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Eau du Devès : on ne peut plus laisser couler…
L’inauguration du sentier pédagogique « L’aventure de l’eau du Devès » à Saint-Christophe-sur-Dolaison a eu lieu ce lundi 29 avril. Le but de la création de ce parcours : sensibiliser et responsabiliser la population aux problématiques auxquelles doit faire face la masse d’eau du Devès, en alliant santé et environnement.
Le parcours tout juste inauguré est une boucle de 4,8 km, à parcourir tranquillement pendant une heure, autour de Saint-Christophe-sur-Dolaison. Sa création a été initiée par les deux commissions locales en charge des Schémas d’Aménagement et Gestion des Eaux (SAGE) : celui de Loire Amont et celui du Haut-Allier. 14 000 euros ont été déboursés pour ce projet (50 % ont été financés par l’ARS et le reste par l’établissement public).
Comment l’eau se forme-t-elle ? Comment descend-elle dans la terre ? Comment est-elle réinjectée dans les rivières ? Les réponses à toutes ces questions sont données sur le parcours de « L'aventure de l'eau du Devès ». Elles permettront à tous d’en apprendre davantage sur l’eau du Devès mais surtout de comprendre la source de l'inquiétude qui la concerne. Une nécessité pour les deux comités à son initiative.
Saint-Christophe-sur-Dolaison est l'emplacement idéal pour ce sentier : « Dans cette commune, on peut voir toutes les couches sédimentaires et la géologie en un coup d’œil », explique le président de la Commission locale de l'eau ( CLE) du SAGE Loire amont, Philippe Cantonnet. Sa présentation et sa première visite ont été l’occasion de refaire un point sur l’état de l’eau du Devès.
« Une ressource en eau stratégique »
On ne parle pas uniquement de nappes d’eau pour la ressource du Devès. Mieux vaut parler de « masse d’eau », puisque les nappes souterraines sont nombreuses et se superposent. Cachée sous les roches volcaniques, cette eau permet d’alimenter plus de 100 000 personnes, soit environ la moitié des habitants du département. Elle dessert en tout 113 communes de Haute-Loire et d'Ardèche, mais son niveau suit une baisse quasi constante.
Cette masse d’eau s’étend sur une très grande surface, et est « stratégique » selon Philippe Cantonnet. Définie NAEP, elle est réservée exclusivement à l’eau potable.
Une situation qui pourrait devenir alarmante
Pour connaître son évolution, un seul instrument est mis à disposition : le piézomètre de Chaspuzac. Cet appareil, planté dans la terre à plus de 80 mètres de profondeur, permet de mesurer la pression du fluide. Une mesure fiable, mais des moyens « totalement insuffisants » selon le responsable du SAGE Loire Amont.
Les mesures sur les dernières années n’ont pas été de bonnes nouvelles : « Depuis 2015, la nappe de Chaspuzac a perdu 4 mètres », affirme Philippe Cantonnet. « Elle est un petit peu remontée cette année avec les gros orages, donc c’est tout de même positif, mais on ne retrouvera pas les nappes qu’on a connues ».
Une part de responsabilité humaine
Philipe Cantonnet a aussi exprimé sa grande inquiétude par rapport aux forages multipliés et souvent non déclarés. « Quand on fait un forage profond, on peut percer plusieurs nappes et les mettre en communication entre elles. La pollution des eaux se fait de nappe en nappe, ou même depuis la surface quand les forages ne se font pas dans les règles de l’art », explique-t-il. Et d'alarmer : « Et si cette pollution devient trop importante, ‘c’est très grave, puisqu’il n’y aura plus d’eau potable ».
Le spécialiste met aussi l’accent sur la globalité du phénomène qui touche la masse d’eau du Devès : « Avec le dérèglement climatique, on s’aperçoit qu’il y a une méditérranéisation du climat et donc une augmentation des températures. On aura beaucoup plus d’évaporation due à la température et donc on manquera nécessairement d’eau », explique-t-il. Laurence Ploton, membre de l’ARS, complète : « Avec les aléas climatiques, on ne sait jamais où on va, donc on a besoin de connaissances. »
Stop au déni, place à l’information
« Il faut que les gens soient au courant pour s’approprier les décisions à venir, et le sentier fait partie de cette sensibilisation », lance la présidente de la CLE du SAGE Haut-Allier, Mireille Gardès Saint-Paul. Le Maire de Saint-Christophe-sur-Dolaison, Daniel Boyer, lui aussi, a exprimé sa fierté concernant la création du sentier qui permettra à tous, et notamment aux plus jeunes, d’être sensibilisé à la question de l’eau. « Je suis très heureux qu’on ouvre enfin les yeux sur les problématiques de l’eau » confie-t-il.
Ce sentier permet de « s’impliquer » dans l’avancée de cette prise de conscience, selon lui. Et « il permet de faire le lien entre santé et environnement » explique Nathalie Rousset, membre d’Établissement public Loire.
Des réponses encore en attente
Une étude a déjà été menée et publiée par l’Inter SAGE en 2020, mais de nombreuses incompréhensions et manques de connaissance sont encore à déclarer. « Le fonctionnement de la masse d’eau reste encore flou même s’il a avancé », explique Mireille Gardès Saint-Paul.
Une étude concernant les nitrates est en train d’être réalisée. Le président de la CLE du SAGE Loire Amont alerte sur le taux de nitrate en hausse sur certains périmètres dans les analyses. « À partir de 50 mg par litre, il n’y a plus d’eau potable possible. Il y a des grosses montées sur les communes de Cayres et Pradelles, où on s'approche de plus en plus des 25 mg ». Les causes de cette augmentation restent encore en inconnues.
Marie Gardès
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