Prix des carburants : Comment sont-ils fixés ?

Par RSi , Mise à jour le 14/10/2022 à 16:30

Le carburant se fait de plus en plus rare dans les stations services du département. Une situation qui préoccupe les automobilistes mais aussi les distributeurs. 

Les prix s'envolent à la pompe. Des tarifs élevés qui s'expliquent en raison de la grève débutée le 1er octobre dans certaines raffineries françaises. Mais les prix des carburants ne sont pas réellement définis par les stations services qui le commercialisent. 

De l'exploitation à la pompe à essence 

Détail du calcul du prix d'un litre de gazole
Détail du calcul du prix d'un litre de gazole Photo par Capture d'écran du site UFC Que Choisir

Selon UFC que choisir, le premier coût d'un litre de carburant dépend tout d'abord de l'exploration réalisée pour trouver du pétrole brut puis de son exploitation. Son prix évolue en fonction de "sa teneur en soufre et de sa viscosité". Ensuite, le produit est soumis à des impôts à régler en fonction du pays dans lequel il est extrait ainsi que de la marge fixée par le producteur. 'L'UFC que Choisir précise que "la mesure de pétrole brut (le baril, soit 159 litres) est cotée à trois endroits de la planète.  On parle du baril de Brent pour la bourse à Londres, du WTI pour le baril à New-York et du Dubaï light pour le produit côté à Dubaï".

Ensuite, le pétrole brut est distribué dans les raffineries, lieu dans lequel il est chauffé afin de permettre sa transformation en carburant. Le produit fini fait lui aussi l'objet d'une cotation internationale.

Le carburant est par la suite acheminé de la raffinerie vers les stations services. Une seconde marge est prélevée. Elle représente le coût du transport, le prix du stockage, le transfert, les dépenses d'exploitation de la station-essence, le pourcentage commercial du distributeur de carburants ainsi que de quatre autres taxes (les certificats d'économie d'énergie, la Tiruert, l'imposition sur les biens et services et la TVA). 

" Soit on ferme nos stations, soit on approvisionne et on se fait traiter de voleurs" 

"Comme nous ne sommes pas là pour essuyer des insultes, nous ne ravitaillerons plus nos stations"

Mails virulents, violences de la part des automobilistes, la situation se tend pour les gérants de stations services. Lundi 13 octobre, le distributeur de carburant Vincent et Fils, basé dans la Zone Industrielle de Blavozy, commune de Saint-Germain-Laprade, avait partagé un courrier annonçant :depuis quelques temps nous sommes insultés par certains. Comme nous ne sommes pas là pour essuyer des insultes, nous ne ravitaillerons plus nos stations". Un sentiment d'impuissance pesant pour ce fournisseur indépendant.

Certains montrent leurs factures

Comme l'a partagé le distributeur Vincent combustibles en déclarant : "Merci super U Ruoms bienvenue au club !"
En effet l
e Super U de Ruoms en Ardèche a publié sa facture d'achat sur FaceBook en précisant " A tous les petits malins comme Olivier Supertramp qui crachent leur haine sur les réseaux sociaux sans savoir comment ça fonctionne, voilà la facture de notre carburant. Le gasoil acheté 1,956€/le litre + 0,01458 cts de transport par litre = 1,971€ le litre 1,971€ X 20% de TVA (multipliez par 1,2 pour les plus malins) = 2,36€ le litre à la vente. Et sans marge! Alors non on ne se gave pas on maintient le prix au plus bas. Nous aussi ça nous fait C.. que ça soit aussi cher mais c’est soit ça soit y’en a pas."

"Je ne sais plus comment faire. Les prix sont fixés par nos fournisseurs. J'achète le litre à 2,25€ hors taxe à Frontignan et je le vends le même prix dans ma station service. Je vends à perte. Je dépanne le client". Dirigeant de carburant Vincent et Fils

"Soit on ferme nos stations, soit on achète du carburant cher et on le vend cher mais on se fait traiter de voleurs", détaille un distributeur de Saugues. "On ne trouve que peu de fournisseurs et ils nous le vendent à un prix élevé. Sur un litre à 2,09€ à la pompe, on ne prend une marge que de quelques centimes à laquelle il faut aussi retirer le coût du transport".

Selon lui, cette situation pourrait également s'expliquer en raison du refus de la France d'acheter du pétrole et du gaz russe. "Au bout d'un moment, ça impacte, ça manque mais personne ne le dit", alerte-t-il.

Le chiffre d'affaire journalier ne dépasserait pas 50 euros selon une station Total au Puy

Chez d'autres distributeurs, la station est aussi critique. A la Station Access Total Energies du Puy-en-Velay, le chiffre d'affaire journalier ne dépassent pas les 50 euros de ventes annexes. "Si j'arrive à ce chiffre c'est énorme. Nous n'avons pas de rentrée d'argent", confie la gérante. Cette dernière n'a pas reçu de livraisons de carburants depuis plusieurs jours, donc presque plus de passage en caisse.

"Nous sommes dans le flou total. Nous n'avons aucune rentrée d'argent mais tout de même des charges à payer et 3 employés à rémunérer", s'inquiète-t-elle. Cette gérante ne se fait pas de marge sur carburant puisqu'il ne lui appartient pas, c'est Total Energies  qui lui verse une commission fixe chaque mois.

"Sur cette somme on prend seulement une marge de 5 centimes"

Du coté de Montfaucon en Velay, même constat. "Nous n'avons pas d'essence depuis deux semaines. D'ordinaire on l'achète chez un indépendant. On le paie 1,666 hors taxes et on le revend 2,19 TTC. Sur cette somme on prend seulement une marge de 5 centimes. On ne l'a pas augmentée avec la pénurie", détaille le distributeur. 

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