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Les masques, la nouvelle pollution du XXIème siècle
Les chiffres font froid dans le dos. Selon l'ADIT*, entre 6.8 et 13.7 milliards de masques chirurgicaux sont utilisés annuellement…en France. Ce qui représente 40 000 tonnes de plus dans l'abyssale balance des pollutions diverses et variées. Jean-Williams Semeraro, personnalité publique du Puy et membre du conseil d'administration des Démocrates pour la Planète, indique comment certains départements se battent pour remporter ce lourd défi contemporain.
Les masques à usage unique que toutes et tous connaissent sont constitués de trois matériaux principaux. Un élastique de fixation en caoutchouc, une barrette nasale métallique recouverte de plastique, et surtout trois couches en polypropylène, source de pollution. Cette dernière matière représente 90% du masque.
"Le recyclage des masques n’a pas constitué une priorité ni pour les pouvoirs publics, ni pour les industriels du recyclage"
Face à la masse démesurée des masques produits (presque en totalité par la Chine), utilisés, et surtout jetés dans la nature, certains politiques, militants, municipalités et entreprises tentent de s'interposer devant l'hécatombe.
"La pandémie de Covid-19 a entraîné une demande accrue de plastiques à usage unique qui intensifie la pression sur le problème colossal des déchets plastiques, écrit Jean-Williams Séméraro dans un courrier en date du 1er février et destiné aux parlementaires de la Haute-Loire, aux maires et au Conseil départemental. En 2020, nous avions peu de visibilité sur l’évolution de la consommation de masques. Nous savons aujourd’hui qu’ils font partie de notre quotidien. Or, le recyclage des masques n’a pas constitué une priorité ni pour les pouvoirs publics, ni pour les industriels du recyclage".
L’ONU estime que la production a été multipliée par 200 et que 1,5 milliard de masques ont déjà fini dans les océans.
"Le pollueur mangera ainsi sa propre pollution en ayant, au passage, mis en danger l'environnement et toute la biodiversité"
D'après le courrier de Jean-Williams Séméraro, un masque jetable "met plus de 400 ans à se décomposer quand il est jeté dans la nature, en ayant entre-temps émis des milliers de particules de microplastique." Il déplore aussi : "Nous les retrouvons trop souvent par terre, dans les rues et sur les trottoirs de nos villes et les chemins des campagnes."
Il explique enfin le parcours d'un masque qui, pris dans un cours d'eau, termine forcément dans l'océan. Il sera ensuite ingéré par des oiseaux ou des poissons pour finalement se retrouver…dans nos assiettes. Le pollueur mangera ainsi sa propre pollution en ayant, au passage, mis en danger l'environnement et toute la biodiversité.
La répression du dépôt sauvage de masques a été renforcée en décembre dernier, le montant de l’amende ayant été porté à 135 euros, contre 68 euros auparavant.
"S'il n'y pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème"
S'inspirant de la pensée des Shadoks qui disaient en leur temps : "S'il n'y pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème", Jean-Williams Séméraro rappelle le contenu de la Mission sur le traitement des masques usagés, mission présentée par Danielle Brulebois et Gérard Leseul le 28 janvier dernier à l'Assemblée nationale. Son contenu dépeint le sombre constat décrit plus haut mais aussi l'exemple d'entreprises novatrices qui recyclent les masques.
Dans cette étude, les deux co-rapporteurs nomment l'entreprise Neutraliz, à Tours (37). Cette dernière, avec le soutien de la municipalité, a développé un système de collecte de tri et de recyclage. 500 bornes de collecte transparentes sont réparties dans 180 zones fréquentées par le public. Une entreprise d’insertion s'occupe de la collecte. Les masques subissent alors un processus de désinfection, de broyage et de lavage. La matière est ensuite transformée en polypropylène pur qui servira à fabriquer d'innombrables objets en plastiques.
