Face à "la mort annoncée des communes", les maires endossent l'écharpe noire
Renaud Pellissier...un exemple pour tous que tout est possible
En voici un article qui fait du bien tant le mot "résilience" résonne dans cette histoire. À l’occasion des portes ouvertes de sa concession de véhicules de loisirs à Yssingeaux, nous sommes partis à la rencontre de Renaud Pellissier.
Le parcours du trentenaire, à la tête de trois magasins, est un itinéraire marqué par la force, le courage et la détermination. Paraplégique depuis un accident survenu en 2015, il a pourtant fait de la moto son cœur de métier, et ne démord pas de la passion qui l’anime.
« Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait. » Cette expression de Mark Twain colle parfaitement à l'homme décrit dans l'article. Passion et moto, drame et souffrance, abime et perdition, courage et force, puissance et tête haute...Renaud Pellissier, c'est tout ça dans son corps cassé. Une alchimie de résilience qui force le respect.
L’accident
« Adolescent, je roulais avec ma 50 cm3 dans les chemins, dans les prés. Avec les copains, on avait un terrain de cross improvisé du côté de Laussonne, on y passait pas mal de temps. », raconte Renaud Pellissier. Quelques années plus tard en 2015, sa passagère et lui sont violemment percutés par un camion :
« Ma vie a basculé, je me suis retrouvé paraplégique. Je suis resté onze mois à l’hôpital, puis j’ai eu l’interdiction totale de faire quoi que ce soit durant les trois années qui ont suivi, hormis du sport. Alors, je pratiquais la musculation et la boxe tous les après-midis. Mais au bout d’un moment, ce n’était plus suffisant. Je me suis demandé ce que j’allais faire de ma vie. Le sport, c’était bien, mais c’était un passe-temps. Je n’avais pas de travail, pas de projets, ça ne pouvait plus durer. »
Le déclic
Parmi les séquelles de l’accident, il y a l’insomnie :
« Ma tête a été touchée et depuis j’ai des problèmes de sommeil. Je n’arrive pas à m’endormir, j’ai du mal à me réveiller… Et finalement pour tuer le temps, j'étais beaucoup sur Internet. Une nuit, je suis tombé sur une annonce pour une concession de véhicules de loisirs à vendre. À partir de là, l’idée ne m’a plus quitté. J’ai pris tous les renseignements que je trouvais sur Internet, je suis allé voir un comptable, puis j’ai fait une proposition. »
Les débuts de l’aventure professionnelle : le doute
La proposition a été retenue, mais sous réserve de la souscription à un crédit et de l'engagement d'une personne cautionnaire, en l'occurrence sa mère, embarquée dès lors elle-aussi dans l'aventure :
« Le magasin Pr MotorSport 43 a ouvert en 2019, et c’est là que j’ai enfin réalisé dans quoi je nous avais engagés ma mère et moi : j’ai eu tellement peur ! Mon magasin était vide, j’avais un stock de départ avec seulement trois véhicules, je n’avais pas encore acquis la marque pour ma concession. Je me suis demandé qui accepterait de mettre vingt-mille euros dans l’achat d’un véhicule pour du loisir… J’ai donc bradé les deux premiers quads que j’ai vendus… Et j’ai proposé en parallèle de la vente de machines de motoculture, pour essayer de rentrer dans mes frais.»
Le sursaut
La clientèle a finalement été au rendez-vous :
« Après l’acquisition de la marque, j’ai pu commander mes premiers véhicules neufs, en conséquence de quoi le chiffre d’affaires à très rapidement décollé. J’assumais alors seul la partie atelier. Je me sentais aussi de plus en plus débordé par le volet administratif et commercial. J’ai donc embauché mon frère pour son alternance de bac pro commerce. Par la suite, j’ai aussi embauché ma mère, pour le secrétariat. »
Le succès
C’est en toute humilité que Renaud cite la chance comme sa principale alliée dans son ascension professionnelle fulgurante :
« Un jour, un bon client m’a confié au cours d’une conversation son projet de retaper une Ford Mustang, la même que dans le film "60 secondes chrono". J’ai pris le pari de lui dire que je pouvais le lui faire. Et c’est sur ce coup de poker qu’est né le deuxième atelier, Américan Motors à Brives Charensac, spécialisé pour celui-ci dans la reconstruction et la restauration de voitures américaines. Et puis, fort du succès grandissant, j’ai racheté par la suite la société attenante, un magasin de pièces détachées. »
Allier le travail et les contraintes physiques
La mécanique, c’est la partie du métier que Renaud préfère. Il lui est possible de se mettre à genoux par terre pour la faire.
« Mais maintenant, vu le développement de l’entreprise, je suis nécessairement beaucoup plus dans des tâches de gestion. »
Renaud nous montre, amusé, ses mains, immaculées de tout résidu de cambouis.
« Maintenant que j’ai une équipe avec des employés, je m’autorise une journée off dans la semaine. Je la consacre à mes soins thérapeutiques. Avant, quand j’étais tout seul, je faisais mes soins la nuit, comme je dormais peu… Mais maintenant, je comprends que l’ascension professionnelle, c’est bien, mais il ne faut pas perdre de vue le côté perso. J’en ai pris conscience il y a quelques mois, lorsque j'ai eu à gérer des difficultés avec le personnel. Désormais, j'ai bien envie de penser un petit peu plus à moi… »
« La première fois que je suis remonté sur une moto après mon accident, j'ai eu peur, mais peur de ne plus aimer la moto »
Et la pratique de la moto dans tout ça ?
« La moto sur route, c’est terminé pour moi. Je ne ressens plus aucun plaisir à en faire, j’ai peur. J'ai confiance en moi et en la machine, mais j’ai peur des autres. Des camions surtout. Mais j’ai refait de la moto sur piste, et j’y ai pris beaucoup de plaisir. Aujourd’hui, je suis trop occupé par le travail mais j’aimerais vraiment m’y remettre. »
En 2019, Renaud a participé aux championnats de France de moto PMR (Pilotes à Mobilité Réduite, Ndlr) et à des compétitions internationales en Italie, Espagne et Belgique. Ses bons résultats n’ont pas manqué d’entretenir la flamme de sa passion pour la moto.
« Quand je fais de la moto, c'est le seul moment où je n'ai pas mal aux jambes »
Plaisir de la conduite. Plaisir de la compétition. Plaisir de la vie
Si nous avons envie de clore cet entretien, empli à la fois de force et d’humilité, en souhaitant à Renaud une bonne continuation dans son expansion professionnelle, il n’en sera rien. Car Renaud aspire désormais à plus petit, à prendre du temps pour lui et pour ses loisirs, à renouer avec le plaisir. Plaisir de la conduite, plaisir de la compétition, plaisir de la vie.
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nous n'avons pas toujours des raisons de nous plaindre. Il suffit de regarder autour de soi pour voir qu'il y a des gens qui se battent pour s'en sortir sans forcément attendre des aides, des allocations et autres subsides.