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Bagarre au Puy : qui a donné le premier coup ?
À la barre du tribunal correctionnel du Puy-en-Velay ce jeudi 28 novembre 2019, deux hommes, l’un âgé de 24 ans, l’autre de 20 ans. Tous deux étaient à la fois présentés comme auteurs et victimes de cette bagarre qui avait éclaté rue Crozatier au Puy-en-Velay le 19 septembre dernier à 14h30.
Ce jour-là, le premier, celui âgé de 24 ans, est installé en terrasse sirotant un café avec un ami. Le second, 20 ans, en passant salue cet ami en commun. C’est à ce moment-là que chacun se sent agressé par le regard de l’autre. Les deux hommes se retrouvent à l’écart du café, dans la rue Crozatier, suite à quoi les versions divergent.
"Ils jouent avant le moment crucial"
Qui a asséné le premier coup à l’autre ? Sur les images de vidéo-protection de la Ville du Puy requises par les enquêteurs, la violence semble réciproque, mais impossible de savoir qui a commencé. Puis sur ces mêmes images, le tribunal voit le jeune homme âgé de 20 ans s’éloigner, rejoindre sa voiture, y récupérer une batte de baseball et retrouver son adversaire. Une course poursuite s’engage alors, sans aller bien loin, autour d’une voiture. "Ils jouent avant le moment crucial", tempère maître Laurent Pierot, avocat du détenteur de la batte de baseball. "Je ne peux pas entendre qu’il s’agit d’un jeu quand mon client se retrouve la tête ensanglantée", réagit maître Muriel Laffont, avocate du prévenu âgé de 24 ans, qui au moment des faits purgeait une peine de prison sous bracelet électronique.
Une batte de baseball, une chaise
Car ce dernier est finalement rattrapé par son poursuivant et là encore les versions ne coïncident pas. Le premier raconte s’être saisi d’une chaise pour parer un coup de batte, coup qu’il a tout de même pris sur la tête, causant une plaie qui a nécessité sept points de suture. Puis il l’aurait jetée sur son agresseur.
Le jeune homme à la batte explique devant le tribunal que la chaise a été jetée alors qu'il n'avait pas encore touché son agresseur, auteur au préalable de neuf coups de poing à son encontre.
"Vous n'êtes pas des victimes, messieurs"
Les avocats des deux parties ont invité le tribunal à visionner de nouveau les images de la vidéo-protection dans le secret de leur délibération pour acquiescer à leur version, bien sûr chacune en faveur de son client.
Dans ses réquisitions, la représentante du Ministère public a fait la même demande au tribunal, rejetant la faute aux prévenus, à l'un comme à l'autre, selon des instants précis du déroulé de l'altercation. "Vous n'êtes pas des victimes, messieurs", leur a-t-elle lancé enfin. Et de poursuivre : "Dans l'enquête de voisinage qui a été réalisée, certains disent s'être crus à Chicago !", pointant du doigt la gravité des faits reprochés aux deux hommes : violence avec usage ou menace d'une arme pour l'un, à quoi il faut ajouter le port d'arme blanche ou incapacitante de catégorie D, soit la batte de baseball, pour le jeune homme de 20 ans. Et "le trouble à l'ordre public que ces faits ont causé." La représentante du Ministère public a requis six mois de prison avec sursis pour l'homme à la batte et six mois de prison ferme pour l'homme à la chaise au vu de ses antécédents judiciaires, soit 18 condamnations à seulement 24 ans.
"Le Puy, ce n'est pas le Bronx, il faut faire redescendre le soufflé"
Maître Laurent Pierot a plaidé la légitime défense. Son client aurait voulu se protéger avec sa batte de baseball, un objet de "déco" qu'il aurait acheté puis oublié dans sa voiture, jusqu'à ce 19 septembre 2019 en tout cas. "Une batte de baseball ne peut être qualifiée d'arme blanche ou incapacitante de catégorie D mais d'arme par destination (c'est-à-dire qui ne devient une arme que par l'usage qu'une personne entend en faire et non pas par nature, Ndlr)", a-t-il ajouté justifiant ainsi sa requête quant à la requalification des faits reprochés à son client. Et de conclure toujours demandant la clémence du tribunal : "Le Puy, ce n'est pas le Bronx, il faut faire redescendre le soufflé".
De son côté maître Laffont, l'avocate du deuxième prévenu, a plaidé l'état de nécessité, selon l'article 122-7 du Code pénal pour justifier l'usage de la chaise. "C'était pour sauver sa peau", a-t-elle insisté, réclamant comme son confrère une requalification des faits avec la suppression de la notion d'arme.
Une amende de 1 000€ et six mois de prison avec sursis
Après avoir délibéré, le tribunal du Puy sous la présidence de Marianne Bertheas, a validé la requalification des faits qui étaient reprochés au jeune homme âgé de 24 ans en "contravention pour des violences volontaires". Il a ainsi été condamné à une amende de 1 000€ pour les coups de poing donnés à son adversaire dans la rue Crozatier. L'autre prévenu a quant à lui été relaxé pour l'infraction de port d'arme blanche ou incapacitante de catégorie D, le tribunal a reconnu que la "batte de baseball n'est pas une arme en soi". Il a toutefois été reconnu coupable pour des faits de violences avec arme et condamné à quatre mois de prison avec sursis.
Stéphanie Marin
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