"La Surprise du Chef" des enseignants-artistes du Conservatoire du Puy
Quentin Sauret : « J’ai toujours été un compétiteur dans l’âme »
Le Ponot Quentin Sauret, à la tête de la pizzeria « Le Golden » au Puy, a terminé à la quatrième position des championnats du monde de pizza acrobatique, du 5 au 7 avril à Parme. Et ce, une semaine après avoir été sacré champion de France dans trois catégories différentes. Entretien.
Cela fait presque 12 ans que Quentin Sauret, patron du « Golden », est pizzaïolo. Après six ans en tant qu'employé dans une pizzeria en bord de mer près de Narbonne, il se met à son compte au Puy-en-Velay. Sur les conseils d’un ami, il apprend que « en Auvergne, il faut vraiment s’appliquer. Les gens sont plus intransigeants que sur un bord de mer en tant que saisonnier. »
Qu’est-ce qui vous anime dans la pizza acrobatique ?
« Le show de pizza, c’est un moment de partage que l’on peut créer avec nos clients. Il permet d’échanger, de discuter et même d’animer le restaurant ! C’est agréable pour les clients qui attendent une dizaine de minutes leur commande. Ils peuvent nous voir jeter les pizzas en l’air, c’est quelque chose d’assez spectaculaire. Personnellement, je trouve ça génial de pouvoir m’amuser en travaillant. »
LES DIFFÉRENTES PÂTES POUR LA PIZZA ACROBATIQUE
- La pâte en silicone : utilisée pour l'entraînement, permet de ne pas gaspiller de la pâte classique.
- La pâte de farine de force : vraie pâte, à base de farine de force "Manitoba" qui vient du Canada. Permet à la pâte d'avoir beaucoup de résistance à la force centrifuge, les jongles durent plus de temps. Elle est également composée avec beaucoup de sel, ce qui la rend immangeable.
Comment vous est venue cette idée ?
« Quand je me suis formé pour devenir pizzaïolo, je regardais énormément de reportages. Un jour, j’en ai vu un sur la pizza acrobatique, ça m’a donné envie de commencer. Forcément, quand tu commences, ça ne ressemble à rien. Je me suis entraîné encore et encore. Lors d’une formation sur l’empâtement, j’ai rencontré Jérôme Falco, mon mentor. Il donnait une formation sur les pizzas acrobatiques. J’ai discuté avec lui, puis quelques semaines plus tard, il m’a directement reçu chez lui. Pendant trois jours, il m’a entraîné gratuitement avec une immense bienveillance. On s’est lié d’amitié à ce moment-là. »
Pourquoi être passé à la compétition ?
« J’ai toujours été un compétiteur dans l’âme. Dans ce genre d’événements, on se retrouve entre pizzaïolos passionnés. On y va pour échanger avec les collègues de tous les coins de France et du monde. S’il y a des compétitions dans cette discipline, autant y participer. Nous ne sommes pas beaucoup en France à savoir faire ça. Ce serait dommage de ne pas en profiter. »
Les entraînements doivent être intensifs…
« Certains de mes collègues s’entraînent deux, trois, voire quatre heures par jour, comme peut le faire un sportif de haut niveau. Personnellement, je prends plus cette discipline comme un amusement. Je ne suis pas très régulier sur les entraînements. Des fois, je vais rester deux ou trois heures un après-midi au restaurant, d’autres fois je ne fais plus rien pendant quatre jours. Je n’ai pas envie que cela devienne une obligation. Le travail passe en premier. Ensuite, vient l’amusement avec l’acrobatie. »
Comment s’est passé ce week-end de compétition ?
« Je venais de remporter mes trois titres de champion de France une semaine auparavant. J’y suis allé, comme toujours, pour l’amusement et le plaisir. Je savais que j’allais affronter les meilleurs du monde. Je me suis dit ‘Si tu finis dernier, tu finis dernier.’ Finalement, je réussis à me qualifier de justesse parmi les six meilleurs pour la finale le lendemain en terminant à la sixième place. Ça m’a fait drôle, je n’y croyais pas, surtout en voyant les performances des autres. Quand on fait sa propre prestation, on ne se rend pas compte de son niveau. Le soir, j’ai visionné les images. C’est à ce moment-là que je me suis dis ‘Peut-être que je méritais bien d’aller en finale.’ Le lendemain, j’étais déjà gagnant d’avoir décroché mon ticket pour affronter les cinq autres meilleurs au monde. Ce n’était que du bonus. Finalement, je décroche la quatrième place. J’ai laissé un Américain et un Italien derrière moi qui étaient pourtant devant aux qualifications. Au niveau des sensations, c’est choquant, il y a beaucoup de choses qui fusent dans ma tête. C’est une prestation qui, quand je regarde la vidéo, me fait comprendre à quel point j’ai progressé depuis la veille. »
Vous êtes désormais tournés vers de nouveaux objectifs ?
« J’y retournerai l’année prochaine, que ce soit au championnat de France ou du monde. Il y a aussi un autre championnat du monde à Vegas, plus axé sur le show, avec des critères de notation différents. Tout se passe sur la même période entre mars et avril. J’irai faire les trois. »
Et pourquoi pas décrocher de nouveaux titres…
« J’espère ! Quand on se rend à ce genre d’événements, on vise toujours la plus haute distinction. J’y vais d’abord pour m’amuser, échanger et retrouver les copains. On vient des quatre coins de la France, ce sont les seuls moments que l’on dispose pour se voir. Chaque podium est bon à prendre. C’est toujours un accomplissement personnel. »
Ci-dessous, visionnez la vidéo de Quentin Sauret en pleine démonstration de pizza acrobatique avec une pâte à pizza en silicone.
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