Changement d'organisation pour les 4 déchetteries du bassin ponot
Entre offre et demande d'emploi, un serpent qui se mord la queue ?
C'est un phénomène national auquel la Haute-Loire n'aura pas échappé : de nombreuses entreprises éprouvent aujourd'hui des difficultés à recruter, et de nombreux candidats peinent à trouver du travail. Plus qu'une impression, c'est un phénomène confirmé par les chiffres, qui mettent avant des tensions dans presque tous les secteurs.
« Au Puy (comme en Haute-Loire, Ndlr), il y a des tensions en termes de recrutement. Actuellement, on a beaucoup d'offres : 323 pour être exact. Les entreprises peinent à recruter, et les demandeurs d'emploi peinent à en trouver. »
Fatiha Nasri, directrice de l'agence France travail du Puy-en-Velay analyse ainsi le marché de l'emploi actuel, sur sa zone géographique.
Quelques chiffres de l'emploi en Haute-Loire.
9614, c'est le nombre total d'offres d'emploi diffusées entre juin 2023 et juin 2024.
Ce chiffre a baissé de 7,8 % par rapport aux 12 mois précédents. Il représente 3,85 % des offres parues à l'échelle nationale.
Le principal secteur recruteur en Haute-Loire sur la période juin 2023 - juin 2024 est l'administration publique, avec 1 263 offres. Suivi de celui de la restauration traditionnelle (973) et de la restauration rapide (654).
85 % des projets de recrutement du secteur de la construction sont jugés difficiles.
Presque tous les secteurs concernés
Une situation selon elle tendue, qui implique des difficultés, qu'elles soient pour l'employeur ou pour le demandeur d'emploi, et qui ne sont pas spécifiques à un secteur particulier.
En effet, si le secteur des services* est le plus en difficulté au Puy (62 % en moyenne, allant de 98 à 34 % de projets jugés difficiles), la construction, l'industrie manufacturière, l'agriculture et l'industrie agroalimentaire, ainsi que le commerce sont également concernés.
En Haute-Loire, c'est près de 60 % des projets dans les services qui sont jugés difficiles.
Enfin sur le département comme à l'échelle du bassin ponot, c'est l'administration publique et l'enseignement qui sont le plus épargnés, avec environ 35 % des projets jugés difficiles.
services* : transport et entreposage, santé humaine et action sociale, services aux entreprises, associations et autres services personnels, banque assurance immobilier information, hébergement et restauration ou encore administration publique et enseignement.
« Depuis la crise covid, les gens ne veulent plus travailler de la même manière. Beaucoup ont entamé des reconversions, et beaucoup refusent des conditions qu'ils jugent trop difficiles. »
Pour elle, si les difficultés s'intensifient de chaque côté, c'est pour plusieurs raisons. Et bien qu'elle ne prétende pas avoir la réponse absolue à la question, elle évoque d'abord la piste d'une volonté de changer de manière de travailler chez les salariés.
Elle souligne par ailleurs, côté employeur cette fois, que les profils des candidats sont de moins en moins nombreux, et donc souvent plus jeunes, plus âgés, moins qualifiés ou plus éloignés de l'emploi. Des profils généralement plus difficiles à choisir.
Alors pour répondre à ces problématiques, Fatiha Nasri précise que France Travail met en place de nouvelles solutions de recrutement.
Pour Fatiha Nasri, « il faut trouver une adéquation entre ces deux publics. France Travail tente en ce sens, par de nouveaux outils, d'apporter des solutions pour mettre en lien cette offre et cette demande ».
Elle souligne en effet qu'en situation de plein emploi (ou presque), les entreprises doivent « composer avec les profils disponibles », fréquemment les plus éloignés de l'emploi. Les recruteurs doivent alors « s'adapter, communiquer différemment, et attirer les candidats par des avantages. »
Pour cela, des nouvelles méthodes sont mises en place, par simulation, par "job dating", par "rencontres à l'aveugle" (sans savoir qui sont les recruteurs et les employeurs), etc.
Pour rendre accessibles ces nouvelles démarches adoptées par les entreprises, France Travail a mis en place une plateforme, permettant de retrouver tous les évènements de l'emploi, de la formation et de la reconversion sur le territoire.
Bientôt des changements ?
Le 9 octobre dernier, le gouvernement et les organisations syndicales et patronales se sont réunis pour reprendre les discussions autour d'une réforme des règles d'assurance chômage. Des accords ont été trouvés le 14 novembre, donnant à un avenant au protocole d'accord.
