"Masculinistes hors-piste", à l’IME Les Cévennes
Dans tout le pays, les agriculteurs se sont mobilisés ce mardi 16 décembre. En Haute-Loire, près de mille agriculteurs se sont rassemblés devant la préfecture du Puy-en-Velay pour exprimer leur colère, mais également leur peine et leur tristesse face aux mesures sanitaires qu’ils jugent disproportionnées.
Devant la préfecture du Puy, la Confédération paysanne et la Coordination rurale ont réuni des agriculteurs, des éleveurs et des soutiens. Tous étaient vent debout pour s'opposer aux mesures imposant l’abattage total des foyers dès la détection d’un cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), dans un contexte déjà fragilisé par les accords du Mercosur, la baisse du budget de la PAC et la mise en place de la taxe mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) sur les engrais.
Elle fait suite au barrage filtrant mis en place le week-end précédent sur la N88 et la N102, axes symboliques reliant notamment l’Ardèche et la Lozère.
« Aujourd'hui, les éleveurs ont plus peur du protocole sanitaire, que de la maladie elle-même. » explique Joris Duclaud, confédération paysanne
Un bilan sanitaire contesté
Selon le dernier rapport du ministère de l’Agriculture, établi sur la période du 29 juin au 14 décembre 2023, 113 foyers de DNC ont été détectés en France dans onze départements, dont le dernier en date se trouve dans l’Aude. Selon la confédération paysanne, plus de 3 000 bovins auraient été abattus, dans près de 80 élevages. « Aujourd'hui, les éleveurs ont plus peur du protocole sanitaire, que de la maladie elle-même. » explique Joris Duclaud, Confédération paysanne, qui souhaite une vaccination généralisée sur le territoire pour protéger les 17 millions de bovins présents sur le territoire national.
Des témoignages poignants
« Je regarde mes vaches… et je me surprends à compter les instants comme si chaque seconde était déjà un souvenir volé. » Anna, éleveuse
La mobilisation a été marquée par la lecture de témoignages émouvants. Deux éleveuses ont décrit des nuits sans sommeil, l’angoisse quotidienne et la douleur d’accompagner leurs animaux vers l’abattage, parfois alors que seuls quelques cas étaient avérés. Anna, éleveuse victime de la DNC, confie : « Je regarde mes vaches… et je me surprends à compter les instants comme si chaque seconde était déjà un souvenir volé. »
Un texte d’une autre éleveuse, Virginie, a également été lu devant la foule, « Pour la première fois, je suis allée soigner avec dégoût. Impossible pour moi de marcher dans le bâtiment en regardant les vaches. Le bonjour habituel matinal devient l’adieu d’une vie. » Elle poursuit :
« La vérité est qu'on avait seulement deux vaches atteintes de la DNC dans le bâtiment. Cela faisait 23 jours qu'elles étaient confinées et que je vivais avec une boule au ventre, que je prenais la fièvre tous les matins, que je surveillais le moindre symptôme, le moindre changement de comportement. En 23 jours, on aura au total trois vaches malades sur l'intégralité du troupeau. »
« En tant qu'éleveur, on demande pas la compassion, ni de la pitié ni de la crainte, aujourd'hui on demande d'être compris » Bernard Bonnefoy
À travers les discours, les éleveurs rappellent que les vaches ne sont pas perçues comme de simples outils de production, mais font partie de leur vie, avec leurs noms, leurs habitudes et leurs liens affectifs. Bernard Bonnefoy, président de l’Association Fin Gras du Mézenc a rappelé les engagements des agriculteurs et leur mission essentielle pour tout le pays, « en tant qu'éleveur, on demande pas la compassion, ni de la pitié ni de la crainte, aujourd'hui on demande d'être compris » explique-t-il.
Au terme des discours, et contrairement à une minute de silence, les applaudissements ont résonné longuement devant la préfecture, tandis que des cloches retentissaient en signe de soutien aux éleveurs.
