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Détournement de fonds : derniers coups de rame pour attraper le gros poisson
Ce mardi 5 novembre, le Tribunal Judiciaire du Puy-en-Velay est, le temps d'un après-midi, le théâtre d'un procès tout particulier. L'affaire du jour date déjà de plusieurs années et elle avait secoué le monde de la pêche : l'ancien président de l'AAPPMA accusé de détournement de fonds.
En mars dernier, suite à une publication de nos confrères de l'Eveil, Jean Colin avait convié la presse locale pour une mise au point, afin d'éclaircir la situation. Plusieurs mois plus tard, ce mardi 5 décembre, la justice n'a toujours pas tranché. Elle rendra sa décision le 30 janvier prochain.
Près de 50 000 euros en 5 ans de présidence
Pour rappel, Jacky Despreaux a été élu président de l'AAPPMA (Association agréée de pêche et de protection des milieux aquatiques) le 22 février 2016, et ce jusqu'au 31 décembre 2021.
L'AAPPMA et la fédération de pêche de la Haute-Loire ont toutes deux déposé plainte contre l'homme pour abus de confiance.
"Il semblerait que le prévenu ait gardé l'argent de la vente dans son portefeuille."
Durant 5 ans de présidence, l'homme aurait détourné plus de 47 600 euros appartenant à l'association. Ainsi, les revenus de celle-ci auraient, selon les deux instances, servi au prévenu pour des dépenses totalement indépendantes de l'association et de son activité principale.
Parmi les achats retrouvés : des vêtements, hébergements, restaurants, boites de nuit, cabarets, essence, et un véhicule Renault Laguna, acheté aux frais de l'association puis revendue. Mais selon la juge en charge de l'affaire, "aucune trace de la transaction de vente. Il semblerait donc que Monsieur Despreaux ait gardé l'argent de la vente dans son portefeuille personnel."
"J'ai perdu pied, c'était une erreur", Jacky Despreaux.
Pour sa défense, l'homme âgé de 65 ans déclare : "En 2016, lorsque j'ai pris la décision de prendre la présidence de l'association, personne ne voulait le faire. Puis lors de mon mandat, je me suis senti seul, peu soutenu, et j'ai perdu pied. J'ai commis une erreur. Je n'ai pas d'excuse, mais je regrette. "
Son avocate souligne à son tour : " Je suis abasourdie de la tournure à charge de l'audience du jour et de ce dossier de 800 pages. Je ne plaide pas de relaxe car il faut évidemment que monsieur assume ses responsabilités, et c'est le cas. Mais il a simplement confondu son portefeuille personnel et celui de l'association. La personne dépeinte par l'accusation n'est pas du tout réelle. Mon client n'est pas un escroc, il n'a pas voulu à tout prix dépouiller cette association. "
"C'est un bon vivant qui s'est trompé de portefeuille."
Et d'ajouter : "Il a été actif dans sa présidence. Il s’est investi et a promu l’asso auprès des jeunes. Il avait à cœur de transmettre cette activité C’était un bon vivant qui aimait participer aux actions et échanger avec les membres. Il est tout sauf un escroc qui a manigancé ses agissements." Elle demande ainsi une révision considérable et à la baisse, des demandes de la partie civile.
D'ailleurs, en clôture d'audience, l'homme a déclaré : "Je regrette ce que j'ai fait et je m'excuse. Je m'excuse auprès des membres de l'association, et surtout des pêcheurs. J'entend qu'ils se sentent trahis. Je pensais peut-être pouvoir m'en sortir, mais j'ai perdu tout le monde, c'étaient des amis qui ne m'adressent plus la parole aujourd'hui."
"On s'est senti trahis", Sylvain Darbousset, président de l'AAPPMA du Puy-en-Velay.
À l'issue de l'audience, Sylvain Darbousset le président de l'AAPPMA du Puy-en-Velay se montre satisfait et optimiste : "J'ai confiance en la justice. Une peine de 12 mois d'emprisonnement avec sursis et un remboursement de l'argent détourné et du préjudice ont été demandés. Monsieur Despreaux avoue les faits reprochés. C'est déjà pour nous un point positif, qui permet aux autres personnes de l'association, d'être dédouanées de toute responsabilité."
"Quand on est dans l'associatif, on est tous bénévoles, et on est obligé de se faire confiance. Cette personne a délibérément agit et nous a menti pendant des années sans qu'on puisse s'en rendre compte, puisque l'on voit aujourd'hui que c'était un plan bien élaboré", souligne le responsable de l'association.
"Une erreur à 47 000 euros, c'est une sacrée erreur"
"Il a donné des réponses, des explications, mais elles paraissent un peu justes par rapport au montant et à l'ampleur des faits qui lui sont reprochés. 47 000 euros, ça fait une sacrée erreur", lance-t-il avant de poursuivre : "Il parle d'une somme détournée inférieure presque de moitié par rapport à celle que nous avons calculée. Mais on a vérifié chaque ligne, chaque dépense, de tous les mois des cinq années de son mandat, pour vérifier une par une les dépenses de Jacky Despreaux. Et je peux assurer de la véracité de ces chiffres, et je peux même dire qu'ils ont été minimisés."
"J'ai hâte que le 30 janvier, la justice soit rendue, et que l'argent qui leur a été pris soit rendu aux pêcheurs et au monde aquatique" conclut-il.
L'heure est aux projets
Aujourd'hui dans l'attente d'une décision officielle de la justice, l'association pense déjà à ce qu'elle pourrait faire de son argent retrouvé, après une période de redressement difficile. "On a remis en place un bureau jeune, avec des envies cette fois toutes dirigées vers la pêche cette fois ! Heureusement qu'on a reçu le soutien de la fédération. Sinon, l'association était dans le rouge. J'ai le sourire aujourd'hui car, avec une bonne gestion, on s'en sort. Mais l'association aurait pu totalement disparaitre à cause de ces faits. Si on arrivait à récupérer cette somme, cela permettrait de réaliser beaucoup de choses, pour le milieu aquatique, pour les pêcheurs. On pourrait l'utiliser pour une école de pêche, l'entretien des berges, la gestion de l'association, etc."