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Acte XVII des Gilets jaunes : Le Puy sera-t-elle "ville morte" ?
"On se prépare au Puy en espérant ne pas devoir mobiliser l'ensemble des moyens prévus." A ces mots du préfet de la Haute-Loire, Yves Rousset, on comprend que plusieurs incertitudes subsistent autour de ce rassemblement régional qui se formera au coeur ou autour de la cité ponote samedi prochain : aucune déclaration et donc aucun tracé du cortège n'ont été déposés en préfecture. On ignore notamment et on ne le découvrira certainement que le jour J, le nombre de manifestants qui participeront à cet Acte XVII au Puy-en-Velay. Seront-ils 2 500 comme l'avait relayé la préfecture du Puy-de-Dôme lors de la mobilisation du même genre à Clermont-Ferrand le 23 février dernier, ou 5 000 dans cette même ville et ce même jour comme l'assuraient les organisateurs de l'Acte XV ? Seront-ils 500 ou 8 000 ? Tous les Gilets jaunes de la région Auvergne Rhône-Alpes feront-ils le déplacement, alors que d'autres points de rassemblement sont prévus à Grenoble ou à Clermont-Ferrand par exemple ? A ces questions, pas de réponse, mais une organisation commune rassemblant les services de l'Etat et ceux de la Ville, en envisageant "un scénario noir". Comprenez entre 2 000 et 3 000 manifestants parmi lesquels se glisseraient une ou quelques centaines de casseurs. Le décor est planté.
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Plusieurs cibles potentielles
Des cibles potentielles ont été identifiées. La préfecture de la Haute-Loire dont les stigmates du 1er décembre 2018 sont encore visibles, est au centre de cette première cible. Mais la mairie, le Palais de Justice, le commissariat de police, la caserne de gendarmerie ou encore le centre de secours des pompiers pourraient également être visés "par ceux qui souhaiteraient en découdre" comme les surnomme le préfet. Et puis, les commerces en centre-ville comme à l'extérieur du Puy, à Chadrac, Vals-près-le-Puy et Brives-Charensac sont aussi au coeur de toutes les inquiétudes. Alors, ce lundi 4 mars 2019, le maire du Puy-en-Velay, Michel Chapuis, a reçu les commerçants en mairie, à l'occasion d'une réunion d'information organisée conjointement avec le préfet et en présence du commissaire Eric Cluzeau, directeur départemental de la sécurité publique et du colonel Jean-Pierre Rabasté, commandant du groupement départemental de la gendarmerie. Face à eux, environ 250 commerçants ponots.
----Le rendez-vous pour la mobilisation régionale au Puy-en-Velay est donné le samedi 9 mars 2019 à 13h30 sur le parking poids-lourds d'Aiguilhe.-----"Pourquoi ne pas interdire les rassemblements en centre-ville?"
Toujours en imaginant le scénario le plus sombre qui puisse se passer au Puy-en-Velay samedi prochain, le premier magistrat de la ville et le représentant de l'Etat ont invité les commerçants à se protéger. "Même s'il faut être prudents avec ce que l'on a pu entendre sur la mobilisation de Clermont-Ferrand, des magasins ont été pillés, des mobiliers urbains dégradés [...] Les casseurs sont des opportunistes. Nous encourageons les commerçants à se protéger autant que faire se peut afin de ne pas favoriser les opportunités", précise le préfet. Ainsi, il a été proposé aux commerçants de baisser les grilles de protection si nécessaire, d'occulter certaines vitrines ou encore de retirer tous les objets de valeur des présentoirs. Il a également été demandé de retirer des devantures tout ce qui pourrait servir de projectiles : tables, chaises, panneaux et de contacter la police s'ils constatent la présence d'individus ou de véhicules suspects. Ce à quoi la gérante d'un magasin de chaussures situé boulevard Saint-Louis a rétorqué : "Et pourquoi ne pas interdire les rassemblements en centre-ville ?" Au préfet de répondre : "C'est plus compliqué à faire appliquer que de laisser se dérouler une manifestation sécurisée par les forces de l'ordre. Interdire les rassemblements en ville, c'est interdire les regroupements. A partir de 3-4 personnes, c'est un regroupement !"
(Environ 250 commerçants ont répondu à l'invitation commune du maire du Puy et du préfet de la Haute-Loire. Photo DR/S.Ma)
"Faut-il ouvrir nos boutiques ou les fermer ?"
Le responsable d'une boutique de sacs située rue Chaussade s'est donc interrogé, "faut-il laisser nos boutiques ouvertes ou les fermer ? Parce que si on barricade tout, il n'y aura personne". "Et puis quoi, donnons leur nos clés aussi !", a réagi un autre commerçant. Cette fois-ci, la réponse est venue du maire du Puy : "Personne ne se réjouit de voir "une ville morte". On sait à quel point c'est difficile pour vous, que pour certains commerçants la situation est catastrophique. Selon moi, il faut que vos boutiques soient ouvertes, mais il faut aussi vous protéger." Les commerçants peuvent faire appel aux bons conseils d'un référent sûreté du commissariat du Puy, spécialisé dans les mesures de protection : psq-43@interieur.gouv.fr.
Un dispositif de sécurité renforcé
Lors de cette réunion, le préfet a précisé ce qu'il voulait dire par "l'ensemble des moyens prévus", cité plus haut.
* Il a ainsi demandé au maire de protéger ou de retirer le mobilier urbain ainsi que les conteneurs à verre et de sécuriser toutes les zones de travaux en cours.
* Le parking souterrain du Breuil, pouvant être un lieu de stockage de matériel divers et varié, sera fermé tout au long de la journée du samedi.
* Le stationnement sur la place et le boulevard du Breuil sera interdit.
* La bibliothèque municipale sera fermée toute la journée.
* Sauf si le rassemblement démarre avant l'heure connue qui est 13h30, le Marché du Plot sera maintenu mais fermera plus tôt que d'habitude, vers 12h30.
* Cinq arrêtés prévus. Le premier est municipal et concerne l'interdiction de vente, de consommation et de détention d'alcool. Mais selon l'ampleur du mouvement, le préfet ne s'interdit pas d'élargir le périmètre géographique de cet arrêté. Les autres arrêtés sont départementaux : interdiction de détention et de circulation d'armes par destination, interdiction de détention et de circulation de produits inflammables et de feux d'artifices, autorisation pour les forces de l'ordre à procéder à des palpations de sécurité et autorisation à procéder à des fouilles de véhicules.
* En plus de tous les effectifs locaux de gendarmerie et de police, le préfet demandera le renfort d'unités de force mobile (CRS, compagnie républicaine de sécurité de la police nationale et EGM, escadron de gendarmerie mobile de la gendarmerie nationale).
Un arsenal de mesures de sécurité qui a suscité l'interrogation d'un des commerçants ponots, responsable d'un bar et d'une boutique à vins, sans qu'il ait pour autant la volonté de laisser le champ libre aux éventuels casseurs. "La démarche sécuritaire est-elle la seule réponse à apporter ? Qu'est-ce qu'on propose pour que les gens s'expriment. Montrer une "ville morte", c'est céder à la peur et ne pas répondre à la demande fondamentale de ces personnes qui est de pouvoir s'exprimer." Le préfet a bien sûr mis sur la table les cahiers de doléances, ainsi que les 46 débats organisés en Haute-Loire dans le cadre du Grand débat national et auxquels 2 000 personnes auraient participé.
Stéphanie Marin
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