Des jeunes, des vieux, des poussettes et des cheveux blancs, des ados, des adultes, des profs, des ouvriers, des aides à domiciles, des intermittents, des employés de Michelin, du textile et de bien d’autres corporations, des drapeaux syndicalistes, des panneaux indépendants...la ville du Puy-en-Velay a été secouée ce mardi 18 octobre, entre 10h30 et midi, par les slogans des manifestants aux milles visages.
« L’atteinte du droit de grève que représentent les réquisitions ! »
Le cortège est parti de la place Cadelade, a remonté le Breuil et le boulevard Saint-Louis . Il est ensuite redescendu par la même voie pour s’échouer devant la Préfecture de la Haute-Loire, lieu de tous les discours.
« Cette journée de grève et de mobilisation est la continuité de la manifestation interprofessionnelle et intersyndicale du 29 septembre pour obtenir des augmentations de salaire et se battre pour la retraite, lance Pierre Marsein, secrétaire général de la CGT 43. Nous sommes également ici pour soutenir les grévistes des raffineries et dénoncer l’atteinte du droit de grève que représentent les réquisitions ! »
« Je dis à tous les jeunes, tous les élèves, tous les étudiants de venir grossir les rangs des manifestations afin que vous soyez dignement considérés » Baptiste Gauthier, lycéen
« L’avenir ne se rattrape pas comme un cours scolaire ! »
Parmi les éléments de cette mobilisation, les jeunes. Souvent oubliés par les médias, le micro leurs a été tendu. « Osez !, pointe Baptiste Gauthier, élève au lycée de la Roche Arnaud aux côtés d’autres camarades. Je dis à tous les jeunes, tous les élèves, tous les étudiants de venir grossir les rangs des manifestations afin que vous soyez dignement considérés »
Il continue : « Je suis ici pour dénoncer le dispositif de Parcoursup qui est une machine à placarder des étiquettes sur la tête des étudiants. Pour les diviser et les stigmatiser. Un élève qui n’aura pas fait un cursus brillant ne pourra pas intégrer l’école qu’il souhaite tout simplement parce qu’il aura foiré un truc, une matière. »
Il termine ainsi : « Nous nous battons pour nos droits de demain ! Quel sens ont des études longues et complexes pour ne finalement pas faire le métier tant recherché ? Ou alors sous-payés ? Ou sous considéré ? Nous représentons le futur de la société active. L'avenir ne se rattrape pas comme un cours scolaire ! Il est nécessaire de faire valoir nos droits et imposer notre propre sens critique ! »
« Les richesses, c’est nous ! »
Du côté des entreprises privées, Hervé Bancel, délégué CGT Michelin Blavozy, dénonce non seulement un grave déséquilibre du partage des richesses mais rappelle aussi sa vraie définition selon lui. « Les richesses, c’est nous !, insiste-t-il. Nous sommes les créateurs des richesses ! Quand les salariés s’arrêtent, plus rien ne rentre dans les poches des dirigeants. »
Il ajoute, chiffres à l’appuie : « Michelin a fait 1,7 milliards de bénéfices. La moitié sera reversée aux actionnaires. Et nous ? Rien. Après 25 ans de boîte, je touche 1 900 euros net. Un jeune qui commence attaque à 1 300 euros. Le gouvernement lui-même a préconisé un salaire pour tous au moins égal à 2 000 euros net pour vivre décemment. L’inflation nous étouffe tout autant que ce manque de considération de la part du grand patronat ! »
« Il est juste indispensable qu’ils aient un autre avenir que cette réforme destructrice leur promet »
En préambule à cette mobilisation, une regroupement s’est constitué à 9h30 devant l’inspection académique de la Haute-Loire pour « s’opposer à la réforme des lycées professionnelles annoncée par le Président de la République ».
courrier de la FSU.pdf
Louise Pommeret, sous-secrétaire de la FSU 43 explique : « Nous considérons que cette réforme va provoquer la disparition pure et simple de la voie professionnelle en place depuis la fin de la seconde guerre mondiale. »
Elle déplore : « Si cette réforme passe, ce sera alors la fin à la formation à de véritables métiers, la formation de futurs citoyens qui ont encore la possibilité d’obtenir un niveau de qualification élevée pour s’insérer pleinement dans la vie professionnelle ».
Elle conclue en soulevant un point qu’elle estime d’importance : « Le combat de la FSU, c’est de mettre en lumière ce vivier de jeunes issus souvent des classes populaires. Ils semblent invisibles. Et pourtant ils représentent un tiers des lycéens toutes voies confondues. Il est juste indispensable qu’ils aient un autre avenir que celui promis par cette réforme ».