À 27 ans, Romain, originaire du Puy-en-Velay, a choisi d’agir à sa manière en aidant des malades grâce à ses dons de sang, de plasma et de moelle osseuse. Il se réjouit de pouvoir contribuer à la guérison, voire à la survie, d’autres personnes. Il partage avec nous son expérience, racontant les étapes qui l’ont conduit à devenir donneur de moelle osseuse, un geste de don de soi qui représente pour le receveur un véritable cadeau de vie.
Une tradition familiale du soin et de la solidarité
Chez Romain, le don et le soin, c'est une histoire de famille. Fils de soignants, son père a également été membre de la DOT (Direction de l’organisation des transfusions) ; il a grandi dans un univers qui mesure l'importance du don. « Je donnais régulièrement mon sang à Chambéry, j’habitais à 200 mètres du lieu de collecte », confie-t-il. Il donne aussi ses plaquettes, une autre forme de soutien pour les patients en attente de traitements lourds.
Il y a trois ans, il s'inscrit sur le registre des donneurs de moelle osseuse. « C’est juste une prise de sang pour l’inscription, ensuite, on est enregistré dans la base de données. »
Pourquoi faire un don de moelle osseuse ?
Chaque année, des milliers de personnes atteintes de maladies graves du sang, comme des leucémies, ont besoin d’une greffe de moelle osseuse. Pourtant, les chances de compatibilité sont extrêmement faibles : une sur un million. D’où l’importance d’être nombreux à s’inscrire. Aujourd’hui, environ 80 % des dons de cellules souches hématopoïétiques plus communément appelés "dons de moelle osseuse" sont faits par cytaphérèse, c’est-à-dire à partir du sang périphérique et ne nécessite pas de chirurgie. Dans d’autres cas, le prélèvement se fait par ponction, pratique moins utilisée.
Une correspondance précieuse
En novembre dernier, Romain présente une forte compatibilité avec une patiente belge atteinte d’un cancer qui suit une chimiothérapie. Après deux tests confirmant la correspondance élevée, il est donc retenu comme donneur.« J’ai eu un rendez-vous très complet avec un médecin en hématologie, qui m’a tout expliqué et a répondu à mes questions. »
« J’ai fait des injections deux fois par jour pendant cinq jours pour stimuler ma moelle. »
Le timing doit être parfait : une fois le prélèvement effectué, le transfert doit se faire dans les 24 heures. Après avoir déterminé les disponibilités de chacun, notamment celles de Romain encore en formation BPJEPS activités de la forme et celles de la patiente.
Le protocole peut alors démarrer. « J’ai fait des injections deux fois par jour pendant cinq jours pour stimuler ma moelle. » Les injections sont des facteurs de croissance qui permettent de mobiliser les cellules souches. « C'est un peu le côté douloureux du don, parce que ça fait un peu comme un état grippal, on est un peu courbaturé, on a mal à la tête, aux doigts. C'est désagréable jusqu'au matin du don, mais c'est supportable », selon Romain, plus préoccupé par le succès de la greffe.
« J’étais fatigué, mais fier, on récupère rapidement »
C'est à l’hôpital de Saint-Étienne qu'il suivra la procédure de cytaphérèse, semblable à celle du don du sang, mais avec une particularité. Durant quatre heures, le sang de Romain est filtré et on extrait les cellules souches pour, ensuite, lui réinjecter son sang. « J’étais fatigué, mais fier, on récupère rapidement », confie-t-il.
Myriam, la maman de Romain, présente à ses côtés pour le soutenir lors de sa cytaphérèse
Photo par Romain Arnaud
« Respire, vie, triomphe »
La greffe a été réalisée dans les 24 heures, en Belgique, après une étape d’analyse à Clermont-Ferrand. La receveuse, une femme sous chimiothérapie, a reçu ce don comme une chance inespérée dont le résultat reste, malgré tout, incertain.
Romain a eu la possibilité d’écrire une lettre à la receveuse : « Je lui souhaitais de s’en sortir, et que si un jour, elle doute, elle se rappelle qu’elle s’était battue, qu’elle avait reçu ce don, et que c’était déjà énorme. »
Il conclut sa lettre avec les mots « Respire, vie, triomphe. » Des mots forts, pleins de sens, surtout quand la vie nous met à l’épreuve. L’identité du receveur reste confidentielle et Romain ne saura jamais si la greffe a réussi.
Une seule fois dans sa vie
Un don de moelle osseuse ne peut se faire qu'une et unique fois dans sa vie, mais qui peut faire toute la différence. Pour s’inscrire en tant que donneur, il faut avoir entre 18 et 35 ans, être en bonne santé et être prêt à s’engager de manière durable, car l’appel au don peut survenir des mois ou même des années après l’inscription.
L’inscription se fait suite à une prise de sang et un questionnaire médical. Ce prélèvement permet d’analyser les caractéristiques génétiques nécessaires pour vérifier la compatibilité avec un patient.
Parce que la compatibilité est extrêmement rare, il est essentiel que de nombreux volontaires, jeunes et issus de tous horizons, s’inscrivent pour donner un maximum de chances aux patients en attente.
"À travers son témoignage, Romain rappelle que chacun peut, à son échelle, contribuer à sauver des vies. Donner sa moelle osseuse, c’est offrir une chance à quelqu’un de guérir ou de sauver une vie. Derrière chaque don, ce sont deux vies bouleversées et liées à jamais". La rédaction de Zoomdici