Saint-Paulien : la colocation sénior, une alternative aux Ephad ?

Par JPo , Mise à jour le 22/09/2022 à 06:00

Quand on pense à la colocation, on a tous en tête le film de Cédric Klapisch, dans lequel des étudiants partagent leur quotidien. Ce mode d'habitation s'est depuis fortement diffusé. S'il concerne bien évidemment essentiellement les jeunes , leurs grands-parents  s'y intéressent de plus en plus.

Après les scandales dans les Ephad révélés par le journaliste victor Castanet, la colocation pour séniors a dorénavant le vent en poupe.
Dans les grandes villes françaises, elle a progressé de 30% depuis 2019. La Haute-Loire en compterait déjà plus d'une dizaine. Mais alors à quoi ressemblent ces colocations? Quels sont les atouts de cette solution alternative d'hébergement pour personnes âgées ? Sont - elles en mesure de concurrencer les Ephad ? Tour de la question avec Bénédicte Sillito qui vient d'ouvrir une structure de ce type à Saint-Paulien : " Le Clos Ruessien".

Dans l'ancien couvent des soeurs de la congrégation de St joseph, situé en plein coeur de la commune de Saint-Paulien, Bénédicte et Julien Sillito proposent depuis quelques jours une dizaine de chambres en colocation à destination des personnes âgées.

" Nous avons eu le coup de cœur pour cette immense bâtisse"

C'est dans cet ensemble composé d'une grande bâtisse de quatre étages ainsi que d'une coquette chapelle dont le porche est classé aux Monuments Historiques que le jeune couple de quadras a décidé de concrétiser un projet élaboré en grande partie durant la longue période de confinement : " Nous habitons dans la commune et passions souvent devant ce bâtiment. Lorsqu'il a été mis en vente, nous sommes allés le visiter. Nous avons eu un vrai coup de coeur! "

L'endroit a depuis été rénové avec soin et avec beaucoup de goût. Le soleil pénètre agréablement dans les communs ainsi que dans les chambres. Les boiseries sont chaudes et accueillantes. La cuisine au design épuré donne envie de s'y attarder. 

La résidence est composée de dix chambres spacieuses avec salle de bain et toilettes privatives, situées sur les deux premiers niveaux et accessibles par ascenseur. Deux-d'entre elles sont aménagées afin de pouvoir accueillir des personnes à mobilité réduite. L'espace de vie commune comprend une cuisine, une vaste salle à manger et des salons à partager (jeux, bibliothèque, multimédia). Une magnifique cour intérieure à ciel ouvert sera très prochainement aménagée avec une terrasse, du gazon ainsi que des jardins suspendus.

"J'ai pensé avant tout à mes propres parents"

Ce projet est  né d'une prise de conscience personnelle de la propriétaire des lieux.C'est en pensant à ses propres parents que Bénédicte a décidé de démissionner de la Fonction Publique pour s'y atteler.

L'isolement guette en effet de nombreux séniors qui, moins actifs, n'ont pas toujours la chance de vivre à proximité de leur famille. Certains arrivent dans des Ephad alors qu'ils sont encore autonomes "et c'est bien dommage!" précise-t-elle."On voit trop d'anciens se dégrader chez eux à cause de la solitude. Je pense que ça rassure les familles de ne pas les savoir seuls. Nous avons donc décidé de rompre l'isolement , de remettre de l'humain au coeur de nos préoccupations et de redonner un air de famille aux personnes seules".

"Nous voulons avant tout favoriser leur bien être"

Les futurs colocataires ne dineront  plus jamais seul. Ils auront l'occasion de discuter, de jouer aux cartes, d'aller se balader. Ils pourront même regarder la dernière série Netflix, tout en gardant leur propre chambre et leur intimité. En partageant leur quotidien avec des personnes du même âge, ils auront la possibilité de recréer de vraies relations sociales ce qui participe à leur bien être cognitif et affectif. 

Les colocataires pourront également être incités à préparer leur repas, à participer au jardinage et à d'autres activités quotidiennes : " Nous voulons redonner de l'autonomie et stimuler nos locataires au maximum. Mais bien évidemment, la liberté de chacun primera. Ils se lèveront quand ils le désirent, mangeront quand ils le veulent. Ils seront chez eux, mais avec l'avantage d'avoir de la compagnie. Et de l'entraide. Chacun apportera ses compétences".

Une maitresse de maison sera présente 7 jours sur 7 en journée pour assurer préparation et service du repas " parce-que c'est leur moment préféré", entretien du linge et ménage. Une télé assistance sera mise en place 24 heures sur 24 pour la sécurité des colocataires. 

Infos pratiques

Le tarif pour une colocation au " Clos Ruessien" s'élève à 1300 euros. Sous certaines conditions, les colocataires peuvent bénéficier d'aides au financement de leur logement. La plus courante est l'Aide Personnalisée au Logement (APL) qui prend en charge une partie ou la totalité du loyer.

"Les Ephad doivent se remettre en question, la génération de boomers qui commence à entrer dans le grand-âge est de plus en plus exigeante"

A la question de savoir si sa structure constitue une alternative aux Ephad, Bénédicte nous explique que la colocation est surtout une alternative aux maisons de retraite : " Nous ne sommes pas équipés pour prendre en charge des personnes lourdement dépendantes et ce n'est pas notre ambition. Notre but est de favoriser leur autonomie le plus longtemps possible afin de retarder au maximum leur entrée en Ephad. Mais les Ephad doivent se remettre en question au niveau de  leurs prestations. Les générations qui commencent à entrer en Ephad sont celles des boomers qui ont fait Mai68 !  C'est une génération qui aura beaucoup plus d'exigences

Malgré son succès croissant et l'intérêt qu'il représente, ce système de partage d'habitat entre séniors ne dispose pour le moment d'aucune forme de subventions. Les différentes administrations semblent pour le moment trainer des pieds, les colocataires ne pouvant pas toucher l'APA, l'allocation personnalisée d'autonomie.
Selon un article diffusé par France3, le département, compétent en matière de soutien à l'autonomie prétend travailler sur une éventuelle dérogation pour ce type de colocation. Le gouvernement a souhaité prendre une mesure d'incitation en proposant aux départements de mettre en place dès 2021, l'Aide à la Vie Partagée (AVP).

 

 

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