"Je vis donc je suis !", le cri de "Soulager mais pas tuer" contre l’aide active à mourir

Par EMa , Mise à jour le 05/04/2023 à 12:00

Emmanuel Macron s'est exprimé ce lundi 3 avril, à l’issue d'une rencontre avec les membres de la convention citoyenne sur la fin de vie. Le chef de l’État n’a pas promis de reprendre leurs propositions, mais a affirmé vouloir un projet de loi « d’ici la fin de l’année ». À la suite de cette prise de parole, ce mardi 4 avril, à 12h, le collectif Soulager mais pas tuer, s’est réunis sur la place Cadelade au Puy. Il s’oppose notamment à une ouverture de l’aide active à mourir évoqué prudemment par le président de la République et jugé « nécessaire » par la convention citoyenne.

Ce lundi, au lendemain de l'adoption du rapport final de la convention citoyenne sur la fin de vie, qui juge notamment « nécessaire » d'autoriser le suicide assisté et l'euthanasie, le président de la République, a pris la parole pour annoncer vouloir un projet de loi « d'ici la fin de l'été ».

Un « plan décennal national » pour les soins palliatifs

« Notre système de santé se trouve dans une situation alarmante, faute de moyens humains et financiers », explique la convention citoyenne sur la fin de vie dans son rapport final. En réponse, Emmanuel Macron, a dit vouloir renforcer l’accès aux soins palliatifs avec un « plan décennal national pour la prise en charge de la douleur et pour les soins palliatifs ». Un plan qui sera accompagné des « investissements qui s’imposent », a poursuivi le président de la République.

Le flou autour de la question de l’aide active à mourir

En revanche, le chef de l’État s’est prononcé prudemment sur l’aide active à mourir qui est défendue par une majorité des membres de la convention citoyenne : « J’ai une opinion personnelle qui peut évoluer. J’ai aussi une responsabilité de concorde en tant que président de la République », a-t-il lancé.

Il a ajouté vouloir créer un « modèle français de la fin de vie, s’appuyant sur les travaux de la convention citoyenne », mais sans promettre que les recommandations seraient reprises.

« Je vis donc je suis ! », le message du collectif Soulager mais pas tuer dans 40 villes de France

« Je vis donc je suis ! » C’est le nom de la campagne nationale lancée ce mardi par le collectif Soulager mais pas tuer pour que chacun se sente digne de vivre sa vie jusqu’au bout. C’est aussi la réponse du collectif aux participants à la Convention citoyenne sur la fin de vie qui se sont prononcés en faveur d’une « aide active à mourir ». Et c’est enfin un message adressé au président de la République après son annonce d'un projet de loi sur la fin de vie d’ici la fin de l’été.

Ce mardi 4 avril, 12h, sur la place Cadelade au Puy, le collectif Soulager mais pas tuer
Ce mardi 4 avril, 12h, sur la place Cadelade au Puy, le collectif Soulager mais pas tuer Photo par Martinet Enzo

« Autoriser le suicide assisté, c’est le promouvoir et le promouvoir, c’est dire au gens qui sont en difficulté : "Arrêtez de vous battre, ce n’est pas la peine !" »

« Des lois qui vont dans le sens de l’euthanasie et du suicide assisté, poussent sur le côté les personnes en fragilité. Il faut que la vulnérabilité ait sa place dans notre société. Autoriser le suicide assisté, c’est le promouvoir et le promouvoir, c’est dire au gens qui sont en difficulté : "Arrêtez de vous battre ce n’est pas la peine" », a lancé Isabelle Gastal membre du collectif.

« Se dire qu’on va chercher à éliminer les personnes vulnérables d’un moyen ou d’une autre, ce serait une régression sociale extrêmement grave », a justifié Emmanuel de Ceyrac membre de Soulager mais pas tuer.

Emmanuel de Ceyrac et Isabelle Gastal du collectif Soulager mais pas tuer
Emmanuel de Ceyrac et Isabelle Gastal du collectif Soulager mais pas tuer Photo par Martinet Enzo

Matérialisée par des affiches et des tracts, cette campagne s’est aussi concrétisée dans la rue. Des chaînes humaines se sont ainsi formées dans 40 villes de France. Au Puy-en-Velay, ils se sont rassemblés place Cadelade. Des personnes de toute condition, bien portantes ou fragilisées par l’âge, la maladie ou le handicap se sont réunies dans cet événement. Ils manifestent l’importance de chaque maillon pour assurer la résilience de la chaîne de solidarité de toute la société.

« On va me répondre : "moi, j’ai la liberté de faire ce dont j’ai envie avec mon corps", mais il faut savoir où s’arrête la liberté de chacun, parce qu’elle engage aussi la liberté d’autres personnes. »

« Le problème d’une loi en faveur du suicide assisté, c’est que dans les années à venir, il y aura des coups de canif pour élargir son plan d’action et on ne pourra plus rien maîtriser. Notre position est claire : non, au suicide assisté, non, à l’euthanasie, car c’est une dégénérescence de nos sociétés. Après, on va me répondre : "moi, j’ai la liberté de faire ce dont j’ai envie avec mon corps", mais il faut savoir où s’arrête la liberté de chacun, parce qu’elle engage aussi la liberté d’autres personnes », a déclaré Emmanuel de Ceyrac

« La valeur d’une société, pour nous, se mesure à l’attention qu’elle porte à ses membres les plus fragiles. Le problème, c’est que souvent, on présente le débat comme s’il fallait choisir entre souffrir ou mourir et nous, on dit non, il y a un troisième choix, ce sont les soins palliatifs. Il faut être davantage solidaire parce que ce qui tue les personnes les plus vulnérables, c’est l’exclusion sociale. Ce n’est pas humain de laisser des personnes aussi isolées », a conclu Isabelle Gastal.