Il est actuellement soumis à la signature des partenaires sociaux, avant d'être adressé au Premier ministre Michel Barnier, puis d'entrer en vigueur dès le 1ᵉʳ janvier prochain.
L'accord comprend les dispositions du protocole d'accord de novembre 2023, qui n'avait pas été signé par Gabriel Attal, dont la réduction de la durée minimale de travail pour ouvrir des droits à l'allocation chômage pour les demandeurs d'emploi qui s'inscrivent pour la première fois et les saisonniers ; mais aussi la mensualisation du paiement de l'allocation, l'assouplissement de la dégressivité de l'allocation pour les hauts revenus et la baisse des cotisations patronales.
Les partenaires sociaux ont également ajouté dans l’accord des mesures visant à faire évoluer le système d’assurance chômage pour les seniors et les travailleurs transfrontaliers.
« Plus d'impôts ou plus d'emplois : il faut choisir », le MEDEF de Haute-Loire, dans un communiqué de presse
Le 25 novembre 2024, aux vues du plan de financement et du plan de financement de la Sécurité sociale, le Mouvement des entreprises de France de Haute-Loire s'associe au mouvement national : « Alors que le chômage repart à la hausse en France, le PLF et le PLFSS prévoient d’importantes augmentations d’impôts et de charges sur les entreprises pénalisant la compétitivité, l’activité et l’emploi. Nous nous y opposons ! »
Dans un communiqué adressé à la presse, l'organisation fait le calcul : « En additionnant notamment les huit milliards d’euros d’impôts sur les sociétés, les cinq milliards d’euros liés à la réduction des allègements de charges, les 2,3 milliards d’euros transférés de l’Assurance Maladie aux complémentaires santé et donc aux entreprises, le 1,2 milliard d’euros d’économies sur les aides à l’apprentissage et les 800 millions d’euros de versement mobilité, c’est environ vingt milliards d’euros d’impôts et charges supplémentaires qui pourraient être imposés aux entreprises. Cette hausse correspond aux salaires chargés de 400 000 emplois. »
Pour l'association patronale, les allègements de charges ne sont pas des cadeaux faits aux entreprises, mais un investissement dans l'emploi et la compétitivité.
« Ils permettent aux employeurs d’embaucher, de former et de maintenir des postes dans un contexte où chaque emploi compte », peut-on lire dans le communiqué.
« Au moment où les indicateurs économiques montrent une stagnation, voire un recul de l’activité économique, cette augmentation des charges pour les entreprises risque d’aggraver durablement la situation économique de la France. En s’attaquant à ces allègements, les responsables politiques prennent le risque de transformer une situation fragile en véritable crise de l’emploi. Pour les chefs d’entreprise, le choix serait simple mais douloureux : créer des emplois ou payer des charges toujours plus lourdes. À l’heure où la France fait face à des défis structurels majeurs, cette décision serait une erreur stratégique et économique. »
Le plein-emploi est-il désirable ?
Au premier trimestre 2024, le chômage atteint les 7,3 % de la population active, et 5,6 % en Haute-Loire. Le seuil du plein-emploi étant fixé à 5 % en France, le plein-emploi est-il souhaitable ? C'est en tout cas ce que pense le Président Emmanuel Macron.
En effet, selon le courant de pensée des différents économistes, la réponse est parfois oui, et parfois non. Elle coïncide avec le choix de telle ou telle société.
Alors pour vous aider à vous faire votre propre opinion, voici les principaux arguments.
À quel prix ?
Selon le site info.gouv.fr du gouvernement, « le plein-emploi est tant le gage d’une économie forte qui produit des richesses et permet ainsi de les redistribuer, que d’un pouvoir retrouvé pour les salariés dans la négociation salariale, dans un marché du travail avec davantage d'opportunités. L'objectif est aujourd'hui d'inciter à la reprise d'activité et mieux aider chacun en fonction de ses besoins ».
Atteindre le plein-emploi assure en effet pour l’État des milliards d’euros de recettes supplémentaires : plus de cotisations des salariés, moins d’allocations chômage versées.
Or, cette politique de l'emploi à tout prix pose justement la question « à quel prix ? » En effet, si le gouvernement souhaite inciter un maximum de demandeurs d'emploi à accepter les offres qui se présentent à eux, cela comprend, entre autres, des offres qu'ils n'auraient pas acceptées en temps normal, soit sous-payées, soit sans perspectives d'évolution, soit aux conditions de travail difficiles.
