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25 novembre : 200 personnes pour dire stop aux violences faites aux femmes
Depuis plus de vingt ans, le 25 novembre est la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Ce samedi matin, dans la ville pavée, militantes et militants féministes, sympathisantes ou sympathisants, passantes et passants, femmes, hommes, enfants ou adultes ont répondu présents à l'appel au rassemblement lancé par le CIDFF ( Centre d'Information sur les droits des femmes et des familles) afin de dire " STOP aux violences faites aux femmes".
Une situation toujours effrayante et qui donne le vertige
" Viol familial, harcèlement de rue, mariage forcé, cyber-harcèlement, violence au sein du couple, violence sexuelle, violence verbale .." : La liste est longue et effrayante pour qui cherche à toucher de près la réalité de la violence auxquelles les femmes sont confrontées dans leur âme ou dans leur chair. Lorsqu'Arlette Arnaud-Landau, présidente historique du CIDFF l' égrène, la foule rassemblée rue Saint-Gilles se recueille avant de hurler en choeur " Stop, ça suffit ! ".
On dénombre 121 féminicides depuis le début de l'année selon le collectif " Nous Toutes"
Pourquoi le 25 novembre ?
Le 25 novembre 1960, trois femmes dominicaines, les soeurs Mirabal furent assassinées sur les ordres du chef de l'état dominicain. Le 19 octobre 1999, lors de la session de l'Assemblée générale des Nations Unies, les représentants de la république dominicaine et 74 états membres ont présenté un projet de résolution visant à faire du 25 novembre la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. La résolution a été adoptée le 17 décembre 1999.
Ça suffit parce que la situation est plus préoccupante que jamais et que certains chiffres donnent le vertige : au 22 novembre on dénombrait ainsi 121 féminicides depuis le début de l'année, en France. Certaines de ces femmes ont été tuées par un membre de leur famille, d'autres pour avoir refusé un rapport sexuel ou en raison de leur transition de genre. D'autres encore ont été poussées au suicide par des hommes violents ou suite à un épisode de harcèlement dont elles étaient victimes. En moyenne, chaque année, c'est plus de 210 000 femmes qui déclarent avoir été victimes de violences physiques ou sexuelles de la part d'un conjoint. Plus d'une femme sur deux en France et plus de six jeunes femmes sur dix ont été victimes de harcèlement ou d'agression sexuelle au moins une fois dans leur vie, selon un sondage réalisé par le Figaro. D'après l'association " l'Enfant Bleu", 16 % des Françaises ont subi une une maltraitante sexuelle dans leur enfance et au moins une femme adulte sur six vit avec la mémoire de violences sexuelles subies dans l'enfance.
Des silhouettes de femmes pour dénoncer et s'engager contre ces violences
" C'est la jeunesse qui fera bouger les choses" Arlette-Arnaud-landau
Cette année, le CIDFF avait proposé aux établissements scolaires et aux espaces associatifs du bassin ponot de participer à une opération intitulée " des silhouettes pour dénoncer et s'engager contre les violences faites aux femmes" parce que c'est "la jeunesse qui fera vraisemblablement bouger les choses" d'après Arlette Arnaud-Landau. Sur la base de silhouettes de bois découpées par l'AFPA les jeunes générations ont été invitées à donner libre cours à leur expression et à leur créativité : " On espère que grâce à ce travail artistique, les jeunes participants prennent conscience de l'ampleur des violences faites aux femmes, qu'ils s'informent quant aux différentes formes que cette violence peut prendre et qu'ils puissent également réfléchir à ce qui peut la générer" nous confie une des bénévoles du CIDFF. C'est donc avec des centaines de silhouettes de femme personnalisées, enceintes ou avec enfant, en situation de handicap ou âgées que les participants au rassemblement de ce samedi ont pu déambuler depuis le théâtre et jusqu'à la rue Saint-Gilles. Une performance artistique et politique qui n'aura laissé personne indifférent. De nombreux applaudissements et paroles de soutien accompagnaient le cortège.
Des ateliers de self défense physique et verbale
" Une meuf qui s'affiche trop sur les réseaux sociaux, elle est pas mariable", "La place d'une femme c'est à la cuisine", " t'as tes règles aujourd'hui, t'es de mauvaise humeur" : autant de clichés sexistes auxquelles les adolescentes sont confrontées dans leur quotidien. Autant de portes ouvertes au harcèlement. Aude, psychologue au CIDFF, cherche à aider les adolescentes présentes Place du Clauzel ce samedi matin, en fin de manifestation, à trouver la meilleure des réparties pour riposter aux stéréotypes de genre et aux discriminations dont elles peuvent être victimes : " Je connais ce jeu de mise en situation, nous confie la mère d'une adolescente. Il permet d'aborder avec nos ados tous les sujets de société complexes comme l'égalité entre les hommes et les femmes ou les discriminations. On reproche souvent aux victimes du sexisme de ne pas réagir comme il faut. Je peux vous assurer que grâce à ce jeu, les filles deviennent des warriors de la répartie" Les petits machos des cours de collège n'auront plus qu'à bien se tenir !
