En 1980, le grand barrage de béton est debout et prêt à retenir les 190 millions de m³ attendus. « La fermeture des vannes est actée cette même année, raconte dans un article précédent Michel Assenat, un enfant du pays et opposant au barrage dans les années 1970/80. Deux ans plus tard, aidé par deux années très pluvieuses, le lac est plein ». En 1983, les vannes sont de nouveau ouvertes pour perfuser celle que l’on nomme encore la dernière rivière sauvage d’Europe, l’Allier.
40 ans plus tard, L’Établissement Public Loire (EPL), propriétaire et gestionnaire des deux ouvrages structurants de Naussac en Lozère et Villerest dans la Loire, partage un communiqué de presse le 10 février 2023. Celui-ci est à destination des randonneurs, des touristes, des pêcheurs et des détenteurs de structures utilisant le lac de Naussac. « En 2022, la sécheresse a conduit à l’utilisation d’une grande partie de l’eau qui était stockée dans la retenue de Naussac, dont la cote est descendue à des niveaux bas, inférieurs à ceux observés ces dernières années », est-il indiqué en introduction.
Pour suivre en direct le taux de remplissage des barrages, c'est sur ce LIEN.
Pour abreuver les villes traversées et refroidir les centrales nucléaires
L’utilisation que l’EPL mentionne fait référence au soutien d’étiage de l’Allier, en proie comme tous les cours d’eau à la sécheresse. « L’eau de Naussac suit l’Allier pour rejoindre la confluence avec le fleuve de la Loire à hauteur de Nevers, explique Benoît Rossignol, Directeur Ressource en Eau de l’Établissement Public de la Loire. Au passage, il traverse de nombreuses communes à l’instar de Vieille-Brioude, Vic-le Comte ou encore Clermont-Ferrand. Ces dernières se servent de cette eau pour leur propre eau potable. Il y a aussi pléthore d’usages agricoles et industriels et également des enjeux environnementaux pour la faune et la flore ».
Il ajoute aussi : « L’eau de Naussac s’accouple avec celle du barrage de Villerest qui alimente la Loire au départ de Roanne. Ensemble, après un périple de 6 jours pour l’eau de Naussac et 4 pour celle de Villerest, elles vont rejoindre la centrale nucléaire de Belleville dans le Cher. Et cette eau est essentielle pour son fonctionnement ».
« Interdiction de toute présence humaine dans l’emprise du plan d’eau »
« Depuis le début du mois d’octobre, ces niveaux très bas imposent une mesure d’interdiction d’accès à la retenue, afin d’assurer la sécurité des personnes », poursuit l’EPL dans son communiqué.
Pour préciser ensuite : « Le règlement particulier pour l’exercice de la navigation sur la retenue de Naussac prévoit en effet l’interdiction de toute présence humaine dans l’emprise du plan d’eau lorsque la cote de la retenue est inférieure à 930 m NGF (mesure utilisée pour toutes les altitudes en France qui se réfère au niveau de la mer, Ndlr) ».
« Il manque 8 millions de m³ d’eau pour atteindre la cote 930 m, soit environ un mois d’apport en année normale. Mais les prévisions météorologiques des prochains jours n’annoncent pas de précipitations. La durée de cette interdiction est indéfinie ». L’Établissement Public Loire
« La retenue du Mas d’Armand n’est pas concernée. »
L’Établissement Public Loire explique que, malgré l’ouverture de la pêche effective depuis le 11 février en Lozère, elle se doit d’insister sur l’ampleur et la fermeté de cette interdiction sur le lac de Naussac. « Des panneaux ont été mis en place sur la périphérie de la retenue et dans les zones d’accès les plus fréquentées. L’interdiction de présence porte sur l’ensemble de l’emprise du plan d’eau de Naussac ».
Petite consolation soulignée par l’EPL : « La retenue du Mas d’Armand n’est pas concernée et les chemins de randonnée autour de la retenue demeurent accessibles ».