Saint-Christophe-sur-Dolaison, heureuse ? Ou pas ? La question est légitime tant le sujet sépare les protagonistes et génèrent des sentiments antinomiques. Les « pour » rappelleront que la Haute-Loire fait partie des cinq derniers départements de l’Hexagone à ne pas avoir de crématorium et qu’il faut se rendre chez les voisins ligériens pour le dernier voyage du défunt.
« Une pollution pire qu’à Tchernobyl »
Les « contre » avanceront, comme ce qui avait été colporté en masse pour le projet à Saint-Hostien en 2021, que : « un ballet incessant de corbillards allait traverser le bourg et provoquer des conséquences psychologiques graves chez les enfants du village ! » et également « que l’implantation d’un crématorium allait engendrer une pollution pire qu’à Tchernobyl et que cette soi-disant pollution allait remonter jusqu’au Pertuis avec le vent du midi ».
D’après le site de Funéraire-Info, les cinq départements démunis de crématorium sont la Corrèze, le Lot, la Lozère, la Haute-Marne...et la Haute-Loire
Ces propos ont été lancés à la tête de Jean-Pierre Charra, Vice-président de l’association des crématistes de Haute-Loire, dépité par ces affirmations qu’il qualifie d’absurdes. « Cela fait 41 ans que nous œuvrons pour que la Haute-Loire possède son propre crématorium, avait-il souligné après l’échec de Saint-Hostien. Notre département est totalement à la traîne sur le sujet ».
Avant de déplorer aussi : « « Nous sommes fatigués d’entendre de telles inepties ! Pourquoi ce qui serait possible dans pratiquement tous les départements de France ne le serait pas en Haute-Loire ? »
OGF ou Omnium de Gestion et de Financement, entreprise lauréate
Son vœux est en phase d’être exaucé, Saint-Christophe-sur-Dolaison choisie pour accueillir l’établissement. Et pour que l’opération ait toutes les chances de réussir, la Communauté d’Agglomération du Puy-en-Velay avait mis en place une Délégation de Service Public (DSP) au mois de janvier 2022. La collectivité s’occuperait du projet mais sans le prendre en charge. Le délégataire retenu aurait ainsi la responsabilité de la création du crématorium, sa gestion et le choix du lieu d’implantation.
La réception des candidatures s'est terminée le 25 février 2022. Des six plis en lice à la base, quatre ont été retenus en mai. Après l'ouverture des offres en octobre 2022, trois d'entre elles ont été déclarées complètes. Le 9 décembre, la Société Nouvelle Crématorium est écartée. Deux entreprises ont alors terminé le bras de fer : la Société OGF et la Société Clarea.
Le 12 avril 2023, les offres finales ont été analysées. Au terme de négociations, c’est la Société OGF qui remporte la manche pour ouvrir le premier établissement de ce genre dans le département.
Derrière les élus, le terrain de 5 000 m² où sera implanté le crématorium
Photo par Nicolas Defay
« Une surface de 623 m² sur un terrain à proximité du nouveau stade de foot, dans une zone isolée et en retrait »
Sandra Lombardy, élue au Conseil communautaire, explique dans les grandes lignes le projet. « L'établissement aura une surface de 623 m² sur un terrain à proximité du nouveau stade de foot, dans une zone isolée et en retrait ».
D'après ses informations, il sera équipé d'un seul four mais pourra accueillir sans problème un second en cas de forte demande. L'énergie sera du gaz en bonbonne, les conduites de gaz étant inexistantes sur la zone.
Le crématorium sera ouvert du lundi au vendredi de 9h à 17h30, le samedi de 9h à 12h et le samedi après-midi à partir de la deuxième année de fonctionnement. La structure pourra accueillir 110 personnes.
« La première crémation devrait être effective au début de l'année 2026 »
OGF prévoit 700 crémations au terme de la première année, avec des personnes issues de la Haute-Loire mais également des départements voisins. Le délégataire prévoit un budget de 3 millions d'euros environ pour sa construction.
Pour le calendrier du projet, il faudra une année entière pour les études d'impactes, l'enquête publique, le permis de construire et les délais de recours. « La première crémation devrait être effective au début de l'année 2026 », assure Sandra Lombardy.
Sandra Lombardy, porte-voix du Conseil communautaire sur le grand projet.
Photo par Nicolas Defay
« Cette fois, il n'y a pas de riverains et donc pas de polémiques »
D'après les dires du maire de Saint-Christophe-sur-Dolaison, Daniel Boyer : « Il y a eu 100% de vote pour le projet du crématorium au conseil municipal, souligne-t-il. Et selon ce qu'on entend dans le bourg, les gens ont hâte que l'établissement soit opérationnel. Il n'y a eu aucun soulèvement de la part de la population. Je suis très heureux pour St-Christophe ».
Pour Michel Joubert, Président de la Communauté d'Agglomération : « Le lieu est idéal ! Cette fois, il n'y a pas de riverains et donc pas de polémiques. Il y a un accès facile par la RN 102. C'est dans un secteur rural mais bénéficiant d'une position centrale. Toutes les conditions sont réunies pour que le projet aboutisse enfin ! ».
