Novembre bleu : la santé masculine délaissée ?

Alors qu'Octobre rose a célébré cette année son 30^e anniversaire, Novembre bleu fait figure de petit frère, né presque 10 ans après et toujours peu connu du grand public. Pourtant, en France, les hommes représentent 89 600 sur 157 400 décès liés au cancer en France, soit près de 57 %.

À l'instar d'Octobre rose, Novembre bleu a pour objectif de sensibiliser le public aux cancers masculins, notamment de la prostate et des testicules, et de donner accès au dépistage à un maximum de personnes. Malheureusement, l'équivalent masculin du mois de lutte contre le cancer du sein n'est toujours pas parvenu à trouver son public.

Un mouvement mondial… mais pas altiligérien

En 2003, un groupe d'amis australien s'est lancé le défi de se laisser pousser la moustache durant un mois, pour symboliser la masculinité et matérialiser son soutien à la cause. Depuis, l'association Movember s'est développée dans de nombreux pays répartis sur les cinq continents. Ce sont maintenant près de 7 millions d'hommes et de femmes qui participent aux plusieurs milliers d'événements organisés dans une vingtaine de pays dans le monde. En revanche, sur le site, aucun événement n'est, à ce jour, répertorié en Haute-Loire.

Ainsi, malgré le lancement du défi Movember et l'existence de Novembre bleu depuis près de 30 ans, la mobilisation contre les cancers masculins reste encore moindre face à celle que nous connaissons pour les cancers féminins, notamment le cancer du sein, avec Octobre rose. 

Pour preuve, la Ligue contre le cancer de Haute-Loire avait établi en octobre un calendrier des actions organisées ce mois, dans le cadre de la sensibilisation et du dépistage du cancer du sein. À l'inverse, aucune communication dans le cadre de Novembre bleu, et encore moins un calendrier. 

Un vent d'espoir

Un vent d'espoir souffle tout de même sur Novembre bleu dans le département, avec plusieurs initiatives notables. 

D'abord, nous vous en parlions déjà au début du mois, Audrey, Céline, Isabelle et Angela se sont réunies pour réaliser une exposition de photographies d'hommes, pour sensibiliser à la santé masculine. 

La ligue contre le cancer mène également une campagne annuelle, lancée seulement pour la seconde fois, mais « on espère que l'évènement va prendre de l'ampleur ».

Cet événement, c'est le Challenge des gentlemen : « Parce que 40 % des cancers sont évitables par des changements de comportements, les Comités Auvergne-Rhône-Alpes de la Ligue contre le cancer proposent au public de participer à une campagne de sensibilisation et de prévention, le Challenge des Gentlemen. Celui-ci vise à sensibiliser les hommes à l’importance de prendre soin de leur santé, mais aussi à savoir se faire accompagner en cas de maladie. »

« Nous avons souhaité ouvrir la parole », Angela

Depuis l'inauguration, la photographe Angela confie : « L'idée est née après que mon beau-frère soit décédé d'un cancer. Nous avons souhaité, par la photographie, ouvrir la parole. » Et cela a fonctionné puisqu'elle raconte que « la Ligue contre le cancer, qui est également notre partenaire, a reçu des demandes de dépistage, suite au shooting et à l'exposition. »

En revanche, les tabous persistent. Après avoir lancé un appel sur les réseaux sociaux, les quatre femmes se sont trouvées face à l'absence quasi totale de volontaires. Elles ont ainsi dû surmonter des défis et pousser des portes parfois difficiles à ouvrir, mais elles ont su trouver les bonnes personnes. Aujourd'hui, les photos sont exposées à la mairie du Puy-en-Velay jusqu'au 17 novembre, puis devraient s'exporter d'abord à l'Hôtel du Département, à l'hôpital d'Yssingeaux ainsi qu'à la mairie de Brioude. 

 « Je me suis rendue compte que je n'en avais jamais parlé à mon fils », Angela

Pourtant, le sujet touche de nombreuses personnes en France, d'où l'importance de lever le tabou. Pour cela, la Ligue contre le cancer mène elle aussi des opérations, notamment des interventions, auprès des écoles, des entreprises ou lors d'événements sportifs. L'objectif : « sensibiliser les jeunes »

La Ligue explique d'ailleurs en ce sens : « Par leur jeunesse, les adolescents rient parfois au premier abord, mais sont généralement très réceptifs. La sensibilisation commence par celle des jeunes, qui en parleront autour d'eux puis par la suite à leurs enfants. »

De son côté, Angela, la photographe qui expose actuellement à la mairie du Puy pour soutenir la cause, avoue que « c'est en menant ce projet, que je me suis rendue compte que je n'en avais jamais parlé à mon fils ». 

« C'est tabou car cela touche à la virilité des hommes »

Le défi tient donc dans l'éviction du tabou. D'après la Ligue contre le cancer de Haute-Loire, les cancers des testicules et de la prostate sont particulièrement tabous « car ils touchent à la virilité des hommes ». L'organisme précise : « Forcément, parler des testicules et de la prostate est moins sexy que de parler des seins. Mais ce n'est pas pour autant moins important. »