Colère agricole : actions coup de poing de la Coordination Rurale
Madama : un frisson d’espoir
Une lueur d’espoir pour lui et ses parents de coeur, Véronique de Marconnay et Eric Durupt, qui se battent depuis de longs mois pour que Madama Diawara obtienne un titre de séjour. Ce jeudi 25 février, la porte de la préfecture semble s’être ouverte de quelques centimètres.
L’affaire a fait, et fait encore, la une de nombreux média à travers la France. Madama Diawara, scolarisé à l’ISVT de Vals-près-le-Puy et accueilli à bras ouverts par des éleveurs à Saint-Geneys-Près-Saint-Paulien pour travailler dans leur exploitation ovine, accumule les documents pour prouver sa bonne foi et son identité.
Lundi 15 février, le couple d’enseignants, tuteurs et parents de cœur du jeune Malien, s’était rendu à la préfecture du Puy-en-Velay pour confier de nouveaux papiers aux services de l’État. L’accès leur avait été refusé, autorisé seulement pour Madama et une personne du Resf (Réseau éducation sans frontières), Céline D’Amore. Quelques minutes après, les larmes avaient alors coulé sur les visages face à la décision ferme de renvoyer Madama Diawara dans son pays en guerre. Une manifestation d’ampleur avait suivi deux jours après rassemblant plus de 600 personnes dans les rues du Puy-en-Velay.
« Ce qui est important, c’est que Madama ne soit pas tout seul »
Ce jeudi 25 février à 10 heures, une même partie du scénario s’est reproduit. Ni Véronique de Marconnay, ni Eric Durupt, ne sont conviés à cet énième rendez-vous. Céline D’Amore et Madama disparaissent ainsi une seconde fois dans les entrailles du bâtiment d’État avec les précieux documents. « J’ai été empêché d’entrer, partage attristée Véronique de Marconnay. Ce n’est pas grave. Bien sûr, j’aurais aimé être là pour le soutenir. Mais ce qui est important, c’est que Madama ne soit pas tout seul et que le dossier avance dans le bon sens ». Avec une voix quelque peu éraillée par l’inquiétude, elle continue : « On a un peu d’espoir aujourd’hui car les nouveaux documents demandés par la préfecture peuvent enfin être présentés ».
« On a pris très soin des nouveaux papiers reçus. Ils proviennent directement du village où est né Madama et précisent clairement son identité. Nous faisons tout ce qui est possible pour satisfaire les demandes administratives de la préfecture ». Véronique de Marconnay
Une attente insupportable
De longues minutes s’étalent devant l’entrée du bâtiment, protégée par cinq agents de police. Une cinquantaine de personnes également sont là, derrière Véronique de Marconnay et Eric Durupt. Quinze minutes plus tard, Madama revient seul. Céline D’Amore est à quelques mètres de là, encore derrière l’enceinte, à discuter avec Eric Plasseraud, le directeur de la citoyenneté et de la légalité. Le couple d’enseignants et Madama se tiennent côte à côte, silencieux, presque immobiles. Leurs regards se posent sur rien, sur tout, sur les chaussures des gens devant eux ou les visages tendus par l’attente. Et enfin, Céline D’Amore rejoint l’attroupement pour expliquer le sort réservé au jeune Malien.
« Le directeur de la citoyenneté et de la légalité a dit que ce n’est pas dans l’intérêt de tous de faire durer cette situation ». Céline D’Amor
Une réponse définitive dans les jours prochains
« On a déposé les documents d’identité de Madama, confie Céline D’Amor. Ce sont de nouveaux extraits de naissance qui vont être expertisés par la Police de l’Air et des Frontière (PAF). Eric Plasseraud nous a indiqués que, l’avocate de Madama ayant déjà scanné les documents la semaine dernière, l’analyse allait se faire assez vite. En attendant, j’ai demandé à ce que Madama puisse avoir un récépissé et une autorisation de travail pour démarrer. Mais pour cela, il faut attendre l’expertise de la PAF. » Elle continue : « Un récépissé est un document qui permet de gravir la première marche avant un titre de séjour. C’est sous la forme d’un petit document cartonné avec une photo qui vous octroie le statut d’être en situation régulière, ce qui n’est pas le cas pour Madama aujourd’hui ».
« Je trouve que c’est une porte ouverte. Oui, je pense que c’est de l’espoir »
Devant cette porte légèrement entrouverte de la préfecture, porte qui apparaissait totalement verrouillée quinze jours auparavant, Véronique de Marconnay souffle ces quelques mots : « Il me semble que oui, il y a de l’espoir. Les documents doivent être examinés par la PAF. On le savait. Mais ce qui me paraît positif c'est le dialogue qui s’est installé entre Céline D’Amore et Monsieur Plasseraud. Il semblerait aussi qu’il y ait un souci de ne pas faire traîner le traitement du dossier. La dernière fois que nous avions donné des documents, cela avait pris des mois. »
Le regard brillant, le visage tourné vers Madama, elle termine ainsi : « Je trouve que c’est une porte ouverte. Oui, je pense que c’est de l’espoir et j’en suis ravie. J’en suis ravie ».
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