Enfin, c'est le 4 janvier 1994, il y a exactement 30 ans, que SOS Loire Vivante obtient sa plus grande victoire : « l'abandon total et définitif du projet de Serre de la Fare. » Le Plan Loire Grandeur Nature est alors annoncé, et révise entièrement la politique d'aménagement de la Loire appliquée jusqu'alors. 

« Grâce à notre mobilisation et à la campagne que nous avons mené, nos idées ont vaincu, et la Loire a été aménagée tenant compte de beaucoup de nos propositions. Outre l’abandon de Serre de la Fare, le Plan Loire Grandeur Nature prévoit l’extension du Barrage de Naussac 1 (extension réalisée en 1999), l’ajournement du projet de barrage du Veurdre (reporté (sans date)), la construction du barrage de Chambonchard (annulé définitivement en 2001/2002) sur le Cher, le démantèlement de deux barrages à Maisons rouges et St. Etienne de Vigan (démantèlements réalisés en 1998) et la restauration du saumon atlantique.​​​​​​ », conclut Roberto Epple. 

En somme, une lutte qui avait débuté plusieurs années plus tôt donc, et dont beaucoup se souviennent encore, tant elle a marqué les esprits altiligériens. Et vous, quels en sont vos souvenirs ?

Les membres de SOS Loire Vivante célèbrent les 30 ans de leur plus grande victoire. Photo par Clara Serrano

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