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Au Salon Rétromobile d'Espaly, à la rencontre des passionnés

Par . . , Mise à jour le 30/04/2023 à 16:00

L'association Auto Rétrot Ponot organise sur l'ensemble de ce week-end prolongé, son désormais célèbre et très couru salon des véhicules anciens à la Halle des Orgues à Espaly-Saint-Marcel.  Près d'une centaine de véhicules y sont présentés ainsi que quelques deux - roues disséminés de-ci-de là, histoire de rendre hommage à la marque Motobécane qui fête ses cents ans cette année. Nous en avons profité pour aller à la rencontre de deux membres de cette association quadragénaire : Jean Pestre et Fabien Chabanne, histoire de faire le tour de leur passion et de parler automobile, au passé, mais aussi au futur. 

 

 

Comment vous est venue cette passion pour les vieilles voitures et les vieilles mécaniques?

Petit, j'avais peint le nombre 201 sur une carriole à lait 

Jean Pestre : " Je suis issu d'une famille de maraîchers. Dans ma famille, il y a toujours eu plein de véhicules. Des utilitaires, bien évidemment, on en avait besoin, mais également des voitures de tourisme. Enfant, je passais mon temps entre elles, à essayer de comprendre comment elles fonctionnaient, comment elles étaient conçues. Et puis vint le jour, où mon père acheta une Peugeot 201, la première voiture française à être équipée de deux roues avant indépendantes, rendez-vous compte ! Depuis cette passion ne m'a plus lâché. Je viens de retrouver une photo de moi enfant, entrain de pousser une carriole à lait, sur laquelle j'avais peint ce nombre mythique : 201".

Jean Pestre, et la mythique Peugeot 201

Fabien Chabanne : " Pour moi, c'est également une histoire de famille : ma rencontre avec une Ford Vedette Galaxie qui prenait la poussière dans la grange de ma grand-mère lorsque j'étais gamin. C'est un modèle mythique pour les passionnés de voitures anciennes. C'était du haut de gamme à sa sortie, elle était équipée d'un V8 et pouvait sortir 60 CV. Pour l'époque c'était du lourd. On l'appelait " les dents de la mer" à cause de sa calandre qui ressemblait à une bouche pleine de dents".

 

  • Et après ? 

Après, c'est cinquante ans de passion 

Jean Pestre : " Après? C'est cinquante de passion et des milliers d'heures de travail pour retaper des voitures ! La première que j'ai restaurée c'était une Clément Bayard de 1906. Quand vous avez gouté aux vieilles mécaniques, aux vieilles carrosseries, ça ne vous lâche plus ! Aujourd'hui j'ai toute une flotte de véhicules anciens dont la plupart sont exposés ici. Mais ce genre de passion, c'est pas une passion égoïste. On a besoin de soutien, de conseils, de réseaux. C'est la raison pour laquelle on a fondé, avec cinq autres passionnés le club Auto Rétro Ponot, il y a exactement quarante ans. Aujourd'hui, notre club compte 70 adhérents et gère une flotte d'environ 200 véhicules dont le plus ancien date de 1905".

Fabien Chabanne : " A nos 18 ans, avec mon frère jumeau, on a fini par récupérer la Ford Vedette de la grange de la grand-mère pour la rafraichir. C'est comme ça qu'on s'est fait la main. Ensuite on s'est attaqué à une Coccinelle des années soixante, à une Simca Aronde et à un vieux combi. Et puis un jour, la Ford T est arrivée. C'est ma voiture fétiche. Une voiture mythique, que tout le monde connaît ,je pense. Tout le monde a entendu parler d'elle pendant ses cours d'Histoire sur le Taylorisme. Mais peu de monde sait combien cette voiture est différente des autres. Elle a une conduite hyper particulière : il y a une différence au niveau des pédales, de la place du frein, de celle de l'accélérateur qui est en haut, près du volant".

La légendaire Ford T de Fabien Chabanne Photo par jfp

 

  • Cette passion, c'est pas un peu chronophage?

On sait quand on commence, mais jamais vraiment quand on finira

Jean Pestre : " Bien évidemment, on y consacre pratiquement tout notre temps de loisirs. Démonter une voiture pièce par pièce, c'est assez facile, à la portée de presque tout le monde. Il faut juste faire preuve d'un peu d'intérêt pour la mécanique et la carrosserie. Par contre, en remonter une, pièce par pièce également, c'est une autre paire de manche. En moyenne ça demande environ 500 heures de travail, mais on peut parfois mettre 20 ans pour restaurer totalement une voiture. C'est très aléatoire. Fort heureusement, dans le club, on a des supers mécanos qui nous donnent des coups de main. Fabien et son frère, notamment". 

