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Pollution à Loudes/Chaspuzac : accusations, plaintes et grosse tension
Après plusieurs collectifs de riverains, la Fédération de pêche ajoute sa plainte contre X pour trouver les responsables de la pollution à l’œuvre dans les lagunes de Fontannes et Pralhac.
La direction de Sabarot souhaite également recourir à la justice contre l'Agglo pour diffamation pendant que Michel Joubert se terre dans le silence.
Outre les odeurs pestilentielles présentes, plus d’un kilomètre de cours d’eau sont aujourd'hui « totalement colmatés à cause de la trop grande quantité d’effluents déversée ».
Ce mercredi 6 avril 2022, Franck Chastagnol et d’autres villageois de Fontannes à Chaspuzac se sont réunis avec leurs voisins de Pralhac, sur la commune de Loudes. Avec eux, il y a également des personnes du village de Mauriac de Chaspuzac. Enfin, pour terminer, Florian Chopard-Lallier, directeur de la Fédération de Pêche de la Haute-Loire, s’adjoint au groupe. Le lieu de la rencontre est à quelques mètres des lagunes du petit village de Fontannes, lieu de sévères crispations.
« Je déconseille à quiconque de s’étancher avec »
Pour trancher avec la visite à suivre des lagunes de Fontannes, le naturaliste Franck Chastagnol lit l’extrait d’un texte à l’auditoire tiré d’un ouvrage de Charles Calemard de la Fayette en 1854. « Fontannes doit son nom aux 3 ou 4 sources magnifiques qui s’épanchent naturellement au milieu du village. (…) Ces eaux admirables portent la vie et la fécondité dans les grasses prairies bordées de peupliers et de saules... »
C’est le mot Fontaine qui a donné le nom au village de Fontannes tant son territoire est sillonné de petits cours d’eau qui dévalent les pentes de Chaspuzac. « Pour l’anecdote, il faut savoir qu’il y a une trentaine d’années, la municipalité de l’époque souhaitait mettre l’eau du Fontannes en bouteille tellement sa qualité était réelle, confie Franck Chastagnol. Maintenant, je déconseille à quiconque de s’étancher avec ».
« Aucune bactérie ne s’attaque à ces concentrations. Il faut, à mon sens, que des unités de traitement dédiées à ces effluents industriels soient construites et laisser les lagunages pour ce qu’ils devaient servir à la base, c’est-à-dire aux eaux domestiques uniquement ». Franck Chastagnol
« Pour que les pollueurs soient nommés officiellement et prennent leurs responsabilités »
Il y a un an et demi, les lagunes de Fontannes bâties 15 ans auparavant ont commencé à dégager une odeur irrespirable, mélange d’eau croupie et de pourriture. « Durant toute l’année 2021, nous n’avons pas pu ouvrir un jour nos fenêtres, incommodés par l’odeur pestilentielle du lagunage en question, assure Franck Chastagnol. Quelques semaines après, a été médiatisé le lagunage de Pralhac en proie au même problème que nous. Maintenant, nous sommes de plus en plus mobilisés pour que les pollueurs soient nommés officiellement et prennent leurs responsabilités ».
« Notre région n’est pas vraiment adaptée pour l’installation de lagunages car il faut essentiellement du soleil et de la chaleur pour que les bactéries agissent sur les effluents ». Florian Chopard-Lallier
« Pour cette raison, la fédération a décidé au mois de février de porter plainte contre X »
Comme du côté de Pralhac, la pollution semble être similaire. « Dans les lagunes des deux villages, nous avons des eaux domestiques mais aussi celles issues de production a priori industrielle, précise Florian Chopard-Lallier. Il faudrait avoir une idée précise des quantités d’effluents qui y rentrent et des capacités d’évacuation des systèmes de lagunages. »
Le directeur de la Fédération de pêche continue : « Les rejets qu’on peut observer en aval sur les ruisseaux à Fontannes et dans le Say (à Pralhac, Ndlr) démontrent qu’il y a un véritable souci et que les lagunages ne suffisent pas du tout. Dans ces cours d’eau nous avons des parties de plusieurs centaines de mètres totalement colmatées à cause de la trop grande quantité d’effluents qui n’ont pas eu le temps d’être épurés naturellement ». Il conclut : « Cela crée clairement une pollution du milieu aquatique, annihilant toute vie possible. Pour cette raison, la fédération a décidé au mois de février de porter plainte contre X ».
