En moins de deux mois, ce sont déjà plus de 50 contacts qui ont été établis par l’EMAH du Centre Hospitalier Sainte-Marie du Puy-en-Velay. Et ceci sans qu’aucune communication ni médiatisation n’aient été faites depuis son lancement au 4 avril dernier.
« Dans l’environnement familier du patient, chez lui, avec ses propres repères »
Sous ces quatre lettres qui signifie Équipe Mobile d’Alternative à l’Hospitalisation, trois infirmiers et un cadre de santé s’affairent à venir au domicile de patients victimes d’une crise psychiatrique. « Après un premier contact avec le patient lui-même ou un membre de sa famille par exemple, nous allons discuter de la situation avec l’équipe disciplinaire, explique Nadia, l’une des soignantes. Nous allons après nous rendre sur place en binôme afin d’intervenir précocement et de résoudre la situation de crise ».
Elle ajoute : « Une évaluation de l’état de santé mentale sera effectuée dans l’environnement familier du patient, chez lui, avec ses propres repères. Ce qui est bien plus rassurant pour lui que d’être dans l’enceinte de l’hôpital psychiatrique ».
Pour qui ? Toute personne de 18 à 64 ans, résidant en Haute-Loire et se trouvant en situation de crise nécessitant une évaluation psychiatrique.
« Il y a une vraie demande en Haute-Loire »
Ensuite ? Le patient sera orienté vers un interlocuteur approprié, un médecin généraliste ou autre. « Rien que pour le mois de mai, nous avons effectué 23 visites à domicile, ajoute Anthony Debard, cadre de santé à Sainte-Marie. J’étais confiant quant au succès de ce service ambulatoire car il y a une vraie demande en Haute-Loire. Comme un peu partout en France, nous sommes dans un département où la souffrance psychologique de la population devient de plus en plus palpable ».
Qui peut appeler l’EMAH ? Le patient lui-même, l’entourage, les aidants familiaux, les professionnels de santé (médecin traitant, infirmier libéral, assistant social…)
« Amener rapidement vers les soins la personne en situation de crise »
« Le principal objectif est avant tout d’aller vers le patient afin de prévenir d’une éventuelle hospitalisation, livre Virginie Mourier Soleillant, médecin chef et psychiatre à l’hôpital Sainte-Marie. Le service ambulatoire a pour but d’amener rapidement vers les soins la personne en situation de crise ».
Elle continue : « Le dispositif permet ainsi une diminution au recours à l’hospitalisation grâce à l’aspect préventif. D’autre part, l’EMAH accompagne aussi les patients en sortie d’hospitalisation afin de faire un suivi et prévenir les crises possibles à posteriori ».
Hospitalisation qui fait peur
Parce que l’image d’une hospitalisation dans un service psychiatrique est loin de séduire, certaines personnes en souffrance renoncent à contacter l’hôpital.
« Avec l’EMAH, nous nous déplaçons dans toute la Haute-Loire pour justement contourner cette image dénigrante, souligne Anthony Debard. Les gens peuvent communiquer et travailler avec les soignants sans mettre un pied à l’hôpital Sainte-Marie ».
« Notre projet est l’un des trois retenus dans toute l’Auvergne-Rhône-Alpes »
La demande massive depuis la création de l’EMAH valide bien le sens du projet à la base. « Dans le cadre du FIOP (Fonds d’Innovation Organisationnel en Psychiatrie), 114 projets en France ont été sélectionnés par l’Agence Régional de Santé, précise Frédéric Delmas, Directeur de territoire. Notre projet est l’un des trois retenus dans toute l’Auvergne-Rhône-Alpes. »
Il précise aussi : « L’ARS a financé la création de l’EMAH à hauteur de 240 000 euros. Pendant trois ans, le service sera effectif. Au terme de ces trois années et selon les indicateurs accumulés, il sera alors envisagé la pérennité du service ambulatoire tout comme le développement de son effectif ».