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2 000 personnes au Mont Mezenc : la fraternité l'a emporté sur le froid
Le démantèlement de la jungle de Calais a débuté ce lundi matin : l'opération consiste à vider le campement, devenu au fil des mois le plus grand bidonville de France avec ses 6 400 à 8 100 occupants, dont le rêve est de se rendre au Royaume-Uni. Les personnes évacuées doivent être conduites dans des centres d'accueil et d'orientation (CAO), disséminés dans toute la France. Une actualité qui fait écho à la mobilisation de ce dimanche au Mont Mezenc.
L'appel avait été lancé il y a quelques semaines par les collectifs Nuits debout de la région Auvergne Rhône-Alpes. Ils n'avaient pas digéré les propos de Laurent Wauquiez, refusant une contribution de la Région à l’accueil de 1 784 migrants de la jungle de Calais (une pétition est lancée), et allant jusqu'à proposer une aide juridique de la collectivité régionale pour les communes qui sont prêtes à engager des recours administratifs ou des référés-suspensions contre l'Etat.
Un appel qui dépasse les frontières régionales
L'appel des collectifs Nuits debout, relayé et appuyé par RESF (Réseau éducation sans frontière), la Cimade, la ligue des droits de l’homme ou encore Attac, a trouvé un large écho puisque environ 2 000 personnes (selon les services de gendarmerie) sont venues manifester, ce dimanche 23 octobre, au pied du Mezenc, là où le député de Haute-Loire et président Les Républicains (LR) par interim a pris l'habitude de lancer sa rentrée politique, accompagné des siens, depuis 2012 (notre article en 2016, en 2015, en 2014 et en 2013). Un lieu "qui constitue un véritable trait d’union entre les régions Auvergne et Rhône-Alpes" martelait son entourage lors de la campagne des Régionales.
Cette fois, la mobilisation aura dépassé le carcan régional puisque parmi les manifestants, on a retrouvé des centaines de simples citoyens venus de Haute-Loire bien sûr, mais aussi d’Ardèche, de la Loire, et même d’Albi, de Bourgogne ou encore de Franche-Comté.
De nombreuses réactions à gauche
Parmi les prises de parole qui ont précédé l'ascension, Christine Chevalier, du Réseau éducation sans frontière (RESF) Haute-Loire, rappelle : "la France peut accueillir ces migrants. C'est une question de volonté, pas d'argent. Notre région doit accueillir 1784 migrants de Calais, soit une personne pour 4347 habitants". Rappelons que les communes doivent exercer leur devoir de donner asile aux réfugiés de guerre, comme le stipule le traité de Genève. On notait également au rang des manifestants des personnalités politiques du département, comme Yves Prat (front de Gauche) qui déclare sur sa page Facebook : "Permettez moi de dire à Laurent Wauquiez : "Ne rajoutez pas du désespoir au malheur de ces populations qui fuient leur pays, notre monde est riche de ses diversités".
Idem pour le conseiller d'opposition (PS) à la mairie du Puy Laurent Johanny, qui témoigne : "nous étions plus de 2000 à participer à l’ascension du Mont Mézenc [...]. De quoi me rassurer (un peu) sur les valeurs de fraternité, de solidarité qui règnent en Haute-Loire. Je me souviendrai longtemps de ces échanges avec Aman, réfugié Afghan, expliquant que ce long chemin boueux lui rappelait son périple en Bulgarie. Ce jeune homme, plein de vie malgré une histoire si tragique, retrouvait aujourd’hui un peu d’espoir en voyant une telle mobilisation. [...] Comme je l’ai réclamé lors du dernier conseil municipal : les humanistes ne peuvent pas se taire sous le seul prétexte d’une admiration pour un homme, aussi puissant soit il".
Immigrés : près de 9 % de la population régionale, et plus de 41 % occupent un emploi
Dans une récente étude de l'Insee, publiée en septembre dernier, on apprend qu'en 2012, la région Auvergne-Rhône-Alpes compte 681 000 immigrés, soit presque 9 % de sa population. Depuis 1999, la population immigrée régionale a augmenté de près de 153 000 personnes (+ 2 % en moyenne annuelle). Parmi eux, un peu plus de la moitié se déclarent actifs, c’est-à-dire soit en emploi soit au chômage.
En 2012, plus de 280 000 immigrés occupent un emploi. Les hommes sont très majoritairement ouvriers, les femmes plus souvent employées. La population immigrée de la région travaille dans des secteurs d’activité marqués par leur profil professionnel : un homme sur cinq travaille dans la construction et une femme sur dix dans les activités de services administratifs et de soutien.
Près de 20 % des immigrés en emploi n’ont pas de contrat à durée indéterminée. Cette part est de 13 % chez les non-immigrés. Un actif immigré sur trois, arrivé en France il y a moins de cinq ans, est au chômage. Et lorsqu’ils sont en emploi, les immigrés récents occupent plus souvent des emplois précaires.
Maxime Pitavy
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