Une profession soutenue
« Sans monde paysan, la Haute-Loire est finie, moi je ferme mon restaurant, je n'existe plus, on existe grâce à vous. » Jacques Marcon
Lors de la mobilisation, Jacques Marcon, restaurateur à Saint-Bonnet-le-Froid, est venu exprimer son soutien aux agriculteurs. Devant la foule, il a rappelé que paysans, commerçants, bouchers, cuisiniers et restaurateurs sont profondément interdépendants.
Dénonçant "ce modèle ultralibéral", il évoque les accords du Mercosur, la concurrence déloyale, le transport des animaux "vendus à l'autre bout de l'Europe" dénonce-t-il. Il a plaidé pour un modèle plus local, fondé sur des circuits courts, la solidarité entre filières.
Nouvelles mesures sanitaires
Selon le ministère de l’Agriculture, de nouvelles mesures sont mises en place et effectives jusqu’au 1ᵉʳ janvier afin de limiter la propagation du virus sur l’ensemble du territoire. Parmi elles :
l’interdiction des rassemblements festifs de bovins ;
l’obligation de notifier les mouvements de bovins dans les 24 heures suivant le déplacement, uniquement pour les centres de rassemblement et les marchés aux bestiaux ;
la désinsectisation obligatoire des moyens de transport de bovins en cas de mouvement commercial hors de France.
Rencontre en préfecture
À 15 heures, une délégation intersyndicale composée de représentants de la Confédération paysanne et de la Coordination rurale a été reçue par le préfet de la Haute-Loire.
Les discussions ont porté sur la stratégie sanitaire actuelle et sur les revendications des agriculteurs, qui demandent une évolution des protocoles, jugés trop brutaux et défendent une alternative claire : « L’autre voie possible, c’est notamment la généralisation de la vaccination » conclut Joris Duclaux.
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5 commentaires
Whaou ! Confédération Paysanne et Coordination Rurale dans le même combat c'était peut être pas si évident, un bel exemple pour toutes les luttes qui se perdent en désespérantes divisions .
Et pendant ce temps, L Wauquiez était sur les pistes de skis... si si, ce n'est pas un 1er avril. Et silence radio. Trop peur de dédire la FNSEA? De voir que la Loi Duplomb n'a rien réglée? Que les accords de libre-échange qu'à toujours soutenu LR posent problème en nivellant l'agriculture par le bas? Alors un manque de courage? En tout cas une absence manifeste de soutien...
Mais Mr Duplomb est à l'image du patron de la FNSEA., André Rousseau. Ce dernier est à la tête du 5 eme groupe agroindustriel de France, une multinationnale des oléagineux qui gère des milliards de flux à travers la planete. Alors oui, il roule aussi et surtout pour d'autres intérêts que la paysannerie. Et on comprend leur acharnement à ne pas vouloir perdre l'agrément de la France à l'export, business, business. Les millions, les milliards pour une infime minorité, la galère pour la majorité. Trop de financiers vivent sur le dos des paysans.
La colère paysanne mérite mieux que des procès d’intention.
S’en prendre à Duplomb, homme du métier, est une faute.
Et les larmes des Marcon, si bien mises en scène, peinent à masquer l’écart entre la cuisine des élites et la terre qui souffre.
L’agriculture n’a pas besoin d’émotion bourgeoise ni de radicalité aveugle.
Elle demande du respect, du courage politique, et des décisions ancrées dans le réel.
Aie le système Wauquiez avec ses rouages à savoir le Député Duplomb et son organisation la FNSEA se grippe. ils défendent une agro-industrie productiviste, polluante et exportartice. La Loi Duplomb va dans ce sens. Alors pour garantir le droit à l'export, il faut abattre. Mais une partie des paysans s'est laissée berné par le discours de ces hommes et a scié la branche fragile sur laquelle ils étaient. La souveraineté alimentaire passe par la limitation des échanges commerciaux alimentaires intérnationnaux, et par des règles protectrice pour les paysans, leurs bêtes, l'environnement et le consommateur. Il faut arréter de niveler par le bas. Oui aux normes, oui aux limitations des imports/exports, oui au revenu décent des paysans. Non à la FNSEA/DUPLOMB/WAUQUIEZ