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De la flore à l'agonie en Auvergne-Rhône-Alpes
Le Conservatoire Botanique National du Massif central (CBN), basé à Chavaniac-Lafayette en Haute-Loire, a publié une liste rouge des végétations en région Auvergne-Rhône-Alpes. Une étude qui met en avant de nombreuses modifications dans nos écosystèmes locaux.
Pour les scientifiques, l'étude de la flore passe par l'étude des végétations. "Une végétation, c'est un endroit où poussent des plantes, qui forment entre elle une communauté végétale. C'est un mélange, des interactions, un type de sol, des conditions climatiques, plein de données qui forment ce que l'on appelle une végétation", précise Stéphane Perera, responsable du service Communication et médiation scientifique du Conservatoire botanique national du Massif central.
"On sait que si on trouve un autre endroit sur la planète qui regroupe les mêmes caractéristiques, on retrouvera à 90% les mêmes plantes", explique le spécialiste.
Une échelle très détaillée
Ces végétations sont fragiles et peuvent rapidement s'altérer : "Il suffit d'une variation d'une donnée écologique, pour voir apparaître de nouvelles plantes et donc, changer de végétation", détaille Stéphane Perera.
Si chacune de ces catégories porte des noms latins, ils ont aussi des noms vulgarisés, pour exemple; on peut citer des zones de boisements de conifères, des pelouses piétinées, des parois rocheuses, ou des tourbières.
"C'est plus large qu'un milieu au sens où les gens l'entendent. Si on pense qu'une prairie est un milieu, c'est en fait plusieurs végétations, une partie plus humide, une partie broutée par des animaux...". Toute cette science s'appelle depuis 1915, la phytosociologie.
Une méthode pour définir un critère d'extinction
Pour mener cette étude dans le Massif central, les scientifiques ont dû quadriller cette zone immense. "Avec l'aide de toutes nos connaissances, nous savons qu'il existe 1345 types d'associations végétales en Auvergne Rhône-Alpes. Ce qui, au passage, est énorme", avoue Stéphane Perera.
"On a quadrillé la zone en carré de 10 kilomètres et relevé la présence de chaque végétation dans chaque carré. En fonction du résultat, on déduit une fréquence de présence, on ajoute les menaces caractéristiques de cette végétation et différents critères, on en déduit une note qui correspond au critère d'extinction", explique le phytosociologue.
Chaque végétation est ensuite classée de préoccupation mineure à disparu au niveau régional. Les scientifiques précisent qu'ils n'ont pas assez de données pour 10% des végétaux du territoire.
"La situation est plus tendue du côté du Massif central"
Pour le reste, le Massif central ne s'en sort pas bien contre son voisin alpin dans l'étude. "La situation est plus tendue du côté du Massif central, notamment sur les milieux subalpins, ceux au-dessus de 1500 mètres d'altitude, là où les arbres commencent à avoir des difficultés à se maintenir. Comme il y a moins d'altitudes que dans les Alpes, ces végétations sont vouées à disparaître en Auvergne", explique le scientifique à cause du manque de neige ou de l'augmentation des températures.
Mais pas seulement, le rapport pointe que les pelouses et prairies sèches et les pelouses sont menacée à 70% d'extinction dans le Massif central. "Ce sont les zones qui subissent les modifications des pratiques agricoles. Le fumier, l'engrais, changent la composition floristique du milieu. Ou on facilite ou on empêche le développement de plante, cela impacte tout. Alors pour certains c'est une prairie qui remplace une prairie, mais au final, c'est 60 ou 70 espèces qui vont disparaître avec le milieu d'origine."
L'impact de l'activité humaine
Même chose pour les plantes ayant besoin de neiges ou les pâturages. "Les éleveurs sont contraints de placer les troupeaux de plus en plus tôt en saison. Pour pâturer avant que l'herbe ne brûle. Donc les végétaux sont plus mise à mal, plus longtemps écrasé, brouté, mettent plus de temps à se régénérer. C'est un cercle vicieux".
Loin d'avancer des scénarios catastrophes, le Conservatoire Botanique National avance tout de même que ces milieux "ne bénéficient d'aucune protection". Et, il est aisé d'imaginer des scénarios où la disparition d'autant de milieux végétalisés impacte directement la vie humaine (accès aux sources d'eaux potables, disparition des espèces vivant dans ces milieux naturels, pollution ...).
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