Derrière le petit groupe d'ados qui affinaient leur répartie, le club de Karaté locale proposait, quant à lui, quelques principes élémentaires de self-défense.
Les femmes en situation de handicap encore plus concernées que les autres
En France, si 36 % des femmes valides subissent une violence dans leur vie, ce sont environ 72 % des femmes en situation de handicap qui en sont victimes. Un chiffre saisissant, longtemps resté invisible.
Fabienne Savel et Christophe Barriol sont enseignants spécialisés à l'Institut Médico Educatif des Cévennes. Cet établissement, situé dans le petit village de Mons, accueille une petite centaine d'enfants, d'adolescents et de jeunes adultes atteints de handicap mental, ou présentant une déficience intellectuelle liée à des troubles de la personnalité ou de la communication. C'est la deuxième année qu'ils participent à des projets mis en place par le CIDFF : " Chaque semaine, nous organisons avec nos élèves, un petit débat autour de l'actualité et des problématiques sociétales. A chaque fois que nous abordions avec nos élèves le sujet des violences faites aux femmes, certaines filles se mettaient à pleurer. L'une d'entre-elles a même quitté la classe en claquant la porte. C'est vous dire si ces jeunes filles vivent cela dans leur chair"
" Les femmes en situation de handicap ne sont pas forcément en mesure de savoir dire non" Fabienne Savel
Les violences répétées, au sein du couple, seraient effectivement aggravées chez les femmes en situation de handicap. Parce qu'elles dépendent beaucoup plus de leur entourage, leur tolérance à la souffrance ou à la violence est plus forte. Une autre spécificité de ces femmes réside dans le rapport très particulier qu'elles entretiennent avec leur corps et leur féminité. Pour Fabienne, " Elles ont un rapport très ambigu avec leur corps. Elles n'ont pas intégré certaines normes sociales. Elles ne sont pas forcément en mesure de dire non. Elles ont du mal à savoir ce qui peut s'accepter et ce qui ne peut l'être. Difficile pour elles de faire la différence entre ce qui relève du geste tendre, de l'attouchement ou de l'agression sexuelle". Une observation que valide Aude Gendronneau, psychologue clinicienne au sein du CIDFF : " Les personnes en situation de handicap ne connaissent effectivement ni leur corps, ni leurs limites" acquiesce - t - elle. Il faut absolument mener un travail dans ce sens avec ces jeunes filles pour éviter que certaines violences qu'elles pourraient subir à l'adolescence ne deviennent la norme pour elles".
" Je n'avais jamais vu mes élèves aussi mobilisés autour d'un projet"
C'est forts de ce constat que les deux enseignants se sont tournés vers le CIDFF : " Nous cherchions un partenaire qui puisse nous aider à aider. La question du consentement était vraiment un axe de travail que nous désirions parcourir avec nos élèves. Autant avec les filles qu'avec les garçons d'ailleurs. Nos élèves devaient cheminer là dessus. C'est pour cela que nous nous sommes adressés au CIDFF". Un travail a donc été mené avec une animatrice durant toute une année scolaire à partir d'un échantillon d'images ou de photos à classer. Pour Fabienne,"ces différents ateliers ont été d'une richesse pédagogique inestimable. Ces images étaient avant tout un support de discussion entre filles et garçons. Je crois qu'en échangeant leurs points de vue, beaucoup de nos élèves ont pris conscience de certaines limites à ne pas dépasser ou à ne pas accepter. Jamais je n'avais vu mes élèves autant mobilisés autour d'un projet".
" Une réflexion de fond autour de toutes les violences faites aux femmes"
Alors, lorsque la responsable pédagogique du CIDFF leur a proposé de participer, cette année, à un travail de réflexion autour des violences faites aux femmes, les enseignants et leur élèves n'ont pas hésité : " Ce nouveau projet nous a intéressé à plus d'un titre, nous confie Christophe. Nous avons d'abord du aller chercher avec nos élèves les silhouettes de femmes à personnaliser. Cela nous a permis de leur montrer où se situait le CIDFF et de rencontrer les personnes qui y travaillent. Les filles ont bien compris qu'il s'agissait d'un lieu ressource pour elles, au cas où, et ont pu le localiser précisément. Le travail plastique que nous avons mené sur ces silhouettes nous a permis de mener une réflexion de fond autour de la violence faite aux femmes. Il s'agissait d'un excellent médium pour ouvrir le débat. Nous sommes parvenus à lister toutes les violences auxquelles une femme pouvait être confrontée dans sa vie de couple : les agressions verbales ou physiques, les atteintes à sa liberté (lorsqu'un garçon jaloux cherche à lire ses SMS par exemple) et lorsqu'on essaie de la faire taire".
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1 commentaire
200 personnes ! à mon humble avis c'est bien triste que si peu de femme et d'homme ne trouvent pas un moment pour aller crier STOP. Pourtant la presse relate tous les jours des faits de violence. Ce n'est pas d'aller loin que le CDIFF a demandé ; c'est à côté de chez vous, au Puy, un samedi matin. Quand vous serez confronté à ce problème, comme nous l'avons été on prend conscience de la gravité de la situation.
P.S. des raisons graves m'ont empêché d'y être.