Sur la vitrine, Alliance Vita, ça donne ça : « Elle se préoccupe de la protection des plus vulnérables : personnes âgées, personnes isolées, dépendantes, malades, handicapées, bien souvent délaissées dans notre société. Elle reconnaît la pleine humanité de l’embryon et du foetus. Notre association est aussi mobilisée pour soutenir les personnes qui traversent des situations difficiles : grossesses imprévues, annonce d’un handicap, infertilité, deuils ».
Mais dans l’arrière boutique et différentes sources, ça semble aussi ça : Alliance Vita milite contre l’avortement, contre le mariage pour tous, contre l’euthanasie, contre toute union juridique du même sexe et contre l’adoption d’enfants par les couples homosexuels. Pour la contraception ? « On est en France depuis longtemps sur une forme d’illusion quant à la prévention de l’avortement par la contraception, s’exprime Caroline Roux, Secrétaire d’Alliance Vita en 2012. (…) La contraception n’est pas une assurance tout risque. Et il faut rappeler qu’être enceinte n’est pas une maladie ».
L’association qui est née en 2013 a organisé une tournée nationale d’information intitulée « Université de la vie 2023, Vivre en réalité ». En Haute-Loire, c’est à Brives-Charensac qu’elle a posé ses idées les lundis 9, 16, 23 et 30 janvier, entre les murs de l’établissement scolaire privé La Chartreuse.
Présent à la dernière conférence, un comité d'accueil pacifiste composé d'une trentaine d'électrons libres ou militants à différents collectifs de Haute-Loire est là. « Nous ne voulons pas laisser sous silence les positions d'Alliance Vita qui sont contre le choix de disposer librement de son propre corps, partage Marine, l'une des opposantes. D'autre part, Alliance Vita est très politisée. Elle n'a rien à faire dans un établissement scolaire même privé ».
« Nous n'avons rien à voir à l'extrême droite. Et nous n'appartenons à aucune obédience religieuse »
Certains membres d'Alliance Vita 43 sont venus à la rencontre des opposants. « Ces gens réduisent nos actions et nos idées à des clichés et des raccourcis !, déplore la responsable d'équipe d'Alliance Vita du Puy-en-Velay. Contrairement à ce qu'affirment nos détracteurs, nous sommes affilés à aucun parti politique. Encore une fois, nous n'avons rien à voir à l'extrême droite. Et nous n'appartenons à aucune obédience religieuse quelle qu'elle soit ! »
À noter que les opposants n'empêchent pas la tenue de la conférence. S'ils brandissent quelques panneaux devant les voitures qui stationnent à l'intérieur du Pôle La Chartreuse, ils laissent passer les participants sans violence aucune. Un mince dispositif policier est également sur les lieux.
« Priver l'enfant d'un père ou d'une mère n'est pas souhaitable pour lui »
D'après la responsable d'Alliance Vita, l'antenne ponote est composée de neuf membres actifs et de 300 sympathisants dans le département. « Oui, nous pensons qu'une réflexion poussée doit se faire avant la décision d'un Interruption Volontaire de Grossesse. Et nous sommes justement là pour écouter les femmes qui seraient en recherche de réponses ».
Pour le mariage homosexuel ? « Nous sommes très sensibles aux questions de filiation, souligne-t-elle. Priver l'enfant d'un père ou d'une mère n'est pas souhaitable pour lui ».
« Les opposants à nos idées ne retiendront que le fait que nous sommes contre la GPA »
À la question de savoir s'il vaut mieux un enfant heureux au sein d'un couple du même sexe qu'un enfant malheureux dans une famille dite classique, la responsable répond : « Deux hommes qui ont un enfant signifie qu'ils l'ont eu par le biais d'une GPA (Gestion Pour Autrui, Ndlr). Cela veut dire dons d'ovocytes dont certains finiront congelés. Cela veut dire payer une femme pour porter cet enfant. Cela veut dire exploitation de cette femme là. Au-delà de la simple image familiale, la création de cet enfant et toutes les interrogations éthiques qui y sont liées sont très peu mises en lumière ».
Elle assène : « Les opposants à nos idées ne retiendront que le fait que nous sommes contre la GPA. Pourtant, vous voyez bien que le problème est autrement plus dense que les simples étiquettes qu'ils colportent sans réflexion ».
« Anti-IVG, moralistes, cathos intégristes de tous poils, notre corps nous appartient ! Toutes unies contre les idées cathos réactionnaires, l’homophobie et la transphobie. Pour le droit fondamental à disposer de notre corps ! » Les opposants à la présence d’Alliance Vita
« Aucune information n’a été transmise aux élèves et aux familles pour promouvoir ces conférences »
La rédaction de Zoomdici a appelé la direction de l’école pour savoir si les élèves se devaient de participer aux conférences. « Absolument pas !, partage Sandra Mathiaud, chargée de communication au Pôle La Chartreuse. L’association Alliance Vita organise son cycle de réunion en soirée au sein de notre amphithéâtre en dehors de toutes heures de cours. Ces conférences privées s’adressent à un public extérieur à l’établissement. Aucune information n’a été transmise aux élèves et aux familles pour promouvoir ces conférences ».
« Environ 70 personnes se sont inscrites pour participer aux conférences "Université de la Vie, Vivre en réalité" données par Alliance Vita au Pôle La Chartreuse. En France, ce sont 8 000 personnes au total ». Alliance Vita 43
« Le Diocèse n'est en aucun cas à l'initiative de l'organisation des conférences d'Alliance Vita »
Egalement interrogé, le Diocèse du Puy-en-Velay a démenti les propos qui circulent sur les réseaux sociaux. « Le Diocèse n'est en aucun cas à l'initiative de l'organisation des conférences d'Alliance Vita au Pôle La Chartreuse. Alliance Vita est une association. C'est elle-même qui a sollicité le lycée pour établir son Université de la vie ».
Sur le sujet, le Diocèse se demande tout de même « pourquoi des opposants se dressent maintenant alors qu'Alliance Vita organise chaque année des conférences sur des thèmes divers et variés ».
« Quand on gratte un peu, il est vrai que leurs idées peuvent poser question »
Le Pôle La Chartreuse, à l’instar d’autres établissements scolaires sur le bassin ponot, loue ses locaux pour tout type d’associations ou collectifs. En exemple, les Journées Défense et Citoyenneté qui ont lieu les mercredis depuis de nombreuses années maintenant. « Pour le cas d’Alliance Vita, c’est également un contrat commercial et pas du tout un contrat d’association pour diffuser des informations aux étudiants », souligne encore Sandra Mathiaud.
Néanmoins, la direction admet à demi-mot s’être fait biaiser par la devanture numérique d’Alliance Vita. « Clairement, on ne connaissait pas cette association. Leur site présentait un beau et inoffensif visage. Mais quand on gratte un peu, il est vrai que leurs idées peuvent poser question. En ce sens, nous comprenons la colère ressentie par certaines personnes devant la présence de cette association ».
La direction du Pôle La Chartreuse tient à souligner la mise en place d’actions au sein de l’établissement pour informer les lycéens sur l’égalité femme/hommes, le consentement, la lutte contre l’homophobie ou encore le harcèlement scolaire « Nous avons à cœur de former nos élèves à devenir des citoyens responsables et éclairés », insiste-t-elle.