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Les restes des momies du Crozatier ont parlé
Dès le hall d'accueil, les visiteurs pouvaient d'ores et déjà admirer les deux momies et leurs sarcophages, la conférence se répétait trois fois dans la journée, à 14h,15h et 16h. La séance de 14h s'ouvrait par une présentation du projet par Huguette Portal, adjointe au maire à la vie culturelle, elle rappellait notamment que cette conférence était la première depuis longtemps et notamment depuis la fermeture du musée, d'ailleurs une nouvelle salle de conférence devrait voir le jour dans le musée Crozatier rénové.
Pour commencer, la conservatrice du musée, Florence Saragoza, rappellait le but et les méthodes de momification. Pour rappel, la momification au temps égyptien, était un rite mortuaire qui avait pour but de permettre la conservation du corps et de ses facultés dans l'au delà. Les égyptiens avaient la croyance du jugement après la mort puisqu'Osiris leur ouvrait ou non l'accès à l'au delà en pesant l'âme representée par le coeur. La conférence continuait ensuite sur ce que l'on savait déja avant les passages au scanner et analyse des échantillons.
Deux momies encore jamais étudiées aux rayons X
Les momies et sarcophages ont étés donnés par deux notables dans le 19ème siècle, ces derniers avaient des attaches familiales vellaves mais avaient notamment fait carrière en partant vers le moyen-orient et l'Egypte. Les 2 momies n'avaient jamais été étudiées aux rayons X ce qui posait un problème en terme de manque d'information. Les dessins présents sur les sarcophages indiquaient qu'il s'agissait de deux momies féminines, en effet, elles avaient des visages de femmes représentées sur les sarcophages visages qui présentaient des coiffures typiques des femmes de l'époque.
L'imagerie à 360° permise par l'équipement du CH Emile Roux, qui collaborait à ce projet, avait pour but de répondre à différentes informations sur ces deux corps. On voulait déterminer , l'âge et le sexe, des signes de maladies ayant pu causer la mort ainsi que les possibles interventions chirurgicales de l'époque. Mais aussi connaître les techniques de momification en regardant s'il y avait encore des organes ou même des bijoux coincés entre les bandelettes.
La première momie, nommée Djedimienet ,une femme, était datée de la basse époque, c'est à dire entre 100 et 300 av JC. Les rayons X ont permis de constater que pendant la momification, les embaumeurs étaient passés par une incision faite sur le flanc pour retirer les organes, que la boîte cranienne était évidée, qu'il y avait du rembourrage au niveau des joues et mâchoires mais aussi qu'une sorte de plaquette était glissée entre les dents pour maintenir leur position. Pour vider le cerveau, on a du passer par le nez, ce qui à occasionné une fracture de ce dernier, visible sur les images. Cette première momie avait une très belle dentition, sans carie et sans manque de dents, ce qui permet d'indiquer que cette personne avait accès à une alimentation saine et variée, signe donc d'une certaine aisance. Mise à part la fracture du nez post mortem, aucune indication ne permet de connaître les causes de la mort, aucune analyse toxicologique ne pouvant être effectuée sur les momies.
Dame Henout est en fait un homme
La seconde momie, Henout était elle datée ( selon son cercueil) du nouvel empire c'est à dire entre 1550 et 1300 av JC, période d'Akhenaton et Toutankhamon. Cette momie avait les bras croisés, le corps vidé mais contenant des petits paquets avec certainement 4 organes enveloppés, la momie avait sur elle une amulette. Son crâne était lui aussi vide, les joues étaient rembourrées et l'on pouvait constater la présence d'une fracture de l'arcade sourcillière mais cette dernière ne pouvait expliquer le décès. Cette momie avait elle aussi une belle dentition.
Les images crées grâce aux rayons X, désignent une surprise, il ne s'agit en réalité pas d'une femme mais d'un homme contrairement aux dessins du sarcophage. Il s'agit donc d'un homme dans un cercueil de femme, signe d'une anomalie de l'ensemble. L'hypothèse la plus probable étant que le cercueil à été échangé ou récuperé pendant la période de "pillage" du 19ème siècle effectuée par les marchands de
momies égyptiens.
L'hypothèse de l'échange de sarcophages confirmée par la datation
En plus de l'imagerie numérique, une datation d'échantillons était effectuée à Paris. Les échantillons prelevées étant d'origine organique ( lin et cheveux ) on pouvait utiliser une méthode de datation au carbone en transformant les échantillons chimiquement, puis en les brûlant pour une graphitisation. Ces analyses ont permis de déterminer que l'homme était daté de la période ptolémaïque (300 à 200av JC ) et non pas de la 18ème dynastie comme l'indiquait le cercueil confirmant l'échange de cercueils. Pour la momie Djedimienet, les dates correspondent puisque le corps est daté dans le début de la basse époque.
L.B.
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