« Comme nous, la Police de l’Eau a également effectué une procédure en ce sens. Les investigations sont donc en cours ». Florian Chopard-Lallier
La Communauté d’Agglomération rejette la faute sur Sabarot
Comme nous l’avait expliqué précédemment Laurent Ferrer, chef de service à la DEA (syndicat Eau et Assainissement de l'Agglomération du Puy-en-Velay) à propos de la pollution : « Les résultats des analyses révèlent une grosse surcharge organique et hydraulique rejetée dans la nature. Nous avons un volume de matières organiques issues des productions de l’entreprise Sabarot. »
Le président de l’Agglomération du Puy, Michel Joubert, nous avait également partagé : « Ce n’est pas à nous de traiter les déchets des autres. (…) Le souci, c’est que l’entreprise Sabarot a une augmentation très importante de nouveaux produits que les actuels équipements d’épuration ne peuvent absorber. »
L’entreprise Sabarot souhaite porter plainte pour diffamation contre l’Agglo
Devant ces accusations, Antoine Wassner, directeur de l’entreprise Sabarot, se défend. « En 2019, nous avions indiqué la quantité et la contenance de nos effluents à l’Agglo dans une convention de déversement. Elle mentionnait des rejets d’environ 2 000 équivalents habitants. L’Agglo connaissait donc ces données. En 2021, elle construit le lagunage de Pralhac. Nous avons appris, suite à la médiatisation de la pollution en cours, que ce lagunage avait une capacité de seulement 190 équivalents habitants ! Dix fois inférieure par rapport à ce que nous avions signé ! Et c’est sans parler des effluents des autres entreprises qui utilisent aussi ce lagunage. »
Antoine Wassner assène : « Michel Joubert avait tous les documents ! Il savait tout ! Il est incroyable d’entendre que l’Agglo n’était pas au courant de ça ! Nous avons été totalement floués ! »
« Plutôt que de reconnaître que l’Agglo s’est plantée, le président s’enferme dans le déni et nous montre du doigt. Ça peut arriver de se tromper. Il suffit de le dire et on règle le problème de concert ». Antoine Wassner
Michel Joubert muré dans le silence
Pourtant, Michel Joubert, que nous avons tenté de joindre à maintes reprises mercredi 5 et jeudi 6 avril, en vain, assure dans un article du Progrès (publié le 3 avril 2022) que : « Le lagunage est réalisé pour accueillir les déchets domestiques, pas industriels. On leur avait indiqué, à la création de la lagune, qu’ils pouvaient se raccorder mais on ne connaissait pas au départ la quantité de leurs effluents ».
« La Police de l’eau est venue nous interroger mais simplement en tant que témoin car seule l’Agglomération est mise en cause. Nous ne sommes pas incriminés car nous respectons la convention de rejets contractée avec la collectivité ». Antoine Wassner
« Les responsables ne sont pas nous. C’est l’Agglo. Je persiste et je signe »
« Oui, une partie des effluents qui participe à cette pollution provient de chez nous, admet Antoine Wassner. Mais nous avions tout fait dans les règles en pensant que l’Agglo avait fait de même de leur côté. Nous donnons 50 000 euros chaque année de redevance pollution à l’Agglomération pour qu’elle s’occupe des eaux qui sortent hors de nos murs. Et voilà le résultat ! ».
Transparent, il déplore ce qu’il se passe dans les deux villages. « Je suis très embêté pour les habitants et l’environnement impacté. Vraiment. Et nous faisons sincèrement tout pour trouver aussi vite que possible une solution. Mais encore une fois, les responsables ne sont pas nous. C’est l’Agglo. Je persiste et je signe ».
« Un moyen de filtration a déjà été installé début mars afin de supprimer les particules visibles. Une station de traitement va être installée avant l’été. Elle permettra d’éliminer cette pollution. » Antoine Wassner
« Il se pourrait qu’il y ait des réactions un peu vives de la part de villageois »
Pendant que cette patate brûlante passe de mains en mains, les habitants de Pralhac et de Fontannes subissent, impuissants, les conséquences de cette pollution. « Il faudra bien, à un moment donné, que les responsables restaurent les milieux aquatiques dégradés, lance Franck Chastagnol. Car la situation est bien plus urgente qu’ils semblent le penser. »
Il prévient alors : « Il se pourrait qu’il y ait des réactions un peu vives de la part de villageois, de riverains, de collectifs excédés par tout ça. Cela fait long maintenant. Aujourd’hui n’est plus l’heure des constatations. Aujourd’hui, il est temps de trouver des solutions et dans les plus courts délais ».
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2 commentaires
Et "Lou légumes" n'est pas encore en activité. Ce qui va considérablement aggraver la situation. Le vénérable Michel Joubert pas à l'écoute ? Pas possible, Michel est un homme de dialogue. Du favoritisme dans le fonctionnement de l'Agglo ? Pas possible ! Tout est parfait. Que la justice vienne voir, "pani problem!!" Chez nous.
merci au journaliste de zoom qui eux n'ont pas peur de se mouiller!!!!le mutisme de Mr Joubert ne me surprend pas. Quel homme courageux, il n'a jamais tort, c'est les autres qui font des conneries, jamais lui. Sabarot donne 50000 euros pour le traitement des eaux usées et les autres entreprises aussi je suppose, ou est parti cet argent???? surtout pas dans l'environnement. Le parquet national de Paris devrait fouiller aussi dans les dossiers de Mr Joubert: dossier de subvention, travaux excessifs....