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Emile-Roux : « Ce sont des coquilles vides qu’on vous a présenté »

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 20/06/2023 à 15:30

Après la présentation des réalisations et des projets partagés par la direction sur fond de millions d’euros, la CGT hospitalière ne cache pas sa frustration. Cette dernière, en lutte depuis des années pour alerter sur le manque d’effectif au CHER, rappelle « la situation catastrophique » en cours avec, entre autres, la fermeture des urgences de nuit tout l’été...faute de personnel.

60 millions d’euros dépensés depuis 2015 à l’hôpital Emile-Roux pour réaliser nombre d’outils, rénover maints bâtiments, envisager pour un avenir proche de grands et beaux projets. 180 millions octroyés par l’ARS. 8,5 millions de la Région...Des sous, il y a en a. Des idées aussi.

Mais Amandine Rabeyrin de la CGT Hospitalière du CHER (Centre Hospitalier Emile-Roux) pose alors ces questions : « Comment vont-ils faire pour que tous ces services puissent fonctionner sans professionnels à l’intérieur ? Est-ce sérieux de ne pas régler avant tout le cœur de l’hôpital avant tout le reste ? Est-ce normal de constater qu’il manque 250 Équivalent Temps Plein aujourd’hui pour pallier l’absentéisme actuel ? Ce sont des coquilles vides qu’on vous a présenté ».

Les urgences de nuit fermées pendant plus de deux mois, 7 jours sur 7

Pour illustrer ses propos, elle révèle une information « grave et sans précédent » dont les usagers de l’hôpital en font déjà les frais depuis quelques semaines. « L’accès aux services des urgences a été restreint sur plusieurs week-ends au mois de mai, rappelle-t-elle. Le CSE (comité social et économique, Ndlr) nous annonce que cette restriction sera effective toutes les nuits d’été jusqu’au mois de septembre, à partir de 17 h 30 ».

A. Rabeyrin expose une facette de l'hôpital bien différente de celle de la direction.
A. Rabeyrin expose une facette de l'hôpital bien différente de celle de la direction. Photo par Malvina

Un château de carte qui vacille

Amandine Rabeyrin signale aussi que : « Face au manque de personnel, de nombreuses fermetures de lits sont prévues. Tous les services seront confrontés au problème, chose unique dans l’histoire de l’hôpital ».

Elle confie ainsi que, durant la période estivale, 46 lits en médecine seront condamnés « plus ou moins longtemps », 42 lits d’hospitalisation complète en chirurgie subiront le même sort (10 lits de traumato sur 3 semaines et 32 lits de digestifs sur la même durée). Le service Zone d’Hospitalisation de Courte Durée sera fermé. « Si on continue comme ça, nous allons droit dans le mur, tous ensemble, le personnel et tous les patients. Vous et nous tous ! »

« Ce qu’a affirmé le directeur de l’hôpital est totalement faux ! »

À propos du manque de personnel pour assurer pleinement l’ouverture des urgences, Jean-Marie Bolliet avait expliqué dans l’article précédent : « Dans les autres hôpitaux, une infirmière s’occupe de 15 lits. Ici, c’est une infirmière pour 8 lits. Nous priorisons ainsi la qualité des soins plutôt que la quantité. Ce choix a en effet des conséquences sur la masse des effectifs ».

Une affirmation qui a fait rouler des yeux les militants présents. « Je pense que tous ces gens-là ne doivent pas être très souvent dans les couloirs des services !, lance Amandine Rabeyrin. Ici, quand tout va bien, les infirmières sont à un ratio de 1 sur 12. C’est à dire qu’elle s’occupe, seule, de 12 lits. Quand c’est tendu, c’est-à-dire très souvent, ce ratio monte à 1 sur 16. Ce qu’a affirmé le directeur de l’hôpital est totalement faux ! » Elle précise : « En 2022, il y a eu un petit effort de la direction qui a recruté 16 professionnels. Mais on est encore très loin des 250 nécessaires ».

Amandine Rabeyrin, porte voix du syndicat CGT Hospitalier du CHER.
Amandine Rabeyrin, porte voix du syndicat CGT Hospitalier du CHER. Photo par Malvina

« On leur rappellera alors que si leurs collègues galèrent, c’est leur faute »

Pour les autres axes de combat, le discours reste le même de la part du syndicat. Une rémunération revalorisée, un point d’indice augmenté de 10 %, des conditions de travail dignes, la contractualisation à l’ensemble de l’hôpital, le respect des congés...

« Il est courant que les agents se fassent appeler pendant leurs jours de congés pour combler la manque de professionnels constant à l’hôpital, se désole Amandine Rabeyrin. Ils ont le droit de dire non. Mais on leur rappellera alors que si leurs collègues galèrent, c’est leur faute. Tout est fait pour mettre la pression d’une façon ou d’une autre ».

« L’hôpital n’est rien sans le personnel médical et non médical. Sans eux, rien n’est possible »

Elle termine par ces mots : « Je pense que la direction n’a pas conscience que toutes ces personnes qui font que l’hôpital tient debout, sont à bout de souffle. Et si le Centre Hospitalier du Puy est en effet un hôpital dynamique en termes de projets et d’activités, l’hôpital n’est rien sans le personnel médical et non médical. Sans eux, rien n’est possible ».

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