Dimanche 2 avril, c'était le coup de sifflet final pour la saison 2022-2023 à Super-Besse. Entre grosses chutes de neige et périodes plus difficiles, le directeur de la station Vincent Gatignol, décrypte la saison hivernale à présent achevée.
"On retient surtout l'image que véhiculent certains médias sur le fait qu'il n'y a plus de neige en station, mais ce n'est pas comme ça que ça marche"
Cette saison 2022-2023 est-elle réussite ?
"C'était une saison hivernale très compliquée. Il y a eu des très haut, mais aussi des très bas. Au final, c'est plutôt une bonne saison. On retient surtout l'image que véhiculent certains médias sur le fait qu'il n'y a plus de neige en station, mais ce n'est pas comme ça que ça marche. On a eu de la neige mi-décembre, on l'a ensuite perdu fin décembre et début janvier, elle est revenue en force vers fin janvier, avec des vacances de février exceptionnelles. Puis, on a eu de la neige en mars, mais avec un peu de mauvais temps, et pas mal de précipitations, qui ont perturbé l'activité du mois. Donc c'est toujours plus complexe qu'en apparence."
"Au final, nous sommes à moins 10 % de notre saison de référence. L'an dernier, qui était une saison exceptionnelle, où il y avait déjà de la neige, contrairement à ce que l'on croit. En termes de chiffre, cette saison, est donc une très bonne saison. Il faut comprendre que les circonstances changent en permanence, de saison en saison et de jour en jour, c'est à nous de nous adapter au mieux et d'être les meilleurs possibles".
Comment s'adapter quand il manque de la neige ?
"Nous avons un équipement en création de neige important, que l'on produit beaucoup, dès l'automne. Donc on a beaucoup de certitudes sur l'enneigement de nos pistes, c'est primordial pour l'engagement du public. Pour réserver un appartement en station, il faut pouvoir être sûr de pouvoir skier. On a aussi une station très ouverte, très famille, très sympa à skier, il n'y a pas de barres rocheuses, on peut lâcher les enfants en toute quiétude."
"Depuis quinze ans, on a également beaucoup d'animations tout au long de la semaine, pour les adultes, pour les enfants. En plus de cela, il y a la diversification de nos activités. Si on prend un séjour à Super-Besse, on a le ski, mais on a aussi beaucoup plus de choses à proposer, il y a le centre ludo-sportif des Hermines, quand on peut, on relance la luge d'été, notre parcours extrême...Ce sont d'autres activités qui se font, en fonction de la météo, des plaisirs. Cela permet de la flexibilité. D'ailleurs, nous allons ouvrir pour les vacances de Pâques, entre le téléphérique qui reste ouvert pour les randonnées sur les crêtes et le centre ludo-sportif, la luge d'été, nous avons une clientèle pour ces créneaux-là".
"Notre plus grosse clientèle reste les locaux, puis ensuite le créneau des habitants du Pays-de-la-Loire et de Bretagne".
Le train mis en place pour permettre aux Auvergnats de rallier la station du Lioran vous a t-il impacté ?
"Je ne pense pas qu'il nous a fait mal, non. Quand la neige était là, on avait une bonne fréquentation. Bien sûr, chacun essaye de faciliter l'accès à sa station, d'aller chercher la clientèle pour l'aider à monter parce que ce n'est pas simple. Le train est une solution, nous nous avons des bus qui viennent en direct de Paris. C'est un vrai défi, surtout avec le prix des carburants. Notre plus grosse clientèle reste les locaux, puis ensuite le créneau des habitants du Pays-de-la-Loire et de Bretagne. Nous avons plus de mal avec les Parisiens, qui n'ont pas l'habitude de venir chez nous."
"On a de la demande des gens, parce que skier, la glisse, c'est un plaisir irremplaçable et qu'on ne trouve pas ailleurs. Donc je pense que de ce point de vue là, il y aura toujours l'envie de venir au ski."
Etes-vous inquiet pour les années à venir avec le réchauffement climatique ?
"On n'a pas le droit d'être inquiet. Si nous, on l'est, il vaut mieux plier boutique. Au démarrage de la saison, on n'est toujours un peu stressé, on se pose des questions, mais ça fait 35 ans que je suis là, et 35 ans que c'est le cas. Avec notre grosse capacité de mettre de la neige de culture, le stress baisse. Il y aura du changement climatique oui, il n'y aura plus un mètre d'un coup qui va tomber en décembre, on va prendre des petites couches de temps en temps, des périodes de froid et ce sera à nous d'être réactif tant au niveau de la production de neige que du damage. On a de la demande des gens, parce que skier, la glisse, c'est un plaisir irremplaçable et qu'on ne trouve pas ailleurs. Donc je pense que de ce point de vue là, il y aura toujours l'envie de venir au ski."
"On essaye de diminuer les marges. Mais avec le budget électrique qui a explosé, l'essence pour les dameuses..."
Et côté budget pour les familles ?
"C'est vrai qu'il y a dix ans, un amoureux de ski pratiquait sans doute dix fois dans l'année. Aujourd'hui, c'est moins, les budgets explosent, le transport, le pouvoir d'achat... De notre côté, les forfaits augmentent également. Pourtant, on essaye de diminuer les marges. Mais avec le budget électrique qui a explosé, l'essence pour les dameuses... On veut penser à notre public, mais en plus des frais, nous avons aussi des investissements à réaliser, qui sont obligatoires. Donc on joue sur un fil, en essayant d'afficher les bons tarifs".