En seulement deux mois, près de 500 000 masques ont été collectés par l'entreprise Neutraliz. La collecte a été multipliée par quatre entre décembre et janvier.
Du masque au rapporteur
Autre pionnier, l'entreprise Plaxtil dans la Vienne (86). Une cinquantaine de bornes de collecte ont été disséminées dans l'agglomération de Châtellerault auprès des commerçants. Comme sa consœur Touraine, ce sont des structures d'insertion qui collectent et trient. Ensuite ? Les 500 000 masques récupérés en moins de 6 mois deviennent des règles, des équerres en encore des rapporteurs pour les élèves. L'usine produit ainsi jusqu'à 3 000 kits "rentrée" par jour qui sont redistribués dans les villes où les masques ont été collectés.
D'autres entreprises sont citées dans la Mission sur le traitement des masques usagés, toutes florissantes d'idées comme celles de la Plastic Vallée dans l'Ain (01) où la matière des masques est convertie en tee-shirts et vêtements confectionnés en textile technique haut de gamme.
Une étude indépendante révèle que près de 3,5 milliards de masques ou de protections faciales sont jetés chaque jour. En Asie, on jette près de 2 milliards de masques quotidiennement, la plus grande quantité de tous les continents.
"Sur le modèle de ce qui existe aujourd’hui pour les piles"
Jean-Williams Séméraro partage les conseils délivrés par les professionnels sur la collecte. "Pour les particuliers à leur domicile, les masques doivent être jetés dans la poubelle grise et surtout pas dans la jaune." Les entreprises classiques de recyclage ne sont pas capables d'imiter les usines spécialisées. Les masques ainsi retrouvés sur la chaîne de tri génèrent un risque pour les ouvriers mais mettent aussi à mal les machines embarrassées par les élastiques.
Pour les lieux collectifs, Jean-Williams Séméraro rapporte l'argument des Démocrates pour la planète : "Des points de collecte dédiés pourraient être développés. Ils pourraient se situer dans les grandes entreprises, à la sortie des supermarchés, dans les établissements d’enseignement, dans les lieux d’accueil du public... sur le modèle de ce qui existe aujourd’hui pour les piles. L’objectif est de massifier les flux de masques à recycler".
"Nous faisons appel à vous (parlementaires, maires...) pour participer à mettre en place des actions fortes afin de réduire l’impact des masques sur l’environnement et faire face à cette nouvelle forme de pollution". Les Démocrates pour La Planète
"Les masques chirurgicaux maintiennent leurs performances de protection après plusieurs cycles de lavage à 60°C avec détergent"
Enfin, la dernière piste soulevée est le lavage des masques chirurgicaux. "Cette solution est proposée par un consortium de chercheurs, est-il indiqué dans le rapport présenté à l'Assemblée nationale. Ils assurent avoir démontré dès avril 2020 que les masques chirurgicaux maintiennent leurs performances de protection après plusieurs cycles de lavage à 60°C avec détergent."
Danielle Brulebois et Gérard Leseul nuancent tout de même : "Il convient de se montrer prudent. Le lavage des masques par les particuliers peut contribuer à augmenter la présence du virus de la covid-19 dans les eaux usées, bien qu’il n’existe pas d’études sur le sujet".
En tous cas, ce qui existe, c'est bien des solutions. Reste plus qu'à trouver la volonté politique et économique de les appliquer dans notre département et au-delà.
* : ADIT, Agence pour la Diffusion de l’Information Technologique
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2 commentaires
et aujourd'hui les français parle que d'écologie ont a droit de rire ????
Combien d'amendes ont été dressées ?
C'est effarant le nombre de masques jetés sur la voie publique ; aux abords des lieux où ils étaient obligatoires, les supermarchés par exemple. En sortant un coup de pouce et hop le masque au sol. Il y a des hommes, agents municipaux, qui les ramassent parce qu'il était facile de les déposer dans un poubelle, alors pensons à eux !