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Vos commentaires

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10 commentaires

ven 07/04/2023 - 14:48

J'ajouterai que mon épouse est infirmière. Sa mission et de soigner et de soulager. Donner la mort est à l'opposé de l'éthique de sa profession. 

ven 07/04/2023 - 14:42

Respect pour les propos de Al. Mais, se garder des postures « à la va-vite » et «je sais tout », unilatérales et idéologiques (co, ga ba). Mon jeune fils est très lourdement handicapé. Nous nous sommes sacrifiés même si nous savions que c’était sans espoir. Nous débordons de joie lorsqu’il esquisse un sourire et témoigne de son amour infini. Lorsqu’on parle d’ « euthanasie », nous avons en mémoire l’expérience de l’Action T4 du régime nazi. Les meilleures raisons évoquées à l’époque pour supprimer les handicapés mentaux : soulager les familles, empêcher de souffrir et surtout réaliser des économie. Après notre mort, la société consentira t’elle à dépenser autant d’argent pour un individu qui ne lui rapporte rien ?

jeu 06/04/2023 - 12:10

C'est terrible. Nous sommes en 2023, cela fait maintenant plus de 30 ans que le débat a lieu et que le reste de l'Europe a avancé sur le sujet. Et nous, en bon pays des extrêmes, on écoute les "Marie-Clotilde De La Bonne Morale" et les "Charles-Alexandre du Clocher du Puy" ... Il faudrait quand même que tous ces adeptes des pancartes et de la rue comprennent que la légitimité à mettre en avant son opinion comme supérieure aux autres se joue dans la science, les études et les urnes. A ce que je sache, ni l'Eglise, ni les amis de Boutin ne remplissent notre Assemblée Nationale.      

jeu 06/04/2023 - 11:23

Et puis, c'est complètement hypocrite. Tous les médecins savent qu'en soins palliatifs, lorsqu'on sédate profondément un.e malade pour soulager ses souffrances, on empêche le corps de lutter et on favorise la survenue du décès.

jeu 06/04/2023 - 11:17

Il faut être bien égoïste pour ne pas accepter de laisser le choix aux intéressé.e.s..

C'est à celui qui souffre de décider, non ? pas à sa famille, même si cela heurte leurs valeurs morales, éthiques et surtout religieuses.

mer 05/04/2023 - 17:10

Personne, malgré de l’écoute, n’a pu nous proposer autre chose que de la regarder souffrir malgré la morphine et de toute façon les douleurs physiques ne sont rien par rapport aux douleurs, violences, morales qu’elle a dû endurer. Inimaginable, insupportable. Aider les personnes dans cet état, c’est la moindre des choses !

mer 05/04/2023 - 17:10

Je viens de perdre ma mère. Elle a passé ses 3 dernières années dans une unité Alzheimer. Très rapidement elle a perdu la majorité de ses capacités intellectuelles, ne connaissant plus personne, ne pouvant plus parler, plus lire, plus… rien. Elle portait des couches. Elle nécessitait une assistance pour manger, marcher, se laver, se changer, dormir, tout… Elle a eu d’innombrables problèmes physiques : chutes, plaies, fractures, opérations, infections, esquarres, phlébites… UN CALVAIRE ! Jamais notre mère n’aurait voulu vivre ça, elle nous l’avait dit. Et surtout jamais notre mère, comme aucun parent, ne voudrait imposer de telles années de souffrance à nous, à ses enfants. Il a fallu attendre sa fin, atroce.

mer 05/04/2023 - 16:16

"ma", c'est quoi ces chiffres de l'INSEE?  Lorsqu'on fait une recherche sur leur base de donnés, aucune de leur études statistique ne parle de la fin de vie.  Par contre le Figaro indiquait en 2016, que 80% des français sont pour l'euthanasie (données consultables sur leur site) et  en 2019 ce chiffre monte à 96% d'après Ipsos (à lire sur le Quotidien du médecin.fr). Quant à la Suisse, bien qu'elle pratique le suicide assisté, elle développe aussi davantage les soins paliatifs de qualité, c'est complémentaire! 

mer 05/04/2023 - 15:09

Oui au renforcement des soins palliatifs, oui au droit individuel de choisir sa fin de vie (y compris l'euthanasie, ou le suicide). Ces droits ne s'opposent pas, ils sont complémentaires et incarnent tous deux la dignité humaine. La France a un retard colossal laissant les familles et les mourants  en souffrance faute d'accéder aux dernières volontés et laissant subir parfois d'horribles et longues souffrances indignes et abjectes (obligé d'aller mourir en catimini en Belgique ou en suisse). Il faut évoluer, les dogmes moyen-âgeux où l'on gagnait le paradis grâce à la souffrance pour mieux contrôler l'ordre social n'a plus lieu d'être, l'Humanité mérite mieux.

mer 05/04/2023 - 13:27

Les termes "tuer", "éliminer les personnes", sont-ils appropriés à ce sujet sociétal, sachant qu'il s'agit de répondre à la problématique de fin de vie ? Les soins palliatifs ne résolvent pas tout et laissent parfois des souffrances insupportables à certaines personnes atteintes de maladies incurables. Cela n'interdit pas d'encadrer les décisions afin que ne s'installent pas des dérives inconvenantes ! Il ne s'agit donc pas ici, de "liberté" ! Enfin, je ne vois pas le rapport avec la "vulnérabilité" et "l'exclusion sociale" !

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