Les fermes bio gagnent du terrain en Haute-Loire

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 06/03/2024 à 04:00

Mardi 5 mars, l’association Haute-Loire Biologique a tenu son assemblée générale à Polignac. En dépit du contexte inflammable qui secoue le monde agricole, le bio progresse dans le département avec l’implantation de 31 fermes en plus en 2023.

Plus qu’un mode de production, c’est aussi une philosophie, une éthique et une volonté de respecter l’environnement et le consommateur. Le bio, c’est zéro pesticide, zéro fongicide, des petites fermes et des espaces réduits.

Face à d’innombrables paradoxes qui identifient la France, comme celle d’imposer des règles fortement restrictives aux agriculteurs de l’Hexagone pendant que des accords internationaux sont conclus pour importer en France des produits dispensés de ces mêmes règles, le bio apparaît comme être « l’agriculture d’avenir » pour manger sainement tout en respectant ces artisans de la terre.

Zoomdici a rencontré deux des piliers de Haute-Loire Biologique (HLB), association des agriculteurs et agricultrices biologique du département. Cloé Montcher, animatrice à HLB, et Gilbert Montagnon, producteur de plantes à Rosières et trésorier de l’association.

Lors de l'AG de Haute-Loire Biologique du 5 mars 2024 à Polignac.
Lors de l'AG de Haute-Loire Biologique du 5 mars 2024 à Polignac. Photo par DR

Que représente le bio en Haute-Loire ?
Cloé Montcher
 : « Nous avons environ 600 fermes bio dans le département sur environ 4 000 fermes au total. Cela représente un peu plus de 15 %. Idem pour la surface agricole utilisée par le bio. En 2023, 31 fermes ont rejoint la cause ».

Par rapport aux autres départements en France, est-ce un bon ratio ?
Cloé Montcher : « Oui, car nous sommes plus élevés que la moyenne nationale. Au niveau de la région, on est dans la moyenne. Certains départements pourtant très ruraux comme le Cantal ou l’Allier sont par contre à la traîne ».

Comment peut-on définir une ferme bio ?
Gilbert Montagnon : « C’est une production qui s’appuie sur une charte très complète sur l’agriculture biologique. L’agriculteur se doit de suivre un cahier des charges précis afin de bénéficier de la certification Bio. Aucun intrant chimique ne doit, par exemple, être utilisé. Nous sommes soumis à un contrôle annuel pour vérifier que tout est en conformité avec la charte ».

Outre le mode opératoire du bio, n'y a-t-il pas aussi une sorte de philosophie ?
Gilbert Montagnon : « Si, bien sûr. Pour faire du bio, il faut déjà en avoir envie. Et pour en avoir envie, il faut être sensible et conscient de la fragilité de l’environnement, des écosystèmes, de la biodiversité et de la terre elle-même. Pour cela, il faut accepter de surveiller très attentivement les cheptels et les cultures, et faire principalement des ventes directes notamment sur les marchés. C’est un travail de longue haleine que seuls les passionnés peuvent s’y investir ».

Quel est le profil de la production bio en Haute-Loire ?
Cloé Montcher : « C’est assez diversifié, mais on reste quand même sur une majorité de bovin lait et bovin viande. Néanmoins, il y a une tendance à l’émancipation en voyant des productions différentes voir le jour, comme l’apiculture, les plantes aromatiques et médicinales, les fruits et les volailles ».

Est-ce que le bio se positionne à contre-courant des grosses productions appuyées par l’État ?
Gilbert Montagnon : « Sûrement. Mais que veux-t-on faire ? Si on veut nourrir la planète entière, alors continuons à ouvrir des mégas structures. Nous, nous ne voulons pas ça. Nous voulons faire un travail de qualité et être certain de proposer aux consommateurs les produits les plus sains possibles. Je pense que nous arriverons à résoudre les problèmes actuels en développant l’agriculture à taille humaine et d’envergure locale ».

Le bio est-il aussi dans la tourmente à l’instar des structures agricoles dites conventionnelles ?
Gilbert Montagnon : « Oui, nous ne sommes pas épargnés. Beaucoup de choses ne vont pas. Mais il y a tellement de formes de productions différentes qu’il est difficile de trouver des solutions qui satisfassent l’ensemble. Pour le bio, c’est le pouvoir d’achat des consommateurs qui nous impacte directement. Malgré l’assurance d’acheter un produit de très bonne qualité, de plus en plus de consommateurs vont opter pour un produit non-bio, qui a poussé à grand coup de pesticides, mais moins proposé moins cher dans les rayons des grandes surfaces ».

 

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