On peut l'apercevoir sur les hauteurs surplombant la vallée de la Loire, elle a le château de Mons en ligne de mire, mais c'est trompeur : "On ne se doute pas que pour accéder à l'Abbaye, il faut passer par l'autre côté" assure Gilles Bayon de La Tour. Cependant, "par l'autre côté", pas si facile d'entrevoir le signe de la présence d'une quelconque Abbaye.
Il faut ouvrir l'œil et guetter le long de la Route Départementale 150, à quelques centaines de mètres du carrefour de Fay-la-Trioulayre, le petit panneau indiquant "Abbaye de Doue", montrant la direction d'une petite route donnant l'impression d'aller nulle part. Il faut oser emprunter cette voie, pour se laisser progressivement ensevelir par la végétation au fil des deux kilomètres séparant l'axe routier de l'Abbaye. Au bout du chemin, un cul-de-sac, et sur la gauche se dresse l'édifice.
600 ans de présence monastique
L'Abbaye a vu le jour en 1138, dédiée à l'apôtre St Jacques en souvenir du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, à l'initiative de Pierre de Solignac, évêque du Puy. Ce dernier, en 1167, fait venir l'ordre des Prémontrés, composé de ceux qu'on appelle des chanoines réguliers. Ces ecclésiastiques menaient une vie monastique tout en ayant en parallèle des activités au sein des paroisses voisines.
"Ces chanoines sont restés à l'Abbaye de Doue pendant 600 ans !" raconte Gilles Bayon de La Tour. "Nous avons donc voulu rappeler cette présence monastique en réinstallant le choeur de l'église, en y mettant une croix réalisée par mon épouse, un autel et en restaurant les vitraux". Ces derniers ayant été restaurés par l'Atelier Thomas Vitraux, actuellement en pleine rénovation des vitraux de l'Eglise Saint-Sulpice de Cussac-sur-Loire.
« L’église dépourvue de toit de voûtes depuis l’entrée jusqu’à l’extrémité de la nef, n’offrait sur toute sa longueur que des murs prêts à s’écrouler »
Mathieu Bertrand de Doue, XVIIIe
200 ans de présence agricole
L'Abbaye tombe en ruine à la révolution française. Elle est rachetée en 1791 par la famille Bertrand dont Gilles Bayon de La Tour est la septième génération. "Mathieu Bertrand qui a racheté l'Abbaye en ruine a eu la bonne idée de ne pas démolir les bâtiment et d'en faire un usage agricole", ainsi l'église en ruine est devenue à la fois une grange, une écurie et une bergerie. "Depuis 1791, chaque génération participe à l'entretien de l'Abbaye" raconte Gilles Bayon de La Tour.
Gilles et Marie Bayon de La Tour, résidents occasionnels de l'Abbaye, sont les maîtres d'ouvrage d'une campagne de restauration qui a démarrée en 2012 et s'est achevée en 2022. "Ce fût des travaux considérables pour lesquelles nous avons reçu le soutien de la DRAC, de la Région, du Département et de la commune de Saint-Germain-Laprade". Gilles et Marie ont pu compter sur une centaine de "compagnons", hommes et femmes, dont la plupart sont des artisans locaux.
Des visites guidées du 07 juillet au 20 août
les visites guidÉes
L'Abbaye sera ouverte tous les jours de 13h30 à 19h30 - Visites guidées à 14h, 15h, 16h30 et 18h.
Plein tarif : 7€ / Enfant : 4€ / -12 ans : gratuit. / Groupe : 5€ (sur réservation).
Fermeture du 13/07 au 16/07.
+ d'infos sur le site de l'Abbaye.
Habituellement ouverte uniquement pour les journées du patrimoine, l'Abbaye de Doue ouvrira désormais ses portes pendant la période estivale. Des visites guidées seront encadrées par trois jeunes guides saint-germinois : Zoé, Clément et Quentin.
La saison se clôturera le dimanche 20 août avec la Journée de l'Abbaye : une messe chantée le matin dans l'église, suivi d'un pique-nique sur la terrasse, et un concert l'après-midi dans l'abbatiale "qui offre une très belle acoustique".
Les "compagnons" locaux qui ont œuvré à la restauration de l'Abbaye
- Les Ateliers de Chanteloube, Cussac-sur-Loire : Maconnerie, taille de pierre, terrassement, sols.
- Pascal Chaize, Saint-Germain-Laprade : Menuiserie.
- Les forges d’Elementa, Polignac : Ferronerie.
- Watt Else, Brives-Charensac : Electricité, éclairages de mise en valeur.