Dans la salle communale de Rosières, d’innombrables visages scrutent les écrans devant eux. Les sourcils parfois se lèvent, les yeux souvent se plissent, les rires fusent aussi, et des moues de satisfaction ou de frustration se chevauchent à mesure que les secondes passent.
Ce samedi 8 juillet, ils sont des centaines de « gamers », de tout âge, de tout sexe, pros ou amateurs, à passer de table en table, de jeu en jeu, d’époque en époque. Ils inaugurent ensemble la première édition de l'Emblavez Gaming Day, un évènement qui a déjà prévu son acte deux à Vorey-sur-Arzon dès l’année prochaine.
« Le pari est clairement réussi »
Stéphane Souton, coorganisateur de la manifestation et animateur du Clic@Rosières (Centre Local d’Informatique et de Communication), exprime fièrement ses premiers ressentis. « Pour moi, c'est un vrai succès ! Nous souhaitions que les gens viennent en famille, qu’ils soient contents de jouer, que toutes les générations soient représentées. C’est chose faite ! Ce matin, nous avons enregistré environ 200 personnes. Le pari est clairement réussi ».
« Je ne joue pas souvent aux jeux vidéos mais j’adore ça quand l’occasion s’y présente. Le seul problème est qu’on peut y passer des heures sans s’en rendre compte ! » Anna, devant une Super Nintendo.
« Certains jeux traversent véritablement le temps »
Disposés dans trois salles, ce sont près de quarante écrans, de tours d’ordinateurs, de consoles de jeux et de bornes d’arcade qui s’alignent côte à côte. Si les plus jeunes « gamers » ne sont pas plus hauts que trois pommes et demi, le doyen a, selon Stéphane Souton, 96 ans.
Et tout comme l’éclectisme de ces joueurs, il en va de même pour les jeux proposés. De Pac-Man, créé en 1980 par Namco, au dernier Fifa 2023 par EA Vancouver, presque un demi-siècle les sépare. « Et pourtant, les jeunes peuvent rester des heures devant un Pac-Man pixelisé à mort car le concept leur plaît, explique Stéphane Souton. Certains jeux traversent véritablement le temps ».
Quand j’avais ton âge
Le jeu rétro fait ainsi partie de l’ADN de l’Emblavez Gaming Day. À la question de savoir pourquoi un tel engouement pour l’ancien, Stéphane Souton répond : « Je pense déjà que les parents ou les personnes de 40-50 ans veulent montrer à leurs enfants les jeux qui existaient quand ils avaient leur propre âge. Et puis, les années 1980/90 ont toujours suscité de la curiosité et peut-être une forme de nostalgie ».
Ils rendent stupides et associables ?
« Les jeux vidéos ne sont pas bons pour la santé ». « Ils rendent stupides et associables ». « Ça fait grossir ». Des clichés ? « C’est comme tout, défend Stéphane Souton. Il faut en user avec modération. Je reste intimement persuadé que ça développe des compétences et des capacités, à condition de ne pas en abuser ».
Il ajoute : « Ce qu’on essaie de faire avec notre association Clic@Rosières, c'est de montrer aux jeunes qu’il est plus amusant de jouer ensemble que seul dans sa chambre. Nous organisons des soirées depuis plus de 20 ans où les gamers se retrouvent ici, devant les écrans, mais ensemble. On se voit, on se parle, on échange. Le lien humain est alors préservé ».
Le Je dans le jeu
Et pour les jeux de demain ? « On pense souvent à la 3D, livre Stéphane Souton. Mais beaucoup de gens ont du mal à rester longtemps avec un casque de réalité virtuelle sur la tête. Cette technologie ne permet pas de jouer des heures comme il est possible de le faire avec des consoles lambda ».
Il termine : « Je pense que les jeux de demain seront toujours plus proches du réel, avec une liberté d’action de plus en plus infinie. Les concepteurs veulent reproduire le vrai monde réel pour le transposer dans le virtuel. Et faire en sorte que le gamer soit l’acteur principal du jeu et qu’il devienne finalement le jeu ».
À ce moment-là, une autre question émergera naturellement : Qui sera le Je ?