Une ruine, des rêves et 20 mois de travaux
Avec Anne-Gaëlle, son épouse, ils quittent la région lyonnaise pour se rapprocher de la campagne et poser leurs valises à Mailhat. Quand ils découvrent cette vieille bâtisse en ruine, quelque chose les attire. "Il y avait de la terre au sol, un mur au milieu, tout était à refaire", se souvient Christophe. Pendant 20 mois, ils s'attellent à un chantier colossal : tout reconstruire, du sol au plafond.
Et pourtant, dans cette poussière de chantier, un signe les encourage : en donnant son premier coup de pioche, Christophe tombe sur une ancienne poterie auvergnate, une buire – un récipient traditionnel pour l’huile ou le vinaigre. Un "bon présage" ? En tout cas Anne-Gaëlle y voit une inspiration pour ses propres créations.
La buire découverte (à droite) a conduit Gaëlle à tenter une réplique (à gauche)
Un couple, deux passions artisanales
Anne-Gaëlle, ancienne infirmière, s’est elle aussi reconvertie avec passion dans un métier d’art. Elle travaille la terre, façonne ses poteries à la main, joue avec les couleurs, les textures et les émaux. Elle explore aujourd’hui le ré-émaillage, mêlant tradition et expérimentation. Son atelier, pour l’instant à l’extérieur, sera bientôt installé à l’étage de leur maison boutique.
"Au Moyen Âge, les rémouleurs traversaient les villages avec leur charrette et leur meule à eau. Ils ne gagnaient rien... et c’est toujours un peu le cas",
Le remoulage, métier rare, compterait moins de 300 artisans encore en activité. Un savoir-faire ancien, peu lucratif, mais profondément humain. "Au Moyen Âge, les rémouleurs traversaient les villages avec leur charrette et leur meule à eau. Ils ne gagnaient rien... et c’est toujours un peu le cas", sourit Christophe. Lui qui avait un bon salaire dans le tourisme commercial s’est retrouvé en chômage partiel pendant le Covid. À la reprise, tout avait changé. Clients, management, ambiance... Il a alors ressenti le besoin de retrouver du sens dans son quotidien.
Une boutique de village pas comme les autres
À Mailhat, il n’y a pas de commerce. Pourtant, les visiteurs ne manquent pas : entre les randonneurs, les curieux, ou ceux venus admirer l’église du village, il y a de la vie qui passe. Alors Christophe a imaginé une organisation simple : le matin, il part en prospection chez les professionnels, et l’après-midi, il ouvre sa boutique au public. Et propose même des produits locaux tels que miel, tisane, bijoux...
Le jour de l’inauguration, une pluie battante s’invite à la fête. Pire encore : la brocante prévue dans le village est annulée. Et pourtant, le moral reste au beau fixe. Christophe et Anne-Gaëlle gardent le sourire. Après tout, leur projet, ils l’ont pensé avec le cœur, ils l’ont bâti de leurs mains. Et maintenant, ils sont enfin prêts à le faire vivre. Avec des projets encore plein la tête : aménagement pour les personnes à mobilité réduite, création d'un tiers-lieu... Les idées ne manquent pas et le talent non plus pour ces deux passionnés.
"Tout le monde a dans ses tiroirs des couteux qui ne servent plus. Je veux leur redonner vie."
Coiffeurs, toiletteurs, cuisiniers, ils ont compris les avantages de faire appel aux services de Christophe pour aiguiser différents ciseaux et autres lames. Pour le grand public, il faut compter environ cinq euros pour un couteau. Un choix que revendique le rémouleur. "Tout le monde a dans ses tiroirs des couteux qui ne servent plus. Je veux leur redonner vie."
La partie atelier de Christophe est visible depuis la boutique
Souffle d’artisanat, envie d’authenticité, quête de sens : à Mailhat, ce couple a recréé plus qu’un lieu de travail. Ils ont façonné un petit monde à leur image, chaleureux et engagé, où les savoir-faire anciens reprennent doucement racine.
La boutique "L'âme de Mailhat" est située 3 rue de Varennes à Mailhat. Elle est ouverte du mardi au samedi de 14h à 19h.