L’eau : au cœur des tourments

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 18/11/2023 à 04:00

Ce 17 novembre, entre les murs du Département de la Haute-Loire, de nombreux acteurs influents ont abordé un sujet à la fois local et planétaire : l’eau et son devenir.
Quelle solution pour sauver cette ressource sans qui rien ne serait ? Et sans qui rien ne sera si les humains s’obstinent à fuir du regard l’incendie qui dévaste aujourd’hui notre maison à tous.

Le rendez-vous s’appelle les Assises de l’eau. Un adjectif puisé dans le jargon judiciaire pour développer un sujet où nous sommes tous coupables, à plus ou moins grande échelle, de l’hécatombe en cours.

Dans la grande salle du Conseil départemental, la préfecture, les syndicats de l’eau, l’ingénieur météorologique Louis Bodin, des élus départementaux... Les forces et les cerveaux se mettent ensemble pour envisager des solutions quant à la carence manifeste de l’or bleu.

« Depuis deux ans, la sécheresse fait ressentir à la Haute-Loire les effets du changement climatique, déplore Yvan Cordier, préfet du département altiligérien. Les étés sont plus chauds et plus secs. Nous avons le devoir de nous adapter à ce changement structurel. Nous avons un défi collectif à relever ».

Un volume d’eau transporté 126 fois plus qu’en 2021 en Haute-Loire

Pour illustrer son observation, il rappelle certains faits déroutants qui ont meurtri les terres vellaves. En 2022, 40 communes ont connu un assèchement de leurs puits d’eau potable. Elles ont dû recourir au transport d'eau par camion citerne pour un volume total de 9 000 m3, soit 126 fois le volume transporté en 2021.

En 2023, 24 communes ont connu une telle situation. Les nappes d'eau souterraines n'ont jamais connu des niveaux aussi bas. Au plus fort de la crise, plus de 50% des cours d’eau ont été totalement asséchés.

Les retenues de Lavalette connaissent des taux de remplissage record à la baisse. À la fin 2022, le taux de remplissage était de 30 %. Pour la retenue d’eau de Naussac, le taux de remplissage est de 21 % aujourd’hui.

« Pour économiser l’eau de la retenue de Naussac »

Suite à ce rapport qui donne le tournis tant ces exemples s’accroissent à une vitesse et à une ampleur sans précédent, Yvan Cordier partage les dispositions prises récemment. « J’ai réuni le 25 septembre les élus du brivadois pour solliciter leur avis sur une diminution du soutien à l’étiage de l’Allier pour économiser l’eau de la retenue de Naussac. Cette décision est délicate car elle peut avoir des effets sur les puits d’alimentation en eau potable ».

« De fin septembre à fin octobre, la quasi-totalité de la Haute-Loire a été placée en situation de crise, impliquant des restrictions importantes ». Yvan Cordier

Les terres de la Haute-Loire n’échapperont pas à la soif

Le représentant de l’État dévoile l’étude du SIDAM (Service interdépartemental pour l'animation du Massif central) sur l’impact du changement climatique en Haute-Loire à l’horizon 2050. « Elle révèle une hausse de la température de 0,4 ° tous les dix ans, une détérioration du bilan hydrique, de l’ordre de 10 cm en 50 ans sur le nord-ouest du Massif jusqu’à 30 cm sur le sud. Il devrait y avoir une modification dans la distribution des pluies, avec une baisse au printemps et une hausse à l’automne ».

Une arme d’organisation massive

Les priorités d’actions proposées par le préfet sont au nombre de trois. « La première est de mieux s’organiser pour gérer la ressource en eau », énonce-t-il. Une idée qui semble couler de source.

Il développe en ce sens : « Il s’agit de continuer à se préparer au transfert de la compétence eau et assainissement au 1er janvier 2026 aux communautés de communes » D’après lui, ce transfert devrait simplifier l’organisation sur la question.

« Les 4 départements auvergnats ont lancé une étude de géophysique afin de mieux connaître le sous-sol et les ressources en eau souterraine sur le Devès ». Yvan Cordier

Fermer le robinet général

Deuxième axe de combat, l’économie de l’eau. « Le plan de l’État prévoit une réduction de 10 % d’ici 2030 de nos prélèvements en eau au plan national, communique Yvan Cordier. Mais économiser l’eau et sécuriser les réseaux par de nouvelles interconnexions nécessitent un effort d’investissement. Ces investissements seront aidés par l’État et par l’Agence de l’eau Loire-Bretagne ».

L’Agence de l’eau va signer le 30 novembre prochain, en préfecture, trois contrats de résilience (CC de Cayres Pradelles, la CC Loire Semène et le Syndicat de gestion des eaux du Velay). Ceux-ci visent à réduire les fuites et sécuriser les approvisionnements grâce à des ressources durables.

La connaissance comme pilier d’équilibre

Pour le préfet, la dernière priorité est l’amélioration de la connaissance de notre ressource et des prélèvements opérés. « Cette connaissance des enjeux doit permettre un partage équitable de l’eau entre ses différents usages : eau potable, hydroélectricité, irrigation, loisirs, tout en préservant la qualité des milieux ».

Il précise aussi : «  Il y a la question du partage de la ressource avec l’Ardèche, qui devra être pris en considération lors du renouvellement de la concession de Montpezat. Il me semblerait utile que la Haute-Loire puisse disposer d’un niveau d’expertise aussi élevé que l’Ardèche ».

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