Les jeunes en situation de handicap représentent un public encore plus fragile que la moyenne des ados. Certains n’ont pas toujours conscience des limites de leur corps et peuvent avoir des difficultés avec la notion de consentement, le respect des différences et le vivre ensemble dans la mixité.
Fabienne, enseignante spécialisée dans l’établissement, explique : "Avec mes collègues, nous avons travaillé dans différents établissements spécialisés et avons toujours constaté que notre public partageait les mêmes difficultés que tous les ados des collèges et lycées. Nous avons cependant été confrontés à des situations qui nous ont amenés à comprendre la particularité de ce public."
Elle précise en ce sens : "S’ils sont sur beaucoup d’aspects identiques aux jeunes de leur âge, certaines difficultés sont plus prégnantes chez eux. Les stéréotypes de genre sont plus fréquents, leurs relations amoureuses sont souvent moins sereines et plus complexes. Ils nous paraissent moins armés pour affirmer leurs envies de manière claire, ils ne trouvent pas les mots, manquent d’assurance et se trouvent parfois confrontés à des situations qui ne les satisfont pas pleinement".
"En clair, ils ne savent pas dire non. La question du consentement se pose donc clairement." Fabienne, enseignante à l'IME des Cevennes
Un précieux partenariat avec le CIDFF
L’enseignante poursuit : "Forts de ce constat, nous avons cherché des partenaires susceptibles de les aider à réfléchir à leur posture. Ainsi, nous travaillons depuis plusieurs années en partenariat avec le Centre d’Information des Droits des Femmes et des Familles (CIDFF)"
Elle continue en citant des exemples d'applications concrètes : "À l’occasion d’ateliers menés en classe, en co-intervention avec un professionnel du CIDFF, nous avons travaillé sur les thèmes du harcèlement, du consentement, du vivre ensemble, des stéréotypes de genre…Nous avons mis en place des jeux de rôles, des mises en situation dans lesquelles les jeunes ont été confrontés à toutes les problématiques qu’ils pouvaient rencontrer dans leur vie amoureuse."
"Ce genre de séances, par le dialogue et le questionnement qu’elles suscitaient au sein du groupe d’élèves, ont permis à chacun, fille ou garçon, d’interroger leurs pratiques et leurs limites et finalement d’évoluer plus harmonieusement." Fabienne
Les élèves en pleine réflexion sur le thème du consentement et les limites à respecter.
Photo par IME Cevennes
"Nous avons réalisé des silhouettes de femmes porteuses de messages"
Ce type de travail a permis aux enseignants de mettre en lumière le travail de leurs élèves par le biais de différents projets fédérateurs et inclusifs. D’après Christophe, enseignant spécialisé de l’IME : "Ce n’est pas la première fois que nous nous associons aux manifestations organisées par le CIDFF à l’occasion des journées internationales de lutte contre les violences faites aux femmes".
Avant d'ajouter : "Ces projets permettent de travailler en amont dans nos classes de nombreuses compétences scolaires et professionnelles. Une année, nous avons réalisé des silhouettes de femmes porteuses de messages dénonçant les différents types de violences dont elles sont victimes".
"Une autre année, nous avons écrit des slogans sur le sol, dans tout l’IME, afin d’interpeller tout le monde et de susciter le dialogue". Christophe, enseignant à l'IME
"Le sexisme se paye l’affiche"
Christophe décrit plus précisément la démarche effectuée avec les élèves : "Le support change tous les ans mais le thème reste le même. Cette année, un jeu concours intitulé "Le sexisme se paye l’affiche" nous a été proposé. On a choisi de faire appel à l’IA pour le graphisme parce qu’en parallèle nous menions avec nos élèves une réflexion sur les possibilités et les dangers que représente ce nouvel outil"
En ce sens, Christophe indique : "Ça nous a permis de familiariser nos élèves avec certains néologismes qui sont de plus en plus employés dans les médias comme masculinisme, féminisme…" Et selon lui, le danger qui se cache derrière les comportements dits « masculinistes » a bien été appréhendé.
"À l’issu d’une discussion riche et variée, nous avons choisi de faire figurer le slogan « masculiniste hors-piste » sur notre affiche. L’illustration de ce genre de comportement par un homme préhistorique a fait l’unanimité, l’IA a fait le reste". Christophe
"On est content aussi d’avoir gagné parce que notre travail a été récompensé et reconnu par des adultes"
Fiers, les élèves ont été les lauréats dans leur catégorie et l'affiche a été brandie par de nombreuses mains durant la manifestation. Samuel, l'un des élèves participants, s'exprime en ces mots : "C’est important de faire ce travail parce qu’on apprend comment gérer les relations amoureuses, qui sont pas toujours de tout repos. On est content aussi d’avoir gagné parce que notre travail a été récompensé et reconnu par des adultes".
Avant de conclure ainsi : "Grâce au prix qu’on a gagné, on va pouvoir avoir de nouvelles interventions du CIDFF et le travail pourra continuer avec des plus jeunes".
Samuel dévoile l'affiche récipiendaire du prix "Le sexisme se paye l'affiche"
Photo par IME Cevennes