Face à "la mort annoncée des communes", les maires endossent l'écharpe noire
De nouveaux internats pour des soins de qualité sur l'ensemble du département
Ce samedi avait lieu l'inauguration des deux internats flambants neufs du centre hospitalier Emile Roux : celui des Buissonets et celui de l'IFSI. Une nouvelle étape importante pour la vie hospitalière du Puy grâce à laquelle élus et administrateurs entendent améliorer l'offre de soins et peut être trouver un début de réponse locale au fléau de la désertification médicale qui frappe l'ensemble du département.
Imaginez un instant que votre pouvoir d'attirance dépende en grande partie de la note que ceux qui sont amenés à vous fréquenter vous accordent. Qu'il faille que vous récoltiez un certain nombre d'étoiles vertes pour mériter l'interêt que vous êtes persuadé de détenir. Effrayant ?
C'est pourtant dans une situation de concurrence de ce type, qui découle en grande partie de la multiplication des réseaux sociaux et des plateformes sur lesquelles n'importe qui like n'importe quoi et a un avis sur tout que sont placés les établissements hospitaliers français. Le centre hospitalier Emile Roux n'échappe pas à cette tendance. Mais l'établissement de santé ponot, soutenu dans cette dynamique par la région AURA, a eu l'idée de s'en servir comme d'un moyen d'action susceptible de renforcer les services de santé de tout le département en attirant à lui les internes en médecine. Bingo?
" Je me suis rendu compte de l'existence d'une sorte de Tripadvisor dans le petit monde des internes " Laurent Wauquiez
Cette opportunité nouvelle a sauté aux yeux de Laurent Wauquiez, président de la région AURA, à l'occasion d'une visite à l'Hôpital de Valence : " En discutant à bâton rompu avec les internes de cet établissement hospitalier, je me suis rendu compte de l'existence d'une sorte de Tripadvisor dans le petit monde des internes en médecine. Ces derniers classent les hôpitaux en prenant en compte leur qualité de formation, la richesse de leur matériel mais aussi et peut être surtout... leur offre d'hébergement.Je me suis dit qu'il y avait quelque chose à faire de ce côté-là pour rendre notre territoire plus attractif".
Car le centre hospitalier ponot n'était à ce moment-là pas franchement une référence en matière de qualité d'hébergement pour ses internes. D'après le président de région," il trainait son internat comme un boulet depuis bien trop longtemps". Il était urgent de le rendre plus attractif afin d' attirer les internes en faisant le pari qu'ils s'installent ensuite dans le département.
Ainsi, lorsque l'opportunité se présente d'acquérir un bel ensemble immobilier situé sur les hauteurs du CHER, Les Buissonnets , la structure hospitalière soutenue en cela par la Région n'hésite pas. Elle le rachète pour un million d'euros à l'ancien propriétaire des lieux, la Congrégation des Soeurs du Christ et engage immédiatement des travaux . Ils vont durer un an et demi et viennent de s'achever.
" Très sincèrement, ici c'est le paradis " Louise Cottier, interne en médecine générale
Les Buissonnets en chiffres
- Achat en 2022 d'une surface totale de 4500 m2 dont 1400 m2 de bâti
- Coût d'achat : 1 050 000 euros
- Coût des travaux : 650 000 euros
- Coût du mobilier : 107 400 euros
- Subventions AURA : 300 000 euros
Et le résultat est bien là. C'est l'avis des premiers internes qui ont pris possession des lieux en novembre dernier. Pour Louise Cottier, interne en médecine générale, cet ensemble est une vraie réussite qui devrait propulser l'hôpital du Puy en tête de peloton en matière d'hébergement : " dans notre parcours d'interne, on est amené à changer de lieu de stage tous les six mois, et donc forcément de changer assez souvent de lieu de vie. On a donc tous déjà pas mal tourné à droite et à gauche. On en a vu des internats avec des douches collectives horribles, des moisissures au mur. Très sincèrement ici, c'est le paradis. C'est hyper neuf, hyper fonctionnel et la vue est juste sublime".
De quoi faire monter les enchères pour le CHER et la ville du Puy dans les classements informels que les internes se partagent sur les réseaux sociaux. L'ensemble compte 27 chambres, simples ou doubles, toutes équipées de sanitaire individuel ainsi qu'un certain nombre d'espaces partagés. Ses premiers résidents évoluent dans un espace de vie "pratique et convivial" qu'ils peuvent modifier en fonction de leurs envies, leurs besoins ou leur humeur.
" Un interne ça travaille beaucoup mais ça fait aussi la fête "
"Un interne ça travaille beaucoup", nous confie l'un d'eux, ici ,on a la possibilité de le faire en séminaire, dans un espace de coworking, mais on a également la possibilité de nous isoler du reste de la promo, le cas échéant". Il poursuit, malicieux : " Mais un interne ça fait la fête également, bien évidemment. C'est de notoriété publique !" Et en la matière, leur internat "assure" aussi. Il serait même devenu l'espace festif par excellence d'une certaine partie de la communauté des jeunes soignants locaux. Les agapes ont lieu dans l'ancienne ... chapelle de la communauté des Soeurs du Christ aux vitraux chatoyants et à " l'acoustique exceptionnelle " tient-on à nous préciser.
Reste à savoir si le pari osé par le CHER et la Région se conclura comme ces derniers l'entendent. A l'issue de leurs années d'internat, certains internes franchiront-ils le pas en répondant positivement aux attentes des deux structures? S'installeront - ils en Haute-Loire, comme autant d'oasis dans un désert médical ?
" A l'internat de l'école d'infirmières, certaines chambres vraiment pourries étaient dignes d'un meurtre dans un épisode de Sherlock Holmes " Commentaire sur le site infirmiers.com
La rénovation de l'internat de l'IFSI en chiffres
- Coût des travaux : 496 251 euros
- Coût du mobilier : 30 400 euros
- Subventions AURA : 225 000 euros
Pour multiplier leur chance par deux et augmenter encore leur potentiel d'attractivité le CHER et la région AURA ont également pris l'initiative de rénover de fond en comble les trois étages de l'internat de l'école d'infirmières, l'IFSI. A lire certains commentaires sur le forum du site "infirmiers.com" il était temps, puisque certaines chambres "vraiment pourries" étaient "dignes d'un meurtre dans un épisode de Sherlock Holmes". Mais les infirmières et les internes disposent dorénavant de chambres flambant neuves. Les travaux de rénovation ont couté 'un demi - million d'euros, avec participation pour moitié de la région.
" Ces investissements viennent compléter le plan d'attractivité général mis en place par Emile Roux " Cédric Ponton, directeur par intérim du CHER
D'après Cédric Ponton, directeur par intérim du CHER, " tous ces investissements visent à offrir un hébergement confortable et adapté pour les internes, les infirmiers ou les paramédicaux afin de renforcer les services de santé sur l'ensemble de la Haute-Loire et viennent à merveille compléter le plan d'attractivité général mis en place par Emile Roux". L'établissement hospitalier a également installé, dans son nouveau patio flambant neuf, une crèche dans le but d'assurer l'accueil des enfants des hospitaliers de l'établissement. Toujours dans un soucis de recrutement. Afin de prendre en considération la famille dans son ensemble et mettre en avant un autre argument susceptible d'attirer de jeunes couples de soignants sur le territoire.
Alors les internes, vont ils rester ?
Tous proviennent, professionnellement, des CHU de Clermont et Saint-Etienne, avec lesquels le CHER vient de signer de nouvelles conventions en vue de renforcer des liens déjà existants. Beaucoup d'entre-eux ont originaires du sud de la France. Tous trouvent un intérêt certain à la ville et à la région. Pour les possibilités qu'elles offrent en matière de sport et de dépaysement. L'excellence de l'hôpital. La gentillesse de leurs habitants. La qualité de vie qu'elles offrent et pour ... " Le Babylone et le Métro"!
L'un d'entre-eux, toulousain de naissance, semble déjà plus avancé que les autres en matière de choix " Je connaissais pas le Nord, et franchement c'est une révélation pour moi". On ne peut pas être bon dans toutes les matières.