Le club de Natation du Puy-en-Velay démarre la saison en force
L'apnée : une discipline qui ne manque pas d'air !
La phrase nous est lancée au carrefour des sports : " Vous verrez, c'est incroyable et tellement relaxant ! Vous pouvez venir essayer si vous voulez !" Le stand est bleu azur : "Espartel", club d'apnée. Ne pas respirer procurerait donc du bien-être ? Improbable, mais il convient de mener l'enquête...
Quel est le point commun des éléments suivants dans la vie de Mathias Aczel : ancien asthmatique, pratiquant de yoga et de plongée, enseignant d'arts martiaux et vétérinaire passionné de cétacés ? La respiration. Voilà donc le profil du président d'Espartel, premier club d'apnée altiligérien. Une aventure humaine qu'il lance accompagné d'une équipe de licenciés soudée et bienveillante. Quant à la respiration, elle est le cœur même de cette discipline tant sportive que de bien-être.
"Pour apprendre à ne pas respirer, il faut d'abord apprendre à respirer", explique Mathias
Il est tout d'abord utile de comprendre que, même si on arrête de ventiler, la respiration continue au niveau cellulaire. En apnée, l'objectif est d'être le plus détendu possible pour ralentir les battements du cœur et ainsi diminuer la consommation d'oxygène cellulaire. Par le contrôle de la respiration, l'organisme et les influx nerveux se calment. Une cohérence cardiaque se met en place avec la respiration, provoquant un état modifié de conscience proche de l'auto-hypnose. L'apnée passe par l'apprentissage de ce conditionnement mental.
Un cours en pratique
Toute séance commence par un temps d'échauffement hors de l'eau. Les enchaînements dynamiques laissent place aux étirements, puis aux indispensables exercices de respiration. On inspire par le nez (et avec le ventre attention !), on retient, on souffle par la bouche... Variation de tempo, de position, de durée... Les apnéistes sont parallèlement bercés par les clapotis de l'eau voisine, leurs muscles se détendent et les esprits s'évadent. Les voici en état de commencer la séance en piscine.
Le relâchement continue désormais dans l'eau, en se laissant porter. Extérieurement, cette vision de corps flottant semble incongrue. Mais pour les apnéistes, quel bonheur ! Bercés par d'infimes vaguelettes et caressés par d'insignifiants courants, leur corps leur échappe et les dernières tensions se relâchent. Tout devient harmonie et légèreté.
Début des exercices. Les binômes se mettent en place : un apnéiste n'est jamais seul. Pendant que l'un fait un exercice, l'autre le surveille, vérifiant régulièrement son état de conscience. Les consignes varient : apnée poumons pleins, apnée poumons vides, variation des temps de récupération... Lors des séances dites dynamiques, s'ajoutent les déplacements, avec ou sans palmes.
Arrivent ensuite ces désagréables soubresauts qu'il faut apprendre à ignorer. C'est l'organisme qui réagit : non par manque d'oxygène, mais en raison de l'augmentation du gaz carbonique dans le corps. Continuer de rester détendu, se détacher de son corps et passer outre. Tel sera le défi.
Plusieurs disciplines en une
Apnée statique : retenir sa respiration en restant immobile,
Apnée dynamique : parcourir la plus grande distance possible en immersion (avec ou sans palme),
Apnée en immersion libre : descendre et remonter sans palme en se tenant à une corde,
Apnée à poids constant : descendre et remonter le long d'une corde avec un lest
Apnée "No Limit" : descendre avec une gueuse lestée et remontée avec un ballon/câble.
C'est cette discipline qui est présentée dans "LE GRAND BLEU": celle qui permet d'aller le plus profond, mais qui est aussi la plus dangereuse.
La sécurité avant tout
Mais attention, l'apnée et ses risques de syncope en font un sport nécessitant de la vigilance. Les signaux d'alerte sont connus et chacun surveille les comportements "suspects" de son partenaire. Ils étaient d'ailleurs nombreux, en début de saison, pour suivre la formation AIDA 2 qui fait un point sur la sécurité et leur autorise la pratique autonome de l'apnée en binôme.
Un sentiment d'angoisse peut gagner les apnéistes, notamment lors des entrainements en fosse ou en milieu marin. Avec la profondeur, la pression sur l'organisme augmente. En effet, l'eau est environ 800 fois plus dense que l'air et la pression augmente d'un bar tous les 10 mètres de profondeur :
Un corps humain, à 10 mètres de profondeur, supporte une pression double de celle en surface.
Quelques records
Stéphane Mifsud, français : 11.35 min en apnée statique,
Mateusz Malina, polonais : 300 mètres de distance avec palmes et 244 sans palmes,
Alexey Molchanov, russe : record du monde avec palmes en 2024 avec une plongée de 125 mètres en 4.32 minutes
Alice Modolo, de Clermont-Ferrand : vice-championne du monde en monopalme en 2023 avec une plongée à 100 mètres en 2.56 minutes.
Guillaume Nery, français : record de France en monopalme en 2015 avec une plongée de 126 mètres en 3.19 minutes
Des organismes apaisés
À la sortie des bassins, les organismes sont vidés, apaisés. Barbara et Anne Do' décrivent : "Après une séance d'apnée, on a l'impression que notre esprit s'est séparé de notre corps. On se sent détendues, relâchées et apaisées. On a désactivé notre mental et on se sent juste bien, reconnectées à nous-mêmes."
C'est en effet ce sentiment de bien-être que viennent chercher les licenciés d'Espartel. Le lâcher prise et ses concomitantes hormones du plaisir. De quoi mettre l'eau à la bouche.
Partant de zéro, Espartel se structure et recherche des financements, notamment pour des équipements de sécurité, mais aussi pour assurer le perfectionnement de ses adhérents par des sorties en fosse et en mer.