Mine de Lithium dans l'Allier, où en est-on ? Bilan du débat public

Par Nathalie Piendel , Mise à jour le 01/10/2024 à 16:00

Le projet de création d'une mine de Lithium dans l'Allier a donné lieu à un débat public, de mars à juillet 2024. Et si les discussions ont été houleuses, le bilan de la Commission nationale du débat public est sorti, avec des réponses, mais encore bien des points à éclaircir. 

Petit rappel des faits, Emili (Exploitation de Mica Lithinifère) est le grand projet de naissance de la société minière Imerys, à Echassières dans l'Allier, qui, après avoir découvert un gisement de lithium sur son site des kaolins (argile blanche pour fabrication porcelaine) de Beauvoir, souhaite l'extraire et l'exploiter.

Un lithium qui servira d'ingrédient principal à la recette de fabrication de batteries de voitures électriques, 700 000 véhicules à la louche, pour 25 ans de travail minier, et 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium produits.

Ces chiffres ont très vite mis l'eau à la bouche de l'État, voyant ici une opportunité d'augmenter la production de véhicules électriques tout en étant bien plus autonome en apport de lithium. Alors que les associations de défense de la nature et autres collectifs de citoyens et habitants des lieux concernés, ont, eux, eu du mal à avaler la pilule. 

Aussi, un débat public a été organisé de mars à juillet 2024, avec plusieurs réunions et phases de concertation. Riverains et habitants locaux toutes générations confondues, élus locaux, associations environnementales, acteurs économiques et syndicats, experts... ont débattu durant des mois sous l'œil et l'oreille impartiaux de la Commission nationale du débat public (CNDP).

La CNDP, représentée par Marc Papinutti, son président national, dresse aujourd'hui le bilan, présenté par Mathias Bourrissoux, qui préside la commission particulière et rappelle la neutralité de la commission, qui n'est pas là pour porter un quelconque jugement au projet, mais pour informer et répondre aux interrogations du public, dans une démarche participative. 

Produire plus d'énergie électrique VS produire moins... tout court 

Le débat public a vu s'opposer, concernant l'enjeu de "transition énergétique", deux écoles bien distinctes, les "pro" d'une transition accée sur la filière des batteries électriques, dans une logique urgente de décarbonation des transports, et les partisans de la sobriété comme solution à long terme pour une transition énergétique ET écologique, respectueuse du vivant. 

"Aujourd'hui on n'a pas eu la présentation de cette politique nationale des ressources et des usages du sous-sol et cela a fait cruellement défaut pendant ce débat" Mathias Bourrissoux, président de la Commission particulière du débat public

Et comme l'État ne s'est encore pas prononcé clairement en termes de stratégie nationale, l'argument "souveraineté énergétique" défendu par le porteur de projet et ses partisans a fait... un flop.

"Les publics n'ont pas été convaincus par les exposés concernant ces sujets-là, du fait justement qu'on n'ait pas eu une stratégie planifiée présentée, et pas convaincus non plus du fait qu'on n'ait pas aujourd'hui d'industrie (et tous les maillons de la chaîne) existante sur notre territoire, ni en Europe. Dès lors comment parler d'indépendance quand tout est à construire ?" relate Mathias Bourrissoux. 

La relance minière, oui, mais avec transparence, contrôle et collaboration constructive

"Une mine propre, ça n'existe pas !" Une notion souvent revenue sur le tapis, alors comment garantir un moindre impact environnemental au-dela de ce que prévoit le code minier ?

Voilà tout l'enjeu soulevé par les différentes parties prenantes qui ont manifesté leur souhait de transparence sur les procédures, de contrôle de l'État, et d'être intégrés dans le processus décisionnel.

"Il y a des exigences très fortes portées par les publics qui visent à tous les stades de procédures, à pouvoir être intégrés aux discussions qui prévalent à la prise de décision". 

Problématique de la ressource en eau

Sujet d'inquiétude majeure, la gestion de la ressource en eau, avec notamment des interrogations sur les solutions proposées par le porteur de projet, premièrement sur le bassin versant du Cher, avec la réutilisation des eaux usées de la station d'épuration, qui constitue un prélèvement indirect.

Après de nombreux échanges, la quantification de la ressource reste floue et l'impact possible sur l'éco-système également. 

Concernant la Sioule, "les perspectives sont plus soutenables" à deux conditions, que le barrage des Fades puisse assurer le soutien d'étiage* et que le stockage d'eau à Échassières soit adapté.

*Le soutien d'étiage vise à soutenir le débit du cours d'eau en cas de sécheresse.

Création d'emplois et disparition d'autres ?

Un autre point important a été soulevé, dans le thème "retombées socio-économiques sur le territoire", le sujet de l'emploi.

Le débat a permis de mettre en avant les attentes des participants et leurs craintes, "Qu'en sera-t-il des emplois locaux, du statut salarié, sera-t-il protégé ? L'emploi créé cachera-t-il un emploi détruit ?" concernant notamment les activités de plein air, de tourisme, agricoles, forestières... qui pourraient être fragilisées avec l'activité minière à proximité. De nombreux points restent à éclairer... 

Retrouvez la synthèse du débat, les et tous les détails du projet sur le site de la CNDP

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