Maltraitance animale : Un chien miraculé après une centaine de plombs dans le corps

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 11/10/2023 à 17:00

Sur la commune de Bonneval, un épagneul breton a été littéralement canardé lundi 9 octobre. Pour la seconde fois dans l’année, le jeune chien de quatre ans a été pris pour cible par « un inconscient », selon les termes de la vétérinaire de Craponne-sur-Arzon. Loin d’être un cas isolé, ce fait s’ajoute à la disparition inexpliquée de chiens dans la petite commune.

« Il s’est échappé de chez moi le lundi 9 octobre vers 19 heures. Je l’ai attendu toute la nuit en le cherchant aux alentours. Quand il est rentré vers deux heures du matin, j’ai vu tout de suite que quelque chose n’allait pas. Il était éteint, visiblement très mal en point ». Dimitri De Swarte, 35 ans, raconte le drame qu’a subi son chien, un épagneul breton de quatre ans, prénommé Pollux.

« C’est le chien le plus gentil du monde, confie-t-il. Il est très craintif et ne ferait jamais de mal à une mouche. La chose la plus terrifiante qu’il ait commise a été de revenir un jour avec une patte de poulet qu’il avait pris sur le tas de fumier du voisin. Il n’a aucune once d’agressivité en lui ».

Pollux a été soigné en urgence dès le lendemain des tirs. Une chance inouïe qu'il s'en sorte.
Pollux a été soigné en urgence au lendemain du tir. Une chance inouïe qu'il s'en sorte. Photo par Dimitri De Swarte

« Pollux a essuyé deux tirs de cartouche à une distance comprise entre 25 et 30 mètres »

Sûrement attiré par les chaleurs, Pollux arrive à tromper la vigilance de son maître et s’échappe de la propriété ce lundi 9 octobre. Il en reviendra quelques heures après avec le corps percé de plombs de l’épaule à la queue.

Nicolas De Swarte, papa de Dimitri, est chasseur. Selon lui, il n’y a aucun doute : « Pollux a essuyé deux tirs de cartouche à une distance comprise entre 25 et 30 mètres, assure-t-il. À cette distance, les plombs n’ont pas le temps de s’écarter, d’où le nombre impressionnant retiré par la vétérinaire ».

« Le risque maintenant est une contraction du saturnisme »

Vanessa Fuks, vétérinaire au cabinet Vetarzon à Craponne-sur-Arzon, a pris en charge l’épagneul. « Je vous confirme une centaine de plombs dans tout le corps et à l’intérieur des organes, notamment les poumons, expertise-t-elle. Nous en avons retirer aucun car il y en avait bien trop ».

Elle poursuit : « Le risque maintenant est une contraction du saturnisme (intoxication au plomb) chez Pollux . Ce n’est pas systématique. Mais on estime qu’il faut surveiller la chose au-delà de 30 plombs dans l’organisme ».

« Celui qui a fait ça semble assurément quelqu’un de nerveux et d'inconscient. Si un enfant passe sans faire exprès chez lui, il va aussi lui tirer dessus ? » Vanessa Fuks, vétérinaire

« Si un enfant passe sans faire exprès chez lui, il va aussi lui tirer dessus ? »

À la question de savoir si elle rencontre souvent ce genre de cas similaire à Pollux, elle répond : « Des actes de cruauté envers les animaux, nous en voyons très souvent, lance-t-elle. Il arrive aussi qu’un chasseur tire malencontreusement sur un chien lors d’une partie de chasse ».

Avant de s’étonner : « Là, Pollux a clairement été visé à bout portant. Et cette façon de faire me paraît très inquiétante. Si quelqu’un se plaint d’un chien présent dans sa propriété, il y a d’autres méthodes pour signifier son mécontentement, comme porter plainte, appeler la mairie ou aller voir le maître ».

Une véritable constellation de plombs parsème le corps du chien.
Une véritable constellation de plombs parsème le corps du chien. Photo par Radiographie du cabinet vétérinaire de Craponne-sur-Arzon.

« Des disparitions inexpliquées et des chiens retrouvés morts »

Pour Dimitri De Swarte et son père, il est certain que le tireur a visé sciemment le jeune chien pour le tuer. Si c’est la seconde fois que Pollux est victime de ce genre d’attaque, la première s’étant déroulée en février dernier, ce fait met en lumière un phénomène qui semble toucher ces derniers temps la commune de Bonneval. « Il y a eu plusieurs disparitions de chiens récemment, souligne Nicolas De Swarte. Des disparitions inexpliquées et des chiens retrouvés morts ».

« Tout le monde se connaît ici. Et ça peut arriver à qui que ce soit que son chien divague dans le village. Si un chien pose problème, il suffit de le signaler à la mairie. Pas lui tirer dessus ! Si un gars commence à faire ça en toute impunité, ça sera quoi la prochaine étape ? » Dimitri De Swarte

Pollux ne serait pas un cas isolé de ce genre de "pratique" lamentable.
Pollux ne serait pas un cas isolé de ce genre de "pratique" lamentable. Photo par Dimitri De Swarte

« Refus de prendre une plainte pour mise en danger de la vie d'autrui »

Deux des chiens de Nicolas De Swarte ne sont jamais revenus d’une partie de chasse, « idem pour le voisin de ma fille, non-chasseur, et habitant sur la commune de Bonneval », informe-t-il encore.

« Les gendarmes refusant de prendre les plaintes, où ne s'embêtant plus à enquêter pour ce qu'ils considèrent sans importance, la plupart des personnes de mon entourage ne s'embêtent plus de leur côté à perdre du temps à la gendarmerie.»

Nicolas De Swarte précise encore : « Je possède un courrier recommandé avec AR envoyé à la gendarmerie de Craponne-sur-Arzon, à la suite du refus de prendre une plainte pour mise en danger de la vie d'autrui, documentée comme l'exige la législation dans ce cas, et une autre pour abus de confiance, avec là aussi tous les éléments nécessaires ».

À l’heure actuelle, aucune piste n’est précisée pour désigner un ou des individus même si les cadavres des chiens retrouvés ou les disparitions répertoriées toucheraient essentiellement le monde des chasseurs.

« Il est certain que nous mettrons les moyens nécessaires à la recherche des auteurs »

Zoomdici a contacté la gendarmerie de Craponne-sur-Arzon. Cette dernière assure que toutes les plaintes sont enregistrées et prises en compte. « La déontologie de notre métier nous impose de prendre les plaintes et la loi nous oblige à les considérer de la même façon selon l’article 15-3 du code de procédure pénale », explique un militaire.

À la question de savoir si une enquête a été ouverte sur le sujet, il répond : « Si nous avons assez d’éléments, il est certain que nous mettrons les moyens nécessaires à la recherche des auteurs, notamment pour des faits de cette importance ».

Il invite, en ce sens, à venir jusqu’à la brigade de Craponne, de la Chaise-Dieu ou encore d’Allègre, les trois gendarmeries fonctionnant ensemble. « Nous pouvons aussi prendre leur plainte à domicile », termine-t-il.

 

 

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