"1.99, c'est beaucoup trop cher", se désole une des automobilistes à la station du Puy-en-Velay. Un constat plutôt partagé par les autres clients qui ne comprennent pas vraiment cette mesure. La mesure est censée limiter les frais en vue de l'inflation, mais qui n'est pas assez pour la plupart d'entre eux.
Ce jeudi 23 février, à la pompe, le SP95 95 est affiché à 1.849 €. Quant au gazole, il est à 1.779 €. Alors, pour l'instant, la mesure ne changerait pas grand-chose. Mais certains automobilistes restent sur leur faim.
“Tout ça ressemble à du foutage de gueule. Ils se moquent du monde"
Claude, motard régulier, n'est pas convaincu par cette ristourne. Au contraire, pour lui, c'est une grande mascarade. Entre les mesures sur le prix de l'essence et les boucliers énergétiques mis en place, il a du mal à croire qu'il fait des économies quand il voit le prix du baril baisser mais ceux de la pompe augmenter : "On nous fait croire qu'on nous fait des cadeaux, on est en train de bien nous faire saigner, et nous, on les applaudit".
Un sentiment partagé par Marjorie, habitante du Puy, qui a déjà du mal à finir le mois avec le prix actuel de l'essence. "Nous, on ne roule pas, on ne peut pas !". Pour cette mère de famille, faire le plein n'est plus possible. "On met notre paye dans du gazole, on ne s'en sort plus", nous confie-t-elle.
Avec encore un gout amer pour certains...
20.5 milliards de dollars
Pour rappel, Total avait déclaré avoir réalisé un bénéfice de 20,5 milliards de dollars en 2022, le plus haut jamais réalisé depuis l'histoire du CAC40.
Un bénéfice record qui avait fait beaucoup parler en octobre dernier.
Stéphane, qui fait son plein exclusivement chez Total au Puy dû à son travail, est perplexe quant à cette annonce : "Un bon geste, je ne sais pas, on va dire que c'est un geste, c'est déjà ça". Car quand il repense au profit généré par Total qui avait fait débat il y a quelques mois, il l'a encore un peu en travers :
"Il faudrait peut-être arrêter de faire du profit sur notre dos et nous faire des remises sans vraiment en être".
D'autres auraient préféré autre chose...
Claude, lui, est passé à l'éthanol et en est bien content quand il voit l'évolution des prix des carburants depuis deux ans. Mais pour ses vacances en camping-car, ça devient plus problématique : " Un camping-car qui consomme 10-11 litres au 100, c'est douloureux !". Ce retraité regrette l'ancienne remise à la pompe de l'automne dernier, "avec les réductions de 20 ou 30 centimes, là, on voyait la différence".
Même constat à la pompe d'à côté. "C'est déjà pas mal, car l'année dernière, on était à 2 € passés, mais si ça pouvait retomber à 1.50 € comme il y a 2 ans, ce serait quand même mieux", plaisante Marianne, ambulancière au Puy. Le plein, elle le fait trois fois par semaine "là où elle peut" en essayant de le prendre "là où c'est le moins cher" mais constate que cela devient de plus en plus compliqué de trouver moins cher.
Du côté du gérant de la station TotalEnergies du Puy-en-Velay, des inquiétudes...
Pour Farid Gonzalvez, gérant de la station du Puy, "c'est une mauvaise idée". Il nous confie sa peur que l'afflux en masse recommence comme il y a quelques mois. "Si les grandes surfaces ne suivent pas, ça va recommencer, et on va se retrouver vidé en une journée". À ses yeux, il y aura très peu de personnes contentées par la mesure. Avec un afflux en masse vers les stations TotalEnergies dès que le prix sera supérieur à 2 euros, les cuves vont être vidées en une journée. "Les gens ont tendance à paniquer et à surconsommer par rapport à leurs besoins".
" C'est vraiment une mauvaise idée".
Des pénuries avaient engendré des grosses fermetures en octobre et novembre dernier. "On ouvrait une journée pour 5 jours fermés !". Conséquences : des employés qui devaient rester chez eux. De plus, des clients pas contents, "Les gens pensent que Total fait un effet d'annonce et qu'on fait de la pub. Du coup, on est critiqué et les gens viennent se plaindre et c'est légitime".
Une décision qui a été influencée par Emmanuel Macron qui réclamait "un geste" de TotalEnergies. "Macron leur a mis le couteau sous la gorge". Une mesure qui risque de couter cher au géant pétrolier. « Plus de 600 millions d'euros si elle avait été appliquée en 2022. », avait annoncé hier Patrick Pouyanné, le PDG de TotalÉnergies. Hors, l'an dernier, seul 6 semaines ont fait l'objet d'un prix du gazole supérieur à 2€/litre en 2022.