Elle pose également la question des types d'emploi à pourvoir : en Haute-Loire, entre juin 2023 et juin 2024, si les CDI sont les types de contrat qui reviennent le plus souvent, ils sont en recul de 2,6 % par rapport à l'an passé, alors que les CDD de 1 à 3 mois et de plus de 6 mois sont les seuls à prendre de l'importance (respectivement 5213 et 3937 offres), avec des hausses de 3,6 et 4,1 % par rapport à l'an passé.
Industrie et taux de chômage
À l'inverse, le plein-emploi présente évidemment des avantages notables, à commencer par le développement industriel et économique du pays. Le calcul est simple, plus il y a de travailleurs, plus ils produisent. Or ce n'est pas si simple, puisque selon Stéphane Carcillo, interrogé par nos confrères de France Culture, « les pays dans lesquels le taux d’emploi est élevé et le taux de chômage relativement faible sont des pays qui ont réussi à créer beaucoup d’emplois dans les services. Emplois qui sont souvent faiblement productifs ».
Mais le site du gouvernement défend que, dans cette lignée politique allant vers le plein-emploi, 800 industries ont été ouvertes depuis 6 ans, avec la création d'1,7 million d'emplois, dont 90 000 emplois industriels. Mais aussi l'ouverture de nouvelles lignes de production stratégiques (paracétamol, semi-conducteurs).
« Si l'on crée aujourd’hui davantage d’emplois de faible qualité et faible salaire, la question fondamentale est de savoir si les gens ont des possibilités de progression pour aller ensuite vers des emplois qui sont mieux rémunérés »
Il souligne d'ailleurs, comme un bilan de ces six dernières années, que le « pouvoir d’achat des ménages français est quasiment au même niveau en 2023 qu’en 2019, malgré les crises, par d’importants dispositifs de soutien (« quoiqu'il en coûte » de la covid, boucliers énergétiques…), à la création de divers outils de partage de la valeur (« prime Macron… ») et à des baisses d’impôts (suppression de la taxe d’habitation, de la redevance TV, baisse de l’impôt sur le revenu…). » À noter qu'aucune mention n'est faite de l'augmentation moyenne des revenus des ménages français.
Toujours au micro de France Culture, c'est cette fois Chrisitne Erhel qui précise en ce sens : « Un des enjeux importants en matière de politiques publiques est la question des trajectoires : si l'on crée aujourd’hui davantage d’emplois de faible qualité et faible salaire, la question fondamentale est de savoir si les gens ont des possibilités de progression pour aller ensuite vers des emplois qui sont mieux rémunérés. »
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4 commentaires
Ha oui, les exonérations de charges, déjà très importantes sur les bas salaires, et bien il en faudrait encore plus ! Comme ça plus de sécurité sociale, plus de retraite et on bosserait jusqu'à la mort, un monde idéal pour le Medef... Mais attendons que l'intelligence artificielle et les robots (qui ne cotisent pas) fassent disparaître un paquet d'emplois, ..
Je confirme que dans mon cas si les allègements des charges patronales (sur les salaires) de mon entreprise venaient à disparaitre, c'est entre 15 et 20 % de l'effectif qui devrait être licencié.
Au bout du bout pas davantage de cotisation pour le système et des collaborateurs qui manqueraient.
Les conditions de travail des salariés de France travail ne vont pas s'améliorer si à compter du 1er janvier 2025 les bénéficiaires du RSA vont devoir venir s'inscrire et justifier de 15 heures de travail par semaine comme prévu par la législation
Les allègements de charges sont de l'argent en moins pour l'éducation, la retraite, la sécurité sociale.L'argent public est une manne pour les entreprises sans avoir a rendre de compte.Le gouvernement avoue ne pas savoir ce que Michelin ou Auchan a fait de cet argent.
Savoir a quoi sert l'impot est nécéssaire. On verrait alors que les assistés ne sont pas ce qu'on croit. Je travaille pour une société d'interim qui recoit un maximun d'argent public français, embauche les plus grands spécialistes de l'évasion fiscale,implante son siege social dans un paradis fiscal, distribue des dividendes colosaux aux actionnaires, pratique le rachat d'action, ne paye aucun impot en france.
Pendant ce temps les interimaires et permanent travaillent dur au smic et l'argent part au Pays Bas