Fabien Chabanne: " Restaurer une voiture, ça demande énormément de temps bien évidemment. On sait quand on commence, mais jamais vraiment quand on finira. Il faut accepter l'idée d'y consacrer tout son temps libre et peut être faire quelques sacrifices. Je suis également passionné par les vieilles Motobécanes. J'ai restauré une D45 de 1952. Lorsque je me la suis procurée, toutes ses pièces étaient démontées dans une caisse. Ça m'a pris 300 heures de travail. Je m'y attelle le soir, après mon boulot, et surtout le week-end".

Fabien Chabanne et sa collection de motobécane Photo par jfp

 

  • Vous en profitez quand même?

J'adore ça 

Jean Pestre : " Mais c'est un vrai plaisir que de rendre vie à une vieille voiture. Et puis vous savez, on en profite. Lorsqu'une voiture est terminée, même si on peut pas envisager de faire le tour du monde avec, on part faire des rallyes avec d'autres passionnés. On parcourt tranquillement des petits routes de campagne, à notre rythme, enfin plutôt au rythme de nos voitures, sur plusieurs jours. On dort dans des hôtels, dans des campings, on voit du pays. C'est très agréable, une bonne récompense!"

Fabien Chabanne : " Tous les ans je participe à des rassemblements de Ford T. J'adore ça ! "

 

  • Certains, justement vous reprochent ces grands rassemblements et ces rallyes, à l'heure où la voiture est de plus en plus mal vue. Vous n'avez pas peur qu'un jour tout cela soit interdit?

Le marché des voitures de collection représente plus de 4 milliards d'euros

 

Jean Pestre : " Un vieux problème. On entend ces critiques. Mais je ne pense pas que notre passion puisse être un jour compromise. Les enjeux financiers qui la sous - tendent sont trop importants. D'après la FFVE ( Fédération Française des Véhicules d'Epoque), le marché des voitures de collection en France, représente plus de 4 milliards d'euros. Et puis le monde des vieilles voitures, c'est également créateur d'emplois".

La clinquante Mercedes 190 SL de 1962 est estimée à plus de 150 000 euros Photo par jfp

 

  • Quelle est votre coup de coeur cette année, en matière de voitures exposées à votre salon?

Où on vous explique la numérotation de la marque peugeot

Tous les modèles ont trois chiffres avec un zéro central. La marque en est le propriétaire. Mais non, ce zéro central, ne servait pas à former un trou pour pouvoir y insérer une manivelle de démarrage. C'est une légende urbaine. Le premier chiffre représente la taille de la voiture : une 201 est plus petite qu'une 301. Le dernier chiffre représente la génération : la 201 est la première génération des voitures de taille 2. Aujourd'hui la marque vend des 208, c'est à dire la huitième génération de ces mêmes véhicules. Le constructeur Porsche qui avait voulu nommer 901, l'un de ses modèles, a du y renoncer face à la colère de son concurrent. 

 

Jean Pestre : " Sans hésiter une seule seconde, et même si je reste très attaché à ma 201, mon coup de coeur de cette année c'est la Mercedes 190 SL de 1962. Ce petit coupé cabriolet est entré dans la légende des automobiles de collection de prestige. Le modèle qu'on expose a été sublimement restauré, c'est un vrai bijou. Même si, entre amateurs, on n'aime pas le consumérisme, on n'aime pas parler d'argent, c'est un modèle qui peut dépasser, au vu de sa restauration exceptionnelle, les 150 000 euros". 

Fabien Chabanne : " Ma vieille Ford T toute rouillée de 1912. Elle date d'avant l'adoption du taylorisme par les usines Ford. C'est un modèle assez rare, conçu pour l'armée. Je me réjouis déjà quand je pense aux nombres d'heures de travail que je vais faire passer pour la restaurer!"

 

  • On a beaucoup parlé de voitures anciennes. Comment voyez vous l'avenir du secteur automobile?

Il faudrait plutôt favoriser au maximum la motorisation hybride

Jean Pestre : " Beaucoup de gens pensent que la voiture électrique, c'est tout nouveau. Mais des  voitures électriques, on en avait déjà en France pendant l'Occupation. Elles constituaient une réponse au rationnement de l'essence. On en expose deux modèles cette année, dont une Paris-Rhône de 1942. Je ne crois pas trop à l'électrique pour l'avenir. Certes, ce sont des superbes voitures, plutôt fiables, mais lorsqu'il faudra changer de batterie dans quelques années, les gens commenceront peut être à comprendre qu'ils ont fait une erreur en se rabattant sur l'électrique sans que l'on ait suffisamment de recul.Je pense qu'il faudrait plutôt favoriser au maximum la motorisation hybride". 

 

Ue vieille Paris Rhône de 1942 et déja électrique Photo par jfp

 

 

 

 

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