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La Haute-Loire septième désert médical français
Le département de la Haute-Loire, à l'image de la situation nationale, ne peut faire face aux départs des médecins, ces derniers n'étant pas remplacés. Doit-on craindre une véritable extinction du médecin altiligérien ?
La Haute-Loire : septième « désert médical » français
Le constat, visible à l'échelle nationale, l'est d'autant plus à échelle réduite. La pénurie de médecins se fait de plus en plus pressentir en Haute-Loire. L'ordre national des médecins a publié récemment les dernières statistiques nationales, régionales et départementales en matière de démographie médicale. Les petits villages sont les plus touchés car les médecins qui partent ne sont pas toujours voire de moins en moins remplacés. La Haute-Loire fait ainsi partie des 5O départements français ayant une densité de médicale (nombre de médecin par habitants) la plus faible. Le département auvergnat est même la septième zone la moins dotée en médecin avec une densité de 186,8 médecins pour 100 000 habitants, soit 435 au total pour l'ensemble du territoire altiligérien. Le département français le plus touché étant l'Eure avec 167 médecins pour 100 000 habitants.
Plus localement, une étude statistique datant de 2013 montrait que les bassins de vie d'Yssingeaux, de Monistrol-sur-Loire et de Saugues avaient la densité de médecins par habitants la plus faible du département.
Diminution du nombre de médecins depuis 2007
Ce « désert médical » peut s'expliquer en partie par une diminution notable du nombre de médecins en Haute-Loire depuis 2007. L'ordre national des médecins observe en effet une baisse de 0,7 % depuis huit ans. Cette réduction est cependant pondérée, les autres départements auvergnats étant plus touchés par la désertification. Le département du Cantal a connu une diminution de 3 % du nombre de médecins sur la période 2007-2015 et L'Allier a près de 8 % de son effectif médical. La Haute-Loire s'inscrit ainsi dans la moyenne nationale en terme de perte de médecins. A noter que d'autres départements français tels que le Cher, la Creuse ou encore l'Aveyron ont connu une diminution de près de 13 % de leur nombre de médecins. Il s'agit des secteurs les plus touchés par l'exode des médecins.
----Parmi les autres chiffres qui apparaissent dans l'étude, on retrouve les modes d'exercice des médecins altiligériens. Ainsi, on recense 49 % de libéraux, 14,7 % sont mixtes et 36,1 % sont salariés.-----Des médecins vieillissants
A l'image de la situation au niveau national, la population des praticiens altiligériens est vieillissante. L'âge moyen des médecins donné par l'ordre des médecins en Haute-Loire est de 52 ans (moyenne de 51 ans en France). On constate que la part des plus de 60 ans est importante avec 27.8 % parmi l'ensemble des praticiens, là encore la situation est visible à l'échelle régionale mais aussi nationale où la part de médecin de cette tranche d'âge atteint 26,4 % en 2015. « Il est difficile de convaincre nos jeunes confrères de s'installer. Au niveau national, les lois sont trop timides pour fixer les choses, les mesures prises braquent les jeunes » explique Roland Rabeyrin, président du syndicat MG 43. En Auvergne, seul le Puy-de-Dôme qui est le département de la région le plus dynamique du point de vue médical montre un âge moyen plus faible. « Les villes universitaires sont plus dynamiques, on y trouve notamment plus de stages » indique le syndicaliste . On recense ainsi une part d'environ 24 % de médecins de moins de 40 ans dans ce département contre 14,5 % seulement en Haute-Loire. L'âge moyen des médecins atteint même 55 ans dans les départements du Lot et de l'Eure. Selon Roland Rabeyrin, « seulement un quart des étudiants font de la médecine générale et parmi eux presque aucun ne devient généraliste ». Il ajoute que « Le département fait tout de même des efforts pour former ses médecins, sur 190 véritables généralistes, une trentaine prennent des stagiaires. ». Enfin, il remarque également que « le statut de médecin remplaçant est devenu plus attractif que celui de généraliste, on en compte près de 10 000 en France, il faut donc aider le statut dumédecin généraliste».
----L'étude réalisée en 2015 prend la forme d'une carte intéractive. Il est possible de la retrouver en utilisant ce lien.-----La profession se féminise considérablement en Haute-Loire
Parallèlement à la désertification progressive du territoire par les médecins, on constate tout de même que la profession se féminise plus rapidement en Haute-Loire. On note un taux de féminisation de 25,3 % depuis 2007 avec parmi les 435 médecins recensés actuellement, 168 femmes et 267 hommes. Une avancée qui distingue la Haute-Loire des autres département auvergnats. Le Puy-de-Dôme ayant connu une progression de 15,4 % et le Cantal de 11,3 % sur la même période. A l'échelle nationale, le taux de féminisation de la profession a lui évolué de près de 17 %. « On retrouve près de 70 % de filles dans les promos actuelles en fac, la tendance n'a donc pas fini d'évoluer», note Roland Rabeyrin.